1575 - Un récent commentaire en provenance d'un quartier que j'ai connu jadis me replonge dans des souvenirs d'il y a longtemps. Autant partager.
Début des années 70: suivant mes parents, j'émigre vers l'Afrique de l'Ouest, quittant la province où je suis né pour un pays considéré alors comme un des plus agréables du continent noir. On parle même de "Suisse africaine", c'est dire… La réalité est toute autre et on le découvrira bien plus tard, mais à quinze ans, tout tourne un peu autour de son nombril d'adolescent perturbé qui croit que le Monde entier lui en veut, avec ses problèmes existentiels. Des trucs mineurs avec le recul, mais essentiels à cette période, qui m'emmenaient bien loin des préoccupations quotidiennes de survie des habitants de Treichville ou encore Adjamé…
Côté amours - ou plutôt cul - calme plat. J'ai déjà une libido bien prononcée et dans la caboche toutes les idées fessophiles qui sont exposées dans ce blog en long et en large, mais je n'ai jamais expérimenté quoi que ce soit de sexuel.
À part un onanisme épuisant et les fessées données à ma cousine lorsque j'avais dix ans…
Tout juste si j'ai entendu dire que les hommes africains seraient mieux gâtés par la nature, côté membrure...
Et puis, soyons clairs, je ne sais pas grand-chose non plus de concret sur le sexe et le plaisir, même solitaire, à part des rumeurs de cour de récréation: ce que je vous narre là se passait dans les années Pompidou et c'est peu dire que les infos sur le sujet cul ne circulaient pas dans les familles… En tout cas, dans la mienne, néant.
Bref, je suis puceau, n'ai jamais embrassé une fille sur la bouche et pour couronner le tout, je porte de grosses lunettes de myope qui me défigurent et me complexent. Ça aussi, ça passera.
C'est sûr, j'arrive en terre inconnue, sans l'animateur de l'émission.
Dès la descente du DC8 d'Air Afrique à Port-Bouët au premier jour, je suis cueilli par une chaleur étouffante, une odeur persistante de cacao et l'étonnement de découvrir que dans ce pays qui est le leur… il y a des noirs partout !
En France, avant cette expatriation et le départ pour l'inconnu, on a été briefés et on nous a dit de dire "africains" et surtout pas "noirs", mot jugé très péjoratif à cette époque. C'est ubuesque et vaguement absurde, mais le politiquement correct commence à essaimer, ça ne nous quittera plus. On vit avec désormais…
Ça paraît naïf, voire idiot de le dire, mais des "africains" donc, je n'en jamais vu autant dans la petite ville bien blanche que je viens de quitter sans un regard en arrière… Au lycée, mille élèves et une petite centaine de "blancs" (ça on peut le dire...) seulement…
Je me sens assez mal à l'aise au début sans pouvoir me l'expliquer, ça passera vite mais au fond c'est comme ça qu'on comprend l'inverse...
... Ce que peut ressentir "l'autre", quand il arrive dans un pays qui n'est pas le sien.
Mais pour être juste, pas de raison non plus de passer sous silence que je me suis fait régulièrement traiter de "sale blanc" pendant deux ans sans alerter la moindre ligue des droits de l'homme.
J'ai survécu. Ce n'était pas le fait de tous, mais d'une minorité, heureusement. Seulement c'est ce qui reste, surtout quand on est jeune et impressionnable. Malléable, même. Passons…
Le pays, c'est la Côte d'Ivoire, la ville, Abidjan. Tout me plaît d'entrée, c'est un peu l'aventure en technicolor, je n'ai alors de l'Afrique noire qu'une vision livresque idéaliste à la docteur Schweitzer, plutôt confortée par mon éducation religieuse et un parrain qui a vécu en brousse des années durant après guerre, ne revenant en métropole qu'avec des souvenirs exotiques, des récits hauts en couleur et des fétiches d'ébène… Ce n'est pas Tintin au Congo non plus, mais du coup, grâce à lui j'ai dévoré les bouquins de Tarzan, je rêve de safari avec porteurs comme dans les films de Bomba, avec chasse au lion, tentes dans la jungle, éléphants et tout le toutim…
Mais la CI n'a rien à voir avec le Kenya et les fameuses neiges du Kilimandjaro.
Quand à l'indépendance des pays jadis colonisés, elle n'a pas encore dix ans et ça se sent dans beaucoup de choses. La corruption règne, les flics rackettent les automobilistes avec gentillesse et bonhommie convenue, en s'excusant d'une faute qui la plupart du temps n'existe pas, on glisse un billet dans le permis pour repartir et tout ça est admis et normal...
