30 janvier 2010

Miroir, joli miroir...

1460 - "Le miroir trouble". Que voilà un joli titre.

Le livre, paru en 2002 est de Jean-Claude Feraud. Le résumé:

"Sophie a 38 ans. Négligée par son mari, elle vit depuis dix ans au rythme des visites de contrôle que son fils Frédéric doit subir au service de pneumologie dans lequel travaille sa belle-sœur, Laurence.

Un jour, Laurence lui annonce qu’elle a rencontré leur ancien prof de terminale, Philippe de Saint-Amour.

Sophie est bouleversée par la nouvelle: adolescente, elle était tombé sous son charme et en avait fait le premier maître de ses rêveries érotiques…"


On peut en lire les premières pages ici...

Je vous en parle évidemment parce que le livre contient une scène de fessée. Très bien écrite, et même "décrite". Je connais une ou deux personnes qui pourraient presque avoir rédigé ce texte, subtil... Vous me direz si ça résonne un peu en vous, mesdames ?

"C'était un soir d'orage. J'avais travaillé assez tard à un devoir de philo. J'étais énervée. Une fois couchée, je fus longue à m'endormir, me tournant et retournant dans mon lit sans trouver de position satisfaisante. À la longue, la fatigue aidant, le sommeil m'emporta.

Je fus vite entraînée dans le tourbillon d'un songe insolite.

Pour je ne sais quelle raison, le professeur m'a convoquée. Je me retrouve seule face à lui, dans la salle de classe déserte. Il est assis sur une chaise en bois posée sur l'estrade et je me tiens debout devant lui, les yeux baissés, les mains croisées au niveau du ventre. Je porte une jupe plissée de lainage bleu marine, des petites socquettes blanches. Il me fait signe d'approcher. Je monte sur l'estrade et viens me placer tout près de lui.

- "Vous avez été insolente, Mademoiselle. Vous méritez d'être punie. Vous allez recevoir une fessée comme une gamine mal élevée..."

Je panique et tente un mouvement de recul. Mais il me tire fermement par la main et me couche en travers de ses genoux sans que j'esquisse un geste pour m'y opposer. Je sens qu'il relève négligemment le bas de ma jupe. La tête en bas, les mains agrippées aux barreaux de la chaise, je ferme les yeux un peu honteuse.

II peut voir ma culotte maintenant. Il achève de remonter l'étoffe bleue au-dessus de ma taille, découvrant entièrement mon derrière charnu enserré dans une sage culotte de coton blanc. De celles que ma mère m'oblige encore à porter, malgré mon âge et mon désir de plus en plus vif de pouvoir arborer des ces charmantes lingeries que certaines de mes camarades ne se gênent pas pour montrer, dans les vestiaires du gymnase ou de la piscine. Combien de fois ai-je rêvé de ces dentelles transparentes, de ces minuscules slips de nylon qui moulent les fesses, les dévoilent plus qu'ils ne les cachent, les colorant de douces teintes pastel.

Mais rien à faire. Ma mère en est encore aux modèles Petit-Bateau.

Maintenant il abaisse lentement la culotte sur mes cuisses, tirant maladroitement sur l'élastique pour lui faire franchir le renflement des hanches. Je l'aide, presque malgré moi, en me soulevant un peu, et en ondulant d'une façon que je ne sais pas être extrêmement lascive. Je crispe mes doigts autour des pieds de la chaise. Rien ne se passe. Que fait-il ? Cette attente devient angoissante.

- "Vous êtes une impertinente, une étourdie, une vilaine fille. Il n'y a que la fessée que vous compreniez. Je vais vous dresser, moi !"

Une petite claque sèche accompagne ces paroles. Surprise, étonnée par ce qui est plus une caresse qu'un châtiment, je supplie:

- "Pas trop fort, Monsieur, s'il vous plaît !"

- "Je frapperai aussi fort qu'il sera nécessaire, mademoiselle l'insolente !"

Les tapes tombent dru, maintenant. Il ne s'agit plus de caresses. Ce sont des coups secs, brûlants, qui enflamment mon derrière. Malgré moi je commence à me trémousser, à faire onduler ma croupe dans l'espoir de me soustraire aux claques. Mais il me tient très fermement de son bras puissant.

