Ce qui lui jouait parfois de sales tours.
Mais avec Lui, c'était désormais sans importance.
Elle était descendue du train avec sur les lèvres le petit sourire-rictus un peu mécanique, mélange d'anxiété et de joie, qu'Elle affichait à chaque fois durant les premières secondes de leurs retrouvailles.
Comme si c'était la première fois à nouveau et qu'il lui faille éternellement s'assurer que tout allait bien en le lisant dans son regard. Ce n'est qu'une fois rassurée de croiser ses yeux et de glisser dans ses bras que son sourire devenait éclatant et qu'Elle se détendait enfin, jusqu'au moment fatidique attendu, passage obligé inéluctable que de toute façon Elle appelait de ses vœux, tout en le redoutant.
Se retrouver sur ses genoux, sitôt la porte close.
Voilà qui lui faisait battre le cœur, tant Il ne prévenait pas, passant d'une conversation souriante à une soudaine montée en tension, d'un mot, d'un regard, d'une phrase dite d'un ton plus sec, comme s'Il la grondait.
Elle adorait le mot, en jubilait sans trop savoir pourquoi celui-ci et le verbe obéir tenaient à eux deux la tête du hit-parade de ses pulsions enfouies.
Pulsions que contrairement à Lui, Elle n'avait que très peu laissées entrevoir aux hommes rencontrés dans sa vie amoureuse.
S'étant même une fois trompée de casting avec un compagnon pourtant aimable mais qui n'était pas sur la même longueur d'onde si complexe du désir qu'Elle affectionnait… Lui ne s'était rendu compte de rien, plaquant sur Elle des envies qui n'étaient pas réciproques, tout en étant légitimes. Mais ailleurs, avec une autre…
Elle avait un temps essayé de jouer avec lui avant de se rendre compte qu'ils ne cherchaient pas tout à fait les mêmes choses et de se retirer du jeu en le laissant vaguement peiné. On se console vite, cependant. Et ils étaient de concert passés à autre chose sans regrets ni se revoir.
"Chaque pot a son couvercle !" claironnait Zezette épouse X. Faut juste avoir le bon.
Depuis, Elle avait trouvé ce qui lui convenait avec Lui et en femme indépendante tendait à s'y tenir, sans dévier. Il lui plaisait, la réciproque était évidente et leurs rencontres d'abord ludiques et dédiées à ces jeux de fessées "entre adultes consentants" s'étaient dès la seconde fois transformées en rendez-vous amoureux très intenses et charnels.
Ce qui n'empêchait pas le fait qu'Il la fesse de plus en plus fort, dans des instants où, sans jamais lui lâcher la main, il prenait sur Elle toute sa puissance de mâle. On a dit "discipline domestique" ?
Tandis qu'ils filent dans un taxi pour rejoindre le petit appartement londonien loué les quelques mois qu'Il passe en Angleterre pour son travail, ils se serrent l'un contre l'autre mais n'oublient pas de regarder le paysage.
Elle a traversé la France et passé sous la Manche en Eurostar et s'étonne pourtant encore d'être là, dans ce pays qui lui parle tant. Il s'en amuse, et sans crier gare, au détour d'une phrase touristique, termine ses dires par un petit couplet sur "les bienfaits de l'éducation anglaise"…
Elle rougit aussitôt, piquant un fard qui ne s'éteint pas lorsqu'ils pénètrent dans la petite résidence non loin de Buckingham Palace… Il veut lui laver les cheveux. Et ensuite...
"Welcome home, Darling…"
10 commentaires:
C'est inspirant Londres apparemment. Jolie histoire et l'illustration de départ est magnifique.
E. a dit : "On a dit "discipline domestique" ?"
Rose avait l'air d'en trouver des indices dans vos écrits. Vous niez, mais j'avoue que j'en devine quelques contours également, même érotisés à souhait... Les réponses viendront-elles d'Outre-Manche ?
lui brûler la peau
joli titre.
hum... je crois que j'imagine bien... troublant...
@ETQC: Ma foi, pour ça il faudrait que de "troubles rêvés" nous passions à "troubles vécus"... Pas gagné.
Va juste falloir traverser le Channel. Prévu pour 2009... J'y travaille.
@ Rose: le prochain titre, c'est "lui faire mordre l'oreiller !"...
En préparation.
@ Céline: J'ai choisi l'image en sachant exactement ce que je faisais. Je sais qu'Elle a parfois ce regard flou vaguement inquiet, même si Elle sait pertinemment que c'est moi.
@ Bébé: l'Angleterre est un pays qui m'inspire et pourtant le retour en France est à chaque fois une aventure nouvelle, que ce soit au sec ou sous la pluie...
S'il vous plaît, ne restez pas sous la pluie anglaise, Stan, revenez en France pour nous écrire encore vos contes de fesses...
L’avant dernière phrase est celle qui m’a le plus touchée.
Brûler, c’est ‘laver’ d’une certaine manière ; les cheveux, le corps et l’âme.
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