2216 - "Regardez-moi dans les yeux..."
Parfois tout passe dans le regard... Celles qui ont été mes complices au fil des années dans ces jeux de mains - ou de vilains - étaient aussi mes amantes la plupart du temps, à une ou deux exceptions près.
Car oui, je peux aussi tout à fait juste fesser sans baiser. Me tenir, en clair. Respecter ses désirs si elle ne veut pas que ça aille plus loin. C'est arrivé... Des curieuses qui voulaient recevoir la fessée, sans une suite sexuelle classique...
Revenons à mes femmes de cœur. Pour que je sois vraiment capable de les regarder sans sourire en jouant le méchant monsieur "sévère qui va sévir", lui donner la fessée comme à une gamine prise en faute ou une maîtresse indocile, il faut évidemment que je m'imprègne de l'histoire pour y croire et lui transmettre mes émotions.
Ne pas éclater de rire au premier mot. Si elle pouffe, c'est foutu.
Un semblant de scénario par tacite reconduction. Se marrer au mauvais moment briserait la magie naissante de façon irrémédiable, nous éloignant du désir... En tout cas pour un temps.
Je l'ai vue se mordre les lèvres, fermer les yeux. Elle, d'ordinaire espiègle et moqueuse, ne rit pas...
Ça me soulage, elle y croit et m'aide à faire de même. Pour un temps, je suis le maître et elle est la chienne... Si, sans rire. Elle est entrée facilement dans l'histoire, plongée toute entière dans des troubles qui lui font accélérer les battements de son petit cœur... et mouiller sa culotte au-delà du raisonnable. Sans maîtriser grand-chose, à son corps défendant. Au début, ça l'agaçait, elle trouvait que c'était une faiblesse, même avant de s'y complaire.
Difficile de lâcher, de se laisser glisser. Et puis il a trouvé les mots, les clés... Elle s'abandonne...
Pa évident de savoir si elle aime ou pas être envahie par un sentiment incontrôlable. Est-ce si agaçant de sentir que votre corps vous échappe, qu'une part de vous et de vos envies sont plus fortes que votre volonté ? Les filles que j'aime sont souvent des décideuses, habituées à gérer leur vie. Savent changer une roue, quoi... Un abandon de leurs sens dans d'autres mains est rare et une sorte de cadeau, de privilège, de confiance qu'elles m'offrent... À moi ou à l'homme intuitif (primitif ?) qui "entend" leurs désirs enfouis...
C'est une sorte de jeu de rôle. Chacun joue sa partition. Je sais ce qu'elle veut, je fais attention au moindre de ses gestes, de ses souffles, de ses mots... Je me dois de prendre garde à ses envies, et évidemment ne pas adapter mes désirs personnels en omettant les siens... Une écoute. Se parler avant, longuement pour être certain d'avoir envie des mêmes choses...
Pas simple ? Possible. La fameuse et indispensable longueur d'onde.
14 commentaires:
Encore une fois ce billet, c'est tout à fait ça !
Tout passe dans le regard, et le ton de le voix aussi.
Si on rit, c'est loupé ! Mais on ne rit pas, on y croit, on ne joue pas, on est vraiment dans la peau de cette vilaine fille qui va se faire corriger pour son espièglerie par cet homme exigeant et intraitable qui ne veut que son bien en somme...
Par contre, agacer n'est pas le mot pour moi face à ce lâcher prise. Ces moments d'abandon sont divins lorsque le reste du temps il faut maîtriser, contrôler, déciser... Mais difficile de l'admettre, un peu honte de ce laisser aller total...
Mais à la lecture de ce texte une question me vient : Vous, y croyez-vous vraiment sur le moment, ou jouez-vous ? Avez-vous envie d'en rire ou bien ce méchant monsieur sévère est-il bien vous, l'autre vous, votre part obscure ?
Une question en amène une autre... Si l'on considère un peu ces moments d'abandon comme une sorte de soupape salvatrice à la pression du quotidien, quand est-ce que le "mâle dominant" se relâche, lui ? Finalement, votre position ne représente-t-elle pas une charge supplémentaire ?
Rahhh vos billets me plongent souvent dans des réflexions...