Au lycée classique de Cocody, mes compatriotes ont en moyenne quatre ans de plus que moi… Je suis en seconde, le niveau scolaire est assez désastreux et lymphatique. De toute façon, il n'y a classe que le matin, il fait trop chaud l'après-midi dans nos uniformes... Du coup, je me glisse dans une sorte de paresse ambiante qui va durer tout le temps de ma vie là-bas et ne va pas arranger mes bulletins à venir. Mais je m'en fiche, j'ai pas mal à découvrir.
Les filles de la classe sont quatre. Cœur d'artichaut, je les aime toutes déjà mais à part ma voisine Chantal qui est la moins gracieuse et pas de bol, m'aime bien aussi, aucune ne me voit comme un petit ami potentiel. Juste "petit", en fait. À mon grand désespoir
La fessée ?
Peu de souvenirs dédiés au blog. Je suis "amoureux" mais n'arrive à rien, les soirées organisées par les copains de classe se terminent pour moi vers onze heures. Quand eux commencent à s'échauffer, ils me ramènent, l'écart d'âge n'est pas un atout. Je ne saurai rien du sexe, mais je découvre la moto et côté amours, je tombe raide dingue d'une Italienne, Eva. Cette dernière me perçoit comme une sorte de petit frère un peu perdu dans un pays trop grand et pour qui elle développe une forme d'indulgence. Eva m'a pris sous son aile, je me fourvoie, prend ça pour de l'amour en la regardant avec des yeux de merlan frit…
Mais rien ne se passera, ce n'est que l'instinct de protection qui la motive…
Cette fille à qui je n'ose pas avouer mes vues me procure quand même des émotions secrètes, je me fais jouir la nuit en balbutiant son prénom, dessinant de chouettes cartes de France, enfin à présent de Côte d'Ivoire sur les draps....
Elle n'en saura jamais rien, d'ailleurs ignorera toujours les litres de foutre que son corps pulpeux a fait jaillir du mien pendant un an de branlettes très suivies et totalement inavouables…
La seule fessée de cette période que je peux évoquer, c'est une jeune femme amie de mes parents qui l'a reçue, de son mari. À Marcory où ils vivaient dans une villa bien plus classe que la nôtre.
Elle s'appelait Emmanuelle.
Un prénom "marqué" de salope tropicale, dans les années 70... La faute à l'héroïne du livre à scandale d'Emmanuelle Arsan, alors plus ou moins interdit.
En fait et plus prosaïquement, je crois que son vrai prénom était Jeanine, mais elle l'avait changé... Prendre le sulfureux Emmanuelle pour remplacer un prénom démodé et honni était une forme de coquetterie mais aussi une façon d'érotiser et provoquer...
On s'ennuyait ferme dans ces pays-là. Culturellement parlant, à part le soleil et la mer, c'était un peu le désert.
Restait le cul et l'alcool. Et elle ne buvait pas…
Âgée d'une trentaine d'années et s'ennuyant dans la vie avec un époux souvent absent, Emmanuelle passait ses journées au bord de la piscine de l'hôtel Ivoire, haut lieu de la ville au bord de la lagune, à Cocody. Elle jouait ingénument de ses charmes et aimait allumer et séduire les hommes, ce que son mari, homme bien plus âgé qu'elle, laissait faire avec amusement et peut-être accord tacite. Un jeu trouble entre eux, assurément.
Peu dire que ma mère tout en souriant s'en méfiait comme de la peste chaque fois qu'elle la recevait, surveillant du coin de l'œil mon père, lequel semblait trouver cette Emmanuelle à son goût avec le regard du loup de Tex Avery, comme tous les mâles qui l'approchaient.
Bref, une Messaline de quartier.
J'ai passé une nuit chez eux, un week-end où mes parents s'étaient absentés. La villa était grande mais mal insonorisée. Je dormais avec mon frère dans une chambre près de la piscine quand vers deux heures du matin, j'ai été réveillé par des bruits et des gémissements curieux et inattendus...
Je me suis levé dans l'obscurité pour me rapprocher à pas de loup des voix que j'entendais, partiellement grognées et chuchotées à tour de rôle par la femme et son mari... J'ai même fait craquer le plancher du couloir, mais tout à leurs ébats, ils n'ont rien entendu tandis que je me figeais sur place, cœur battant, comme si j'étais sur le point de me faire choper par une patrouille de soldats allemands...
Les bruits venant de la pièce se faisaient plus précis, plus intenses...
Et à un moment, je l'ai entendu clairement lui dire qu'elle n'avait "pas été sage !"...
... Qu'il allait lui "flanquer une bonne fessée"...
