17 août 2009

Les écrits d'un érotomane distingué !

1157 - Qui connait encore Georges Grassal ?

De son nom complet Georges Joseph Grassal de Choffat, il utilisa plusieurs noms de plumes comme Jean de Villiot, Don Brennus Alera ou encore ce Hughes Rebell qui lui colle si bien à la peau...

Il fonda la revue Le Gai Sçavoir à la fin de ses études secondaires et y publia ses premiers vers. En 1887, il part vivre à Paris. Il a 20 ans.

Il publie son premier livre, Les Méprisants, sous le pseudonyme de Rebell - pour que nul ne puisse ignorer qu'il se disait royaliste et adversaire de la démocratie - et ensuite écrivit des poèmes, des romans et nouvelles dont "Les Nuits chaudes du Cap français" et "le fouet à Londres".

Il a vécu peu de temps, ce qui ne l'a pas empêché d'avoir une vie très remplie pour autant. L'écrivain nantais, grand admirateur de Nietzsche, Wagner ou encore Stendhal, a en effet parcouru l'Europe à la fin du XIXème siècle tout en menant une vie dissolue et provocatrice de libertin grâce à un héritage conséquent. Ce qui le brouilla, notamment, avec son milieu d'origine.

En gros, on peut décrire Rebell comme un épicurien raffiné qui en voulait toujours davantage et comme un homme dont l'érudition était grande, mais fort peu conventionnelle. D'ailleurs, c'est un peu réducteur, mais ses seuls centres d'intérêt seront à jamais la table, les livres... et les femmes.

Il est l'auteur de romans hautement libertins , sous couvert de "récits authentiques" ou "d'études de mœurs scientifiques sur la flagellation dans le Monde" où se lit, entre autres, sa relation difficile avec la gent féminine...

"Le colonel se tut, mais presque aussitôt et, au moment même où les causeries interrompues allaient renouer leur fil, il articula, les lèvres plissées dans un effort pour ne pas sourire:

- "Le fouet est aussi un remède...

Les jeunes filles souvent, les femmes quelquefois ont de ces rages nerveuses dont la méchanceté n'est pas toujours la cause, au contraire, mais bien la sagesse... forcée. Les médecins consultés écrivent force ordonnances. Ils préconisent des potions écœurantes, du bromure, des douches...

Croyez-moi, ce qui suffirait, ce seraient des douches sèches, une bonne fessée !"


Plusieurs personnes s'étaient levées. Lady Helling eut peur que la sortie singulière du colonel n'eût indisposé ses hôtes, mais beaucoup riaient et ce fut sans la moindre gêne que chacun prit congé. Au fier soldat dont tous les journaux de Londres célébraient les hauts faits, nul n'aurait osé reprocher sa liberté d'allures et son franc-parler…"

Dans le salon très mondain de Lady Helling, toute la gentry écoute le sulfureux colonel Boldman - celui que l'on nomme le Don Juan de la flagellation - exposer avec complaisance ses théories et pratiques quant à l'usage de la fessée et du fouet appliqué à l'éducation des jeunes filles.

À l'écart, l'hôtesse se prend à rêver de l'époque où celui qui fut le jeune et trop pauvre lieutenant Boldman ne pouvait prétendre l'épouser, elle, la richissime héritière des Robson.

Quelque temps plus tard, le bel officier révélera à la très vertu
euse Lady sa véritable nature...

En 1905, à la fin de sa vie, sous le pseudo de Jean de Villiot, Grassal donne donc ce "fouet à Londres" à l'éditeur Charles Carrington.

Sans conteste, le romancier écrivit ce livre, où l'hypocrisie, la perversité et les excès sont le lot de tous les personnages, dans la jubilation et avec une distance qui force le sourire.

Grassal
avait 37 ans lorsqu'il mourut en cette même année 1905...

"Le colonel l’écoutait, sans l’interrompre. Quand il eut terminé :

"Daniel, mon ami, vous n’avez pas su comprendre les femmes, voilà tout. Ce qu’elles veulent, c’est un amant qui les dompte, qui soit leur maître, et non pas un amant qui soit leur esclave et qui soupire à leurs pieds.


Tout cela ne vaut rien avec elles. Si vous perdez celle-là, descendez en vous-même et demandez-vous bien si vous n’en avez jamais encore perdu d’autres par les mêmes agissements.


Être aimé d’une femme, mon cher, c’est être redouté d’elle. Il faut, dès l’abord, la traiter en conséquence et, je le répète, la dompter.


Une femme est-elle sûre de votre unique amour, à quoi bon dès lors se mettre en frais pour vous, pour vous qui êtes son bien, sa propriété ? Elle se sait reine et maîtresse, plus de craintes, plus d’émotions, dès lors l’ennui.

Il faut, en amour, que l’un ou l’autre soit le maître, ce dernier rôle est fait pour vous..."


Puis, après quelques pas et un silence, il continua :
"Tenez, un bon conseil, mon cher ami. Surprenez Ethel par le changement de votre attitude, elle vous reviendra...

Prenez un stick, une cravache quelconque, entrez dans sa chambre et, sans crier gare, relevez les jupes de la belle et allez-y d’une fessée, d’une fessée sans pitié, sans trêve ni répit, d’une fessée exemplaire, jusqu’à ce que la chair soit zébrée de vos coups de cravache."


Le pasteur resta abasourdi devant une semblable révélation."

Et ça date de 1905...




Texte: "Le fouet à Londres" © Jean de Villiot - Viviane Hamy

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