Ah ah je sens venir la réponse... Alors non, ne me répondez pas "au moment de l'orgasme"! Car ceux qui s'aiment de façon plus classique ont également cet orgasme. Mais je parle de ce laisser aller qui dure bien davantage et me semble bien plus intense. Vous, où puisez-vous le surplus d'énergie qui me semble nécessaire là où nous sommes déjà dans le relêchement ? Cela vous apporte-t-il un bénéfice et lequel ?
Sur ce, bonne journée !
relâchement pardon, et pas relê...
J'y cois vraiment ET je joue. Souvent mes lectrices butent sur le mot "jeu", en y mettant une note péjorative et restrictive, mais c'est probablement uniquement une question de vocabulaire. Le jeu est un moment où on s'investit pleinement.
Alors évidemment j'y crois quand je vois qu'elle plonge, fermant les yeux, se mordant les lèvres, se tortillant avec la mine contrite. Si elle est en retrait et "observe" avec un demi sourire sur les lèvres sans se laisser glisser, je n'y arriverai pas non plus.
Ma part sombre, sûrement. Mais je n'analyse pas tout. en même temps, ce n'est pas Jekyll vs Hyde, hein.
Et pour conclure, c'est vrai que la fille peut, elle, se laisser aller là où je dois garder le contrôle de la situation en permanence, c'est probablement plus compliqué d'être le "maître" que "l'esclave", c'est bien connu.
Sans cesse sur la brèche et veillant à ne pas rompre la magie. Si l'autre n'y croit pas, comment y croire soi-même ?
Décidément, encore un sujet qui me parle … Ce qui m'attire, en vous lisant, c'est de comprendre le ressenti de l'homme qu'il est frustrant de ne pas connaître.
Le moment de se présenter face à lui est arrivé, je ne suis pas sûre de moi, je tente à surmonter ce manque d’assurance afin de ne pas perdre la face. C’est rassurant de se dire que lui non plus n’est pas trop sûr de lui, et que c’est plus à lui de montrer qu’il maîtrise bien la situation.
Un seul regard persistant dans lequel je vais détecter que l’instant va arriver, peut me faire perdre ma contenance.
Pas agacée … mais c’est difficile d’accepter qu’un simple mot, un simple regard puisse autant me déstabiliser, avant même que mon corps ne bascule. L’inverse serait beaucoup plus facile, se retrouver directement sur les genoux du complice avant d’avoir eu le temps de réaliser, mais bien moins excitant. L’attente qui précède l’acte est vraiment importante, cette confrontation, la tentative de soutenir son regard, sans y arriver, perdre le contrôle petit à petit alors que j’aimerais lui résister encore un peu, pour jouir de cette honte envahissante inacceptable et à la fois merveilleuse.
C’est là que tout se joue, que l’on se rend-compte que la magie prend, et la fessée n’en sera que forcément réussie, car le courant sera déjà passé et qu’ensuite ce n’est plus qu’une communication entre les corps, sa main joue selon mes réactions, les anticipes etc …
La position qui favorise le plus de contacts, c’est la OTK, il peut ressentir toutes les vibrations de mon corps dans son entier, jusqu’à mon plaisir intime. Tout doit être vrai, rien ne doit être simulé, ni sur-joué, chacune de mes réactions est un élément qui le guide pour être en osmose, en phase avec moi.
Lorsque l’on reste naturel, l’heure n’est plus aux questions ni aux doutes, la fessée évolue dans l’instinct, il n’y a pas d’échec. Je n’en ai pas connu.
En parler longuement à l’avance pour être sur la même longueur d’onde ? C’est important d’en connaître un minimum, mais il n’est pas nécessaire de tout savoir à l’avance. Se préserver un peu de mystère, n’est pas mal non plus.
De toute façon, ça ne se déroule jamais comme prévu, et c’est tant mieux.
@ Val : "rassurant de se dire que lui non plus n’est pas trop sûr de lui, et que c’est plus à lui de montrer qu’il maîtrise bien la situation. "
Ah oui, c'est pile ça, en réalité, je crois...
Pour tout le reste, comme souvent, je ne peux qu'acquiescer, je partage amplement cette façon de voir, y compris sur votre conclusion de ne pas trop en dire non plus pour préserver une part du mystère...
Merci pour votre réponse.
