Certaines ne veulent voir dans la fessée qu'une "caresse appuyée", jeu sensuel un peu vif qui les chaufferait au bon endroit, mais ne fantasment pas toujours, c'est vrai, sur un cérémonial et un rituel qui les entraîneraient vers des ramifications dangereuses, puisant parfois dans les méandres de l'enfance.
On peut comprendre.
Pour elles qui ne recherchent que l'aspect physique sans les mots ni le cérébral (si, ça arrive, j'en ai rencontré...) c'est une manière de se masquer que ce jeu n'est pas du tout anodin et vient parfois de très loin. Ce qui peut faire peur.
L'humain a beaucoup de duplicité avec lui-même et est très capable de fermer les yeux, de se mentir ou masquer les choses. La fessée ramène parfois en arrière avec des parfums troubles pas toujours aisés à regarder en face. Homme ou femme ont d'abord été petits garçons et fillettes avec des passés et une approche de la sexualité pas toujours... "simples".
D'autres ont par contre besoin de troubles infinis, de fantasmes autour de ce plaisir brûlant pour vivre pleinement et - au-delà du jeu érotique - à travers la fessée une réelle manière de se sentir cadrées et donc de grandir, pour peu que leur compagnon sache user avec intelligence de ce qui les fait tant vibrer...
On est quasiment dans le côté punitif et la discipline conjugale. Ce qui peut surprendre de nos jours, après MLF et Chiennes de gardes...
J'ai une amie (qu'on pourrait qualifier de femme-enfant mais qui est aussi très femme, question de circonstances, tout sauf une dinde écervelée, je le précise...) qui entre autres défauts fume et boit en soirée au-delà du raisonnable, tout en le sachant. Manque de rigueur morale, facilité de ne rien faire et d'attendre que ça vienne des autres ? Même pas. En fait, une paresse récurrente - qui d'ailleurs n'est pas qu'intellectuelle - l'entraîne vers la langueur dans beaucoup de domaines, sans qu'elle ne fasse grand-chose pour s'en défendre.
Elle le sait pertinenement: elle a grandement besoin d'intransigeance et de limites que toute seule elle ne trouvera pas. Ni dans son entourage ni dans son couple. Un mari trop gentil qui cède tout le temps et est souvent aux abonnés absents, qui lui laisse trop d'initiatives et qu'au fond elle dévore, façon "mante religieuse" tant elle est plus forte que lui. La fessée est un jeu, mais ce n'est pas lui qui la fera vibrer, sa crédibilité est trop friable dans ce domaine. Parfois, quand on se connait trop et depuis longtemps, ce n'est pas simple d'évoluer ailleurs que dans les clous...
Il lui faudrait trouver son maître, en fait. "Maître"... je n'aime guère le terme, galvaudé. Un mot trop fort ?
Non. Alors elle rêve clairement d'un homme tendre qu'elle respecte et admire sans dévotion, un garçon qui saurait parfois devenir sévère, froncer les sourcils, lui parler doucement à l'oreille sans élever la voix mais avec un ton qui n'autorise pas la réplique... Lui saurait la cadrer, la faire frémir, se cabrer, mais aussi la fesser, la faire obéir. La dresser.
Non, ce mot-là n'est pas trop fort.
Il ne s'agit pourtant pas le moins du monde d'une femme "soumise", ou dépendante de l'homme pour de mauvaises raisons, parce qu'elle n'aurait pas le choix... Équilibrée, cultivée, raffinée, autonome, elle fait partie de ces femmes qu'on admire. Disons qu'elle a un jardin secret, que bien des gens qui la fréquentent seraient étonnés de connaître...
Ce n'est donc ni une soumise et encore moins une faible d'esprit. Cette fille dont je vous parle existe, à plusieurs exemplaires. C'est un cas de figure classique du couple et de ses vicissitudes. Pas de jugement de valeur, on n'a pas toujours ce qu'on désire à portée de main. Parfois c'est ailleurs que ça se passe. Chacun gérera à son aune....
À travers cet érotisme et cette vision du plaisir - qui bien que part importante de sa libido n'est qu'une facette de ses nombreux autres désirs - elle a besoin de sentir qu'elle existe, qu'elle est en permanence regardée par quelqu'un qui l'aime profondément mais ne lui passe rien pour autant, tout en finesse et indulgence amusée. Un oiseau rare.
Elle ne souhaite pas une brute qui la cogne, mais un homme qui la fesse quand elle le mérite, la nuance ne vous échappera pas... Enfin j'espère.
Dessin © Alex Varenne
10 commentaires:
Ton portrait n'est que trop vrai, "elle" existe chez beaucoup d'adeptes ;-)
Pas mal, pas mal du tout même, surtout pour un mec, ya de l'espoir alors ! merci Stan... :)
Très joli texte, toujours surprise par votre écriture fluide et agréable à lire.
Un portrait dédié mais aussi effectivement presqu'universel.
J'espère qu'elle trouvera ce "Maitre". Vous nous tiendrez au courant?
L'érotisme et la recherche du plaisir différencient la soumission, le dressage ou la mise en esclavage d'une femme de la femme battue par une brute de mari.
J'ose espérer que chacun ici perçoit cette énorme différence et que c'est bien ceci que les différents lecteurs viennent rechercher sur nos blogs.
hello stan
que c'est rassurant et troublant de lire ces propos d'un homme capable de comprendre reellement tout ce que l'on cache au fond de nous ... cequ'on a aussi tant de mal à comprendre soi même quand on est une femme libre et indépendante .. ce besoin de beaucoup de tendresse, complicité mais aussi fermeté et intransigeance .... besoin de se sentir protégée .. mais non compatible avec l'homme avec qui on partage sa vie depuis si longtemps.. et tu comprends même l'envie de chercher ailleurs ce que l'on ne trouve pas à la maison...
bref, merci et bravo
Faut qu'elle change de mari...
Pourquoi dire oui pour la vie à un homme qui n'a pas les mêmes désirs que nous. La sexualité est quelque chose de très importante dans un couple, dans le mien en tout cas et je ne me verrai pas avec un homme qui n'aimerait pas le sexe autant que moi.
Aller chercher ailleurs ne fait pas vraiment partie de ma vision du couple et de l'amour mais je peux le concevoir, toutefois.
Par contre, même si dans la vie quotidienne je suis pas spécialement pour le "tout en un" dans la vie amoureuse, je crois que c'est la meilleur des choses. Dans la même "enveloppe" un homme et un maitre...
"Dans la même enveloppe un homme et un Maitre"...
C'est effectivement un tableau attrayant.
Mais pas toujours réalisable.
"Elle ne souhaite pas une brute qui la cogne, mais un homme qui la fesse quand elle le mérite"
Évidemment que la nuance est de taille, juste pour info, cette amie est toujours en recherche?
@ Alex: pour info, aux dernières nouvelles, elle aurait trouvé, d'ailleurs grâce au blog et à un certain site, je crois. Comme quoi...
J’apprécie que cette nuance soit perceptible pour vous aussi les hommes. Que vous en soyez totalement conscient Stan ne m’étonne guère mais parfois j’ai la sensation que cette subtilité échappe à certains ou certaines. Bon il faut de tout pour faire un monde mais les brutes ne m’intéresse pas du tout.
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