Moi, nourri à la Comtesse, je savais ce que le mot voulait dire, du moins sous l'axe de la contrainte et des punitions enfantines, mais ignorait encore qu'une grande personne pouvait aimer ça à ce point et en jouer pour s'exciter dans le cadre de la conjugalité...
Cette nuit-là, dos appuyé au mur de cette villa, follement troublé, je me suis fait jouir en écoutant Emmanuelle recevoir une fessée avant de se faire prendre à nouveau. Et de conclure dans un cri ultime. Plus un bruit ensuite...
J'ai regagné la chambre, essoufflé de plaisir, mon frère dormait toujours... Je ne me suis pas rendormi.
Allongé sur le lit, les yeux ouverts et la main sur mon sexe toujours en érection malgré un plaisir fulgurant dont les traces blanchâtres séchaient sur le parquet du couloir, je revivais la scène en boucle.
Le climat de la Côte d'Ivoire est de type tropical humide. Saison sèche ou saison des pluies s'accompagnent toujours de températures assez élevées (28°C en moyenne). Alors dans un pays où le taux d'humidité frise en permanence les 80%, un peu de liquide en plus, hein...
Je n'ai rien vu. Mais le film était dans ma tête, avec des putains d'images liées au son. C'est forcément cette femme qui a ensuite peuplé mes fantasmes onanistes autour de la fessée, avant d'être remplacée dans cet espace-là par une fille "concrète", en Angleterre, quelques mois plus tard...
Au petit déjeuner, j'ai évité d'accentuer mes émotions et de regarder en face Emmanuelle qui semblait avoir du mal à s'asseoir, tout en proposant aux deux enfant de ses amis (mon frère cadet et moi) des tartines avec le chocolat, sous le regard attendri du mari, silencieux et regardant sa femme avec un petit sourire en coin que je revois encore, tant d'années après...
J'ai ensuite accueilli chaque virée parentale avec bonheur, sachant qu'on allait pouvoir dormir chez leurs amis de Marcory. Mais malheureusement, certaines choses ne se vivent qu'une fois et il faut impérativement les saisir au moment où elles passent...
Car malgré une écoute attentive sans m'endormir, aux aguets et l'oreille dressée, la scène ne s'est jamais reproduite. Ils ne baisaient plus. En tout cas, pas lorsque nous étions sous leur toit... Au matin, les yeux cernés, il me fallait faire à chaque fois le triste constat que j'avais eu de la chance et que ce genre d'événement entre époux n'arrivait pas tous les jours...
Enfin, c'est l'idée que j'en avais, vers 1972...
23 commentaires:
En lisant ce post ce matin, je me suis dit que du coup, en réalisant que ce jeu pouvait se jouer entre adultes consentants, ça a pu être un déclic pour vous préparer ensuite vers vos aventures Anglaises...
J'aime ces pans de votre vie que vous nous proposez, des flash back vraiment intéressant. Facile de m'y projeter avec la chaleur qui règne chez moi en ce moment.
En fait, non, je crois que j'avais des dispositions. ça m'a un peu conforté, sans doute. Mais c'est ensuite que j'ai "sexué" l'histoire, lors de mon séjour en Angleterre, dans cette famille où la fessée était présente de façon assez incroyable, comme je l'ai déjà dit ailleurs...
"Pans de vie"... Curieux, ça me fait penser à une maison délabrée... Je ne sais pas trop pourquoi.
Morceaux choisis , alors, c'est mieux comme expression. Et , c'est super, ce pouvoir d'évocation que vous avez. Vous devriez faire un recueil de ses souvenirs et publier. Avec quelques illustrations... Votre "plume" est aussi habile pour écrire que pour dessiner.
Mais , Stan , attention quand vous choisissez le titre de vos posts, mon coeur a fait un bond , et j'ai tout de suite pensé: mais... j'ai rien fait!
Et puis , Emmanuelle , ça veut pas dire "putain tropicale" ça veut dire " Dieu est avec nous" . D'abord!
Je déteste ce prénom!!!
Un recueil ? je ne sais pas. J'y ai déjà pensé, j'avoue... J'ai pas dit "putain" tropicale, mais "salope", ce qui est très très différent.
Bah, Putain ou salope, l'important c'est d'être sous les tropiques...rire!
Alors comme ça mes "pans" ne vous plaisent pas ?
Un patchwork coloré alors?
@ Am': Manière élégante de dire que vous y vivez, veinarde... Au soleil toute l'année. La mer, les volcans en éruptions, les cyclones aux jolis noms de gonz...de filles et les tsunamis à portée de main.
