Il y a des troubles d'amants inavouables, de ces interdits auxquels on pense ne jamais toucher et qui s'installent d'eux-mêmes. Brisant les tabous de l'intime, forme d'infantilisation convenue et acceptée d'avance, la fessée est comprise dans un ensemble de dérives. Une sorte de jeu de rôle tacite où chacun trouve sa place et ose se dépasser, faire de trucs jamais tentés avec quiconque avant.
Dans sa vie par exemple, personne ne la traitera de "petite salope" ou de "pute" sans qu'elle ne réagisse, et malheur à qui oserait, fusillé en quelques mots et un regard noir.
Dans les jeux, par contre...
... Le jour où j'ai évoqué un collier en riant, j'ai vu son regard se troubler. Je ne m'y attendais pas, ce n'est pas un de mes trucs. Qu'elle me demande l'autorisation pour certaines choses, par contre...
Le soir où je lui ai intimé l'ordre d'aller faire pipi et "d'être vide" avant venir me rejoindre dans le lit pour une suite évidente à imaginer, là encore j'ai vu sa bouche se tordre et ses yeux cligner en cherchant à droite et à gauche un secours illusoire.
Qui n'est jamais venu.
Dans un restaurant. Je lui demande sa culotte pour la savoir les fesses à l'air, comme Miel dans le "parfum de l'invisible"...
Qu'elle se lève, aille aux toilettes la retirer avant de me la ramener. Et de me la donner. Offrande.
Un défi qu'il m'est parfois arrivé de tenter, quand d'un regard je sais que c'est "possible". Certes pas avec tout le monde, ce n'est pas un passage obligé, mais quelque chose comme une contrainte et un début d'acceptation de ce qui pourra suivre avec ses fesses. Correction, caresse ou pénétration.
Ou les trois. Forcément les trois.
Je crois que j'ai déjà raconté cette histoire, mais tant pis. Souvenir d'un copain qui m'avait invité avec Nathalie, une de ses copines du moment, brave fille vulgaire un peu ronde en jean et santiags, pas vraiment glamour. Nous sommes à table tous les trois et il l'envoie pisser d'un signe. En la regardant partir, il me murmure avec un sourire ravi:
- "Comme toi, dis ! Elle va faire ce que tu m'as raconté l'autre jour..."
J'ai un mal fou à imaginer la malheureuse retirant ses bottes, son jean et sa culotte dans l'endroit exigu où elle s'est isolée pour obéir à cette demande qui se veut érotique mais n'est que vaguement ridicule... Je lui rappelle que chaque histoire est unique, que ce genre de jeu ne s'applique pas à tout le monde et qu'on ne doit pas plaquer les envies d'un autre sur les siennes...
Bref, je fais une moue qui montre clairement que je vois la chose autrement. Mon pote se renfrogne de tant d'indélicatesse de ma part.
- "De toute façon, quand c'est moi, c'est jamais bien, hein !"
Je revois la demoiselle de mon histoire, une attachée de presse gracile et élégante qui n'avait eu qu'à soulever sa jupe fluide pour revenir me tendre un tanga vaporeux et en dentelles, me faisant battre le cœur d'avoir osé lui demander un truc pareil.
Et qu'elle ait osé le faire avec un sourire ambigu.
Cette délicieuse vision s'estompe avec le retour de miss santiag qui tient un grand mouch... ah, non, sa culotte, donc. La taille d'un petit hamac qu'elle dépose à gauche de la pizza quatre fromages que le serveur vient d'apporter.
Autant dire que ça m'a coupé l'appétit.
Malgré les efforts impressionnants de mon camarade qui voulait l'entrainer sur le terrain érotique, la faire causer de ce qu'elle venait de faire, envisageant visiblement un plan à trois après le dîner, la jeune femme intimidée et mal à l'aise répondait par onomatopées, le nez dans son assiette, probablement persuadée de dîner avec le marquis de Sade et son âme damnée... Moi.
J'ai réussi à m'échapper prétextant une charrette imaginaire à rendre le lendemain matin.
Page: "le parfum de l'invisible" © Manara
10 commentaires:
alors , là , je rigole! c'est peut-être triste pour vos amis , ceci dit, je pense que vouloir entraîner un "autre" dans des délires de couple peut vite virer au sordide et au final laisser un goût amer.
Pas de goût amer ce jour-là, je n'ai pas consommé. Sans regrets aucun non plus, juste un sourire en me souvenant du visage dépité de mon ami et celui soulagé (de me voir partir) de la demoiselle.
Mais j'ai payé l'addition. Il n'avait pas tout perdu.
Rire(s). J’aime bien cette histoire désastreuse.
Une femme, un homme, une situation ; toujours.
A chacun de trouver la manière.
Dans un tout autre genre j’ai stupéfié un homme simplement en osant me caresser devant lui (au restaurant) et en lui plaçant mes doigts sur ses lèvres. Une intuition de l’instant.
Qu’il jugea osée mais qui l’a enchanté.
Encore une qui n'a pas trouvé grâce à vos yeux, comme la fille aux bas résille qui vous évoquait du...saucisson! Z'êtes vaaaache ! En même temps, avec le dessin que vous nous en faîtes, on comprend votre manque d'appétit... Ceci dit, inutile d'en dégoûter votre ami, s'il l'aime, lui!
Parce que, entre la charrette et l'herpès géant, croyez vraiment qu'ils gobent tous vos mensonges diplomatiques, vos amis?
Vous aurez noté que c'est du même (ex)copain que je cause, un homme de goût, comme vous pouvez constater.
Un désastre, mais ce n'est pas très important, ce sont des histoires anciennes qui datent...
Et ce n'est pas un type "dégoûtable", croyez-moi, je l'ai vu se "taper" des personnes plus qu'improbables, sans sourciller. à ce niveau-là, il n'y a pas grand chose d'autre à faire que de lever les yeux au ciel.
Non, je n'avais pas noté qu'il s'agissait du même. je pensais juste que vous aviez un don pour bien vous entourer...
Mdrrrrr à chaque fois que je lis cette anecdote je suis pliée :D
Chaque fois que j'y repense, je souris aussi remarquez...
J'adore cette histoire ! Je la trouve très vraie dans le sens qu'il y a parfois loin du fantasme à la réalité. Il ne faut probablement garder le sens du ridicule car ce dernier tue l'amour...
j'adore cette histoire, comme quoi il ne faut jamais essayer de réaliser les fantasmes d'un autre !
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