19 juillet 2011

Petit matin calme...

2444 - "Tu... vas me punir ?"

Elle a dit ça d'une toute petite voix quasi-inaudible. Debout face à lui, la jeune femme sautille d'un pied sur l'autre en se mordant les lèvres sans regarder l'homme torse nu et en pantalon qui la fixe, assis sur le lit défait. Au réveil, elle a enfilé sa chemise à lui, trop grande pour elle, et en dix minutes à peine, a renversé du café dessus, tâché de beurre le col et ajouté du jus d'orange et du thé sur les manches en pouffant nerveusement de ses maladresses, montrant au fond davantage de trouble qu'autre chose...

Sauf que lui, ça ne l'a pas trop fait rire de la voir aussi maladroite en prenant le petit déjeuner au lit, assise en tailleur. Du coup, depuis trente secondes, elle se fait gronder comme une gamine.

En l'écoutant la menacer avec la douceur de Sami Frey, mais une certaine dureté dans le phrasé, bien qu'à aucun moment il n'élève la voix, elle s'étonne toujours d'autant aimer ça.

Avec lui.

Les instants qui précèdent, les moments où la tension monte jusqu'à l"inéluctable moment où elle s'incline en travers de ses cuisses, fesses à l'air, pour se faire corriger comme une pisseuse...

Elle ne lui a pas dit, mais elle a bien tenté quelques jeux avec un autre, pendant leurs longs mois sans nouvelles. Sauf qu'au fond, c'est toujours son corps, ses mots, son odeur et son sourire carnassier et doux qu'elle tentait; inconsciemment ou pas - mais en tout cas sans succès - de retrouver...

Les baisers n’avaient pas le même goût, la fadeur l'emportait et il ne réagissait jamais comme elle aurait voulu. Les mots lui étaient étrangers, les failles et les moments de folie aussi. Difficile de créer chez l'autre ce qu'on attend, sans que ça ne vienne de lui. Alors, loin de ses errances et de ces troubles qu'on ne peut pas partager avec tout le monde, elle était restée dans le conventionnel qui marche, vivant une sexualité plaisante, agréable... Mais sans surprise. Et sans fessées.

Elle croyait d'ailleurs sincèrement avoir dépassé le truc, épuisé le fantasme. S'était même pendant des mois rassurée en pensant que puisqu'elle l'avait vécu déjà, ses démons étaient définitivement apaisés... Rassasiés.

Et puis en une fraction de seconde, au téléphone déjà, d'un coup tout était revenu.

- "Évidemment !"...

Il la regarde avec l'air mi-amusé, mi-fâché, mais comme elle le voit dans ses yeux, c'est plus la colère, même un brin surjouée qui l'emporte. Elle s'inquiète délicieusement. C'est sûr, elle va se prendre une bonne fessée...

- "Tu te souviens des boules de neige ?" reprend-il quelques secondes plus tard, sans la laisser reprendre son souffle à l'évocation de la punition toute proche...

Elle relève la tête, cligne des yeux et le mate en coin...

- "Ben oui, mais c'était il y a trois ans, dis donc ! T'es gonflé !" lâche-t-elle surprise, presque un peu indignée du fallacieux prétexte qui se profile.


- "Et alors ? Je n'oublie rien !" dit-il, fronçant les sourcils en tentant de prendre l'air sévère de celui qui va sévir...

Mais c'est le sourire qui l'emporte.

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