La femme au regard austère et dur que l'on découvre sur ce portrait de Cooper est Elizabeth Brownrigg, âgée de 47 ans au moment des faits...
Cette Anglaise a été condamnée à être pendue par le cou jusqu'à ce que mort s'ensuive pour le meurtre d'une jeune domestique de 14 ans, Mary Clifford, fouettée à mort...
La dame était habituée de la chose. Toutes les jeunes bonnes qu'elle emploie sont de pauvres filles issues d'orphelinats ou d'hôpitaux londoniens que ne désavoueraient pas Charles Dickens. Et qui se soucie du destin de ces gamines corvéables à merci ? Personne. Pas de famille ni de proches, les pauvres petites sont à la merci de leur patronne. Comme bien d'autres, ailleurs.
Ces jeunes filles - qui ont entre 13 et 15 ans - triment pourtant pour miss Brownrigg du matin au soir. Elles subissent en cas de "fautes" les colères, les terribles punitions et les mauvais traitements qu'elle leur inflige, à son bon gré.
Dénudées, fouettées, attachées, punies sans pouvoir se plaindre à qui que ce soit... Tout le monde le sait, mais c'est quasi un traitement normal pour l'époque. Dans les familles et les collèges, le fouet est la règle éducative qui prime. Alors franchement, en cette fin du XVIIIème siècle, nul ne s'inquiète du sort de petites apprenties indisciplinées que leur maîtresse a beau jeu de prétendre insupportables et ingrates. Les châtiment corporels sont donc monnaie courante, nul n'y trouve à redire.
Jusqu'à ce qu'un beau jour, la vieille acariâtre n'aille trop loin et tue dans une excès de colère la petite Mary, tellement fouettée que la pauvre gosse littéralement massacrée en meurt, à la suite de l'infection de ses plaies. Oui je sais, on est bien loin ici de la fessée pour jouer.
La tortionnaire fut arrêtée avec un procès qui eut quelque retentissement.
Elizabeth a été condamnée à mort, pendue en public un mois à peine après la disparition de la petite. Ce n'est pas un cas isolé, il y en a d'autres du même genre, toujours punis de la même manière, quand la justice en prend connaissance.
Encore faut-il que ça se sache.
Un bon article sur l'affaire ici, en anglais...
Gravure © R. Cooper
4 commentaires:
C'est génial de lire un tel article dès le matin !!
C'est un truc que j'ai jamais compris : comment la nature humaine peut-être aussi nulle et chercher à faire souffrir autant les autres, surtout quand il semble plus faible ? Ca me dégoûte...
Pourquoi montrer, dire ces choses là ? Puisque on ne peux rien faire, à part subir. Pour informer, se dire qu'on savait, qu'il ne faut pas que ça se reproduise...
Je ne vis pas dans le monde des bisounours (pas toujours) et des choses horribles, malheureusement j'en ai vécue aussi. Mais voir que d'autres souffrent encore plus que moi, n'apaise pas ma douleur. Ca l'amplifie...
Ca me rappelle le film dont tu avais parler, magdelelene sisters (je suis pas sûre du titre). Film super bien interprété mais juste horrible à regarder pour moi.
chère Céline, je comprends et ne cherche pas à heurter ta sensibilité ou celle de quiconque ici, passant lire ce blog.
Je ne me fais plus d'illusions puériles sur la nature de l'homme depuis des années. On vit dans un monde cruel. Ce qui ne m'empêche pas de vivre.
Mais ici il faut relativiser, c'est surtout à titre informatif que je raconte cette histoire qui - je te le rappelle - se passait il y a 250 ans dans un monde où les mœurs et la vie courante étaient bien différentes. Et il y a une morale, puisque cette femme a été exécutée pour ce meurtre.
Il n'empêche que ces choses-là arrivent encore, j'ai lu récemment comment de riches saoudiens avaient en gros tué de la même façon une petite bonne philippine, de ces pauvres filles qui fournissent le gros des esclaves modernes travaillant dans les pays du Golfe. Mais eux n'ont pas été pendus. Juste une admonestation. Il ne fait pas bon être philippin dans ces contrées...
Tout comme le film que tu évoques, ou encore les articles sur le fouet à Singapour, les excès des fessées sur les sites russes et autres avatars, je ne cautionne pas, je raconte.
Interpellé par ces gravures, je recherche et ce que je trouve m'intéresse. Je ne connaissais pas cette histoire-là, qui fait partie des faits divers britanniques et est assez connue là-bas comme d'autres affaires criminelles hexagonales le sont chez nous.
On va pas refaire le monde, mais au moins le décrypter et le comprendre. Avec la distance nécessaire.
Ça nous apprend beaucoup. Sur le travail des enfants et la justice de l'époque, le 18eme siècle entre autres.
On relativise et on apprend...
Ce fait m'a beaucoup attrité, Stan, mais tu as bien fait de faire connaitre cette nouvelle, car, meme si cela s'est passé il y a 250 ans, il est utile de le savoir.
Malheureusement, a notre époque, de telles choses se produisent encore, aussi horribles,sinon plus et cela sur des enfants.
La seule différence, maintenant on peut le dénoncer et faire punir ces meurtriers.
Tant mieux que ce monstre de l'époque, ai été à son tour puni, mais elle, elle le méritait.
Bisous a tout le monde,
Lilou
Ne perdons pas de vue que nous parlons d'une époque très lointaine, des moments où la médecine n'a pas fait lmes progrès actuels, des moments où l'esclavage est en plein essort et où on n'attachait pas la même importance à la vie... Il faut tenter de replacer les faits dans leur contexte historique, avant la Révolution Française.
Les exécutions étaient monnaie courante.
On ne peut pas juger les faits avec notre morale actuelle qui est très différente.
Mais il faut reconnaitre que même en cette époque (où une femme de 47 ans était une très vieille femme vue la mortalité et l'âge moyen des Anglais au 18e siècle) on n'a pas hésité à juger que c'était un crime.
Et la punir comme telle.
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