05 avril 2006

Peu importe le flacon...

... Pourvu qu'on ait l'ivresse !

Je suis bien d'accord avec cet adage qui en plus m'arrange, personnellement...

Par opposition à Solano Lopez, si vous préférez des virilités moins triomphantes, plus conformes à la normale, outre le fait qu'ils vous feront rire, ces dessins de Reunier, datant des fameuses "années folles" me semblent plus proches de notre anatomie masculine.

Les artistes se prenant souvent pour modèle, pour le visage notamment mais aussi y compris dans des choses... un peu plus "intimes", gageons à bien observer les illustrations proposées ici que ce brave homme n'était peut-être pas forcément généreusement "doté par la nature", mais savait certainement s'amuser avec ce qu'il avait sur lui...

On pense avec orgueil (et inconscience) découvrir les choses de l'amour lorsqu'on ose des trucs nouveaux et audacieux, sans vraiment se rendre compte qu'on n'a rien inventé du tout et qu'en matière de fantasme TOUT a déjà été fait avant nous, depuis des siècles et des siècles concernant érotisme et pornographie... Et on ne fait au fond que (se) reproduire.

Ce Reunier, que l'on trouve parfois accolé au prénom d'Eugène, est selon d'autres sources un allemand du nom de Carl Breuer Courth...

Et en cliquant sur son nom dans un moteur de recherche, on retrouve souvent ce même dessin sur le net, indépendamment de ceux que je vous montre là...

Ces jolis dessins et fusains à la Daumier (sûrement une influence) sont aussi datés, et révélateurs sur l'époque: regardez les coiffures et l'anatomie de femmes, l'attitude des hommes. Bref, j'aime beaucoup le travail de cet illustrateur, graphiquement plutôt académique et doué en anatomie.

Un dessin avec une charmante demoiselle qui se marre d'avance, la coquine... Son homme dans le miroir la surprend dans une position équivoque, cravache "tendue" vers lui en signe d'invite...

Et ses petites bites volantes montrent qu'il ne se prenait guère au sérieux, ou plutôt qu'il mettait de la gaieté et de la dérision dans les choses du sexe...

Bon, néanmoins réservons les fous rires à l'avant et à l'après. Point trop n'en faut, si on doit rire nerveusement pendant, c'est quand même un peu délicat... Non ?

Je pense que vous serez d'accord: il y a un temps pour tout... Et soufflez dans le petit ballon, mademoiselle ! Que voilà une amusante méthode pour renforcer une virilité déficiente...

Là, c'est du sérieux... Voyez la concentration maximum, l'opposition des regards diamétralement opposés, l'homme efficace et pragmatique qui regarde ce qu'il fait avec application tandis que sa compagne, les yeux fermés, lève la tête vers le (septième) ciel...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Un érotisme qui ne se prend pas au sérieux, épanoui et enjoué, complice....ah ! ces ballons qui font ‘tuteur’, d’une drôlerie guillerette, ce Pierrot amoureux et empoigné par sa ‘belle endormie’....mais ce couple, le dernier, une esquisse ‘parfaite’; le regard 'vrai' de l'homme et le regard 'intérieur' de cette femme, ce mouvement de son bras, il me semble que moi aussi....enfin, je m’égare!!

Erik A. a dit…

Oui, cette illustraion est très parlante à mon sens de ce qui diférencie les nuances de l'amour physique entre hommes et femmes... Ici, l'homme se nourrit du mouvement des fesses de sa compagne qu'il regarde pour augmenter son excitation, tandis que la fille puise dans son imaginaire pour sublimer ce qu'elle ressent en fermant les yeux.

Au fond, c'est un dessin ébauché d'attitude qui me parle, de part la charge érotique qu'elle dégage et le plaisir à fleur de peau qu'on subodore...

Anonyme a dit…

Puiser dans son imaginaire, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi! Moi je dirais qu'elle est tout entière incarnée dans ses sensations, dans son propre plaisir, oublieuse du temps, du lieu, de l'Autre même. Pour moi c'est l'image du moment où plus rien n'existe que le plaisir, le corps qui se tend et se donne, ou l'on habite avec jubilation chaque parcelle de son corps.