Je suis de plus en plus honteuse. J'ai conscience que mes mouvements désordonnés, mes vaines ruades, ont pour conséquence d'entrouvrir mes fesses, de les exposer quand je me soulève à demi. Il doit voir toute mon intimité à ces moments-là.

Mon sexe et même mon anus, honte suprême !

J'essaie de me contrôler. Mais le moyen de se contenir si la main se fait de plus en plus lourde et de plus en plus mordante sur les chairs déjà passablement échauffées. Je suis hors de moi, hagarde. Une angoisse atroce écrase ma poitrine, tandis que l'avalanche de claques continue à se déverser sur mon postérieur que j'imagine cramoisi. Le rêve tourne au cauchemar. Je halète. Mes muscles sont tétanisés. Je suffoque...

Et je me réveille en sursaut.

La tête lourde, les tempes dans un étau, j'ai dans la bouche un goût mauvais de bile et de relents acides. Mes yeux cherchent les repères familiers de ma chambre. Il me faut de longues minutes avant de me réapproprier mon environnement. Peu à peu le rythme désordonné de ma respiration redevient régulier, les battements de mon cœur s'apaisent, mes muscles se détendent.

Je suis toute étonnée de sentir mon sexe humide, embrasé de désir, comme lorsque je me caresse. Il me revient alors en mémoire un texte des "Confessions" de Rousseau, étudié en classe de 1ère.

Ce châtiment d'enfant qui allait décider des penchants de l'écrivain et l'émergence dans la douleur et dans la honte même d'un mélange de sensualité, je ne les avais absolument pas compris à l'époque. Tout cela était demeuré pour moi pure construction littéraire.


Au sortir de ce rêve, j'envisage les choses autrement.

Tandis que mon esprit vagabonde entre les souvenirs des expériences de Rousseau et ce que je viens d'éprouver de manière onirique, ma main glisse lentement sur mon ventre, descend plus bas, trouve le nid brûlant caché entre mes cuisses. Mes doigts agiles s'activent. Et le torrent ravageur du plaisir m'emporte. Avec lui vient l'apaisement, le retour au calme, une certaine sérénité.


Cependant il me faudra beaucoup de temps pour parvenir à me rendormir, tant ce cauchemar m'a impressionnée."

Un cauchemar, vraiment ?

"Le Miroir Trouble" © Jean-Claude Féraud - Publibook - 2002
Dessin © ?

10 commentaires:

Emma a dit…

j'étais vraiment dedans...jusqu'au museau de la belette! alors là, non! un mot , une image et le rêve est enfuit...
Quel avalanche de posts , ce matin , Stan! J'arrive plus à suivre...

Stan/E. a dit…

J'avais des trucs à dire. Et du temps.

Quelle belette ?

Emma a dit…

Dans les premières pages , j'aime bien les belettes , sont mignonnes,... la comparaison ,là... non!

Stan/E. a dit…

Oui, j'avoue que je n'avais pas lu. En fait c'est l'extrait proposé dans le post qui justifie le reste.

Pour la belette, au fait, ok, j'ai regardé et c'est ici.

Effectivement curieux, mais après tout, si on aime les animaux.

Amoureuse a dit…

Il me semblait avoir lu cette histoire il y a quelque temps, il me semblait d'ailleurs que le lendemain, le rêve se réalisait...à moins que cela soit moi qui rêve?

J'aime bien l' image qui accompagne à la fin. Je m'en servirait bien comme avatar sur mes petits forums. Je peux?

Ellie C. a dit…

Petit bateau la madeleine de proust de nos fesses de mamans en train de faire la queue pour acheter les culottes petit bateau de nos zouzous...

Stan/E. a dit…

@ Am: ma foi si vous allez perdre du temps sur les forums - dont je suis pour ma part revenu - vous faites absolument comme vous le sentez.

Mais...

... Vous avez la permission de minuit ?

Amoureuse a dit…

La permission? je vais me renseigner et je reviens...

Amoureuse a dit…

En effet...cela n'a pas été accordé. Pour l'instant. Mais j'y travaille!!

Stan/E. a dit…

Bon, c'est sûr que si c'était moi, je n'accorderais pas grand-chose, je crois. Je suis dans ma phase "mentor sévère" et je pygmalionne à fond... intellectuellement. À défaut de pouvoir le vivre live.