Oui, le terme jouer est discutable, tout dépend du sens qu'on lui accorde. Je comprends ce que vous voulez dire, d'ailleurs dans votre acception je pourrais l'employer aussi. Nous avons un peu la même façon de penser pour ça.
Par contre, "esclave", ah NON ! Dans ces moments de total abandon, lorsque je m'en remets entièrement à lui, en pleine confiance, je me sens plus LIBRE que jamais.
J'aime le mot magie que vous employez, car oui, lorsque le regard et le ton de la voix se font durs, je me sens comme envoutée, ensorcellée...en totale rupture avec celle que je suis le reste du temps et que les autres connaissent.
Et grâce à votre blog, à lui aussi, je lui en pose des questions...
Alors, à lui aussi je lui ai demandé "Toi, tu y crois vraiment sur le moment, ou joues-tu ?"
Voici donc une autre réponse masculine que la votre:
Je suis très à l'aise avec JE et le JEU , Stan lui-même parle de jeu de rôle.
Ne serait-ce que parce que nous avons à d'autres moments, d'autres activités.
Mais pour moi evidemment c'est pas comme jouer aux cartes, ce n'est pas une activité "ludique"
C'est un jeu mais c'est aussi la réalité, c'est tes fesses, je lache mon bras, je ne fais pas semblant.
Convaincue que ce n'est pas du pipo ? Sans quoi je vais devoir sévir et c'est ton cul qui va en faire les frais !
Et dis moi, petite garce, tu n'as pas le sentiment d'être légèrement directive avec ces questions auxquelles tu me demandes de répondre ?
Le terme de "jeu" est employé à la base, lorsque les complices se découvrent cette passion commune. Ensuite, il n'a plus lieu d'être s'ils sont en phase avec leurs conceptions et que tout est établi. Chacun entre dans le rôle qu'il va maîtriser au moment de passer à l'acte qui devient sérieux en oubliant que c'était un jeu.
Si l'on garde à l'esprit que la fessée est une pratique ludique, aucun des deux protagonistes ne peut y croire vraiment, et assurer son rôle avec sérieux et conviction.
Pour perdre pieds, lâcher prise et se laisser gagner par le trouble qui monte en pression au point où l'on entend presque les battements son coeur, tant il s'accélère et que l'on ne contrôle plus, il faut rentrer dans l'histoire et y croire en oubliant que c'est un "jeu". On se déconnecte du reste du monde. Il faut parfois des heures pour redescendre de cette atmosphère troublante.
J'ai la sensation que plus les années passent, plus je comprends des choses que je n'avais pas encore saisies, jusque là. Qu'il me reste encore beaucoup à découvrir, on en a jamais vraiment fait le tour finalement.
Je trouve un enrichissement ici, qui pousse à creuser plus loin dans la réflexion, et dont je ne soupçonnais pas la nécessité. Je vivais ces pratiques comme elles venaient sans réellement me poser de questions, avec du coup la sensation d'être passée à côtés de belles choses.
Merci.
Je pratiquais en toute insouciance et il m'apparaît que le terme "jeu" n'est en fait qu'un moyen de me couvrir et de ne pas vraiment assumer mon "besoin" sans doute plus fort que mon envie d'y jouer. Je viens de me mettre une claque plus sonnante que la plus magistrale des fessée que j'ai reçue jusque là.
"Ensuite, il n'a plus lieu d'être s'ils sont en phase avec leurs conceptions et que tout est établi." Je ne serais pas si catégorique, Valentine.
Au bout de 19 ans toujours au sein du même couple, il me semble que rien n'est définitivement établi, rien n'est figé, les choses évoluent...avancent, reculent, avancent à nouveau...
Mais je parle pour moi, bien entendu, de moi et de Lui, le seul qui ait su me mettre suffisamment en confiance et m'apporter tout l'amour nécessaire pour que je m'autorise à lui exprimer mes fantasmes afin de pouvoir les vivre.
Et comme vous le dites très justement, "on n'en a jamais vraiment fait le tour". Et c'est tant mieux, non ?!
Effectivement la tournure de ma phrase prêtait à confusion.
Dans "le tout est établi", j'évoquais la relation de confiance, la prise de conscience d'être sur la même longueur d'onde. Mon expression n'impliquait pas la pratique.
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