Quelle chance.
"volcans en éruptions, les cyclones aux jolis noms de gonz...de filles et les tsunamis à portée de main."
Jaloux!
Jaloux, oui... C'est clair, j'aime bien les îles. Et les filles qui y vivent. Mais il fait trop chaud pour... Sauf si vous avez la clim', évidemment.
Oui , un recueil ,genre carnet de voyage... mais un voyage particulier, vous comprenez ce que je veux dire...
La clim , c'est très polluant, mais paraît qu'on s'adapte très bien aux conditions climatiques , faut un peu de temps, c'est tout.
Promis, je vais y penser, d'une façon ou d'une autre...
y penser...? mais à quoi? au recueil ou à l'adaptation climatique?
Je suis de l'avis d'Emma, un carnet de voyage avec des annotations, des photos et quelques uns de vos dessins.
Cette Emma-là dessine aussi ? L'art se nîche partout. L'envie de peindre, de représenter le corps, sujet d'inspiration permanente, pour tous, plus ou moins sages...
J’ai aimé infiniment ce récit d’un moment de votre passé.
Probablement parce que je connais ces ambiances moites et ces femmes plus délurées qu’en métropole. Vous dites bien cet ennui lié au manque de culture, au manque de nouveauté.
J’ai été, aussi, cet enfant chez des amis sous la chaleur équatoriale. Malheureusement je n’ai aucun souvenir érotique aussi prégnant que le vôtre.
@ Nush: je "sais" votre "parcours africain", bien plus long que le mien qui ne fût au fond qu'une parenthèse enchantée de moins de deux années au tout début des "seventies". Mais c'est un souvenir qui reste présent. J'ai essayé de retranscrire mes sentiments, qui n'ont pas du tout valeur d'exemple. Mais sont miens.
Pour le reste, j'ai forcément prêté attention à ces détails de l'intime parce que ça me passionnait et j'en ai donc surpris pas mal dans mes jeunes années, de scènes de fessées. Je sais que ça a souvent surpris celles qui n'en ont jamais eu autant à regarder, ou alors n'y prêtaient pas attention...
Mais pour me faire comprendre:
mon frère qui était avec moi ce soir-là (mais endormi...) n'en aurait lui AUCUN souvenir. De toute façon, le sujet fessée n'est pas du tout érotisé chez lui, l'eusse-t-il surpris qu'il n'en aurait rien retenu...
J'ai déjà constaté ça, chacun son univers, ses troubles et ses petits "tiroirs"...
Cette Emma-là ne fait pas de l'art. Faut pas tout confondre.
Je me fais juste plaisir et , parfois, ça fait plaisir aux autres.
Et ça me suffit.
Bah, l'art est un terme générique, hein... Du moment qu'on tripote un peu le pinceau.
C'est bon de se faire plaisir.
"Bref, je suis puceau, n'ai jamais embrassé une fille sur la bouche et pour couronner le tout, je porte de grosses lunettes de myope qui me défigurent et me complexent."
Dommage que vous n'ayez pas pris la destination Etats Unis ! J'ai un souvenir étonnant de mes vancances de 1ère, dans la banlieue de Chicago cette fois-ci. Toujours ces fichus décalages de vacances me valant de me retrouver en cours même pendant les congés, donc là à Evanston Township High School. Et oh surprise, 1h/semaine, cours sur les relations garçons-filles. Je me suis retrouvée à écouter un prof expliquant comment embrasser, film à l'appui, à faire des jeux de de rôles pour apprendre à aborder l'autre en direct, par téléphone...Un peu dur au début pour l'ado extrêment timide que j'étais, mais finalement, j'ai trouvé ça plutôt sympa. ça vous aurait été utile manifestement !
Souvenirs d'une adolescence tourmentée...
Depuis ces échanges bien de l'eau a coulé sous les ponts mais i'm still here, et quelques personnes aussi.
Très joli souvenir. On s'imagine bien en train d'écouter et de chercher à regarder.
Merci chère OGR, en le relisant, un peu d'émotion, forcément. Comme tout ce que j'ai vécu, j'ai toujours un peu de nostalgie et de sourire en me remémorant ces instants passés, mais qui furent bien réels.
Très beau texte, dont l'écriture permet de visualiser certaines choses. Merci.
C'est toujours avec les histoires réelles qu'on se retrouve le mieux. C'est bien pour ça que je ne suis pas fan des témoignages de fessées inventés avec des récits de plus en plus convenus, imposant dans un ordre immuable tout le catalogue du fesseur moyen qui défile, sans émotions réelles ni failles indispensables à ce plaisir si particulier.
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