L'instant magique, le moment où "cela arrive enfin"... Le coeur qui bat. L'émoi intense, partagé forcément, chacun dans sa partie, dans son rôle et dans ses plaisirs. Parfois pour jouer, sans motif.
Mais c'est tellement plus fort avec une vraie raison...
Elle avait été odieuse ce soir là, sans raison véritable.
Au début, c'était presque un jeu, histoire d'un peu dégrader leur image de petit couple amoureux et sans histoires... Et puis sans s'en rendre compte, insidieusement, ça avait tourné à l'aigre. Des réflexions, des moqueries gratuites. Évidemment c'est un peu de sa faute à Lui qui commet l'erreur de la laisser faire sans se rendre qu'Il l'encourage et qu'Elle va lui pourrir la soirée... Leur soirée.
Pour asticoter, pour rire, mais presque méchamment du coup, un peu sottement parce qu'à force Elle ne sent plus quand il convient de s'arrêter, s'amusant un peu plus que nécessaire à flirter avec la limite...
Une manière de retourner le couteau dans la plaie pour voir s'y ça s'infecte... On ne sait pas toujours calmer le jeu. Et ça dérape, parfois.
Du coup, mais un peu tard, vers le dessert, Elle s'en veut, se rendant compte de sa bêtise et inversant la donne comme un retour de balancier, Elle commence presque à s'en vouloir, s'excusant avec un rire forcé:
"Tu sais, c'était pas méchant, juste pour rire !"...
Mais Lui, ça ne l'a pas fait rire. Juste peiné. Cette soirée en tête à tête avec Elle (et ils n'en ont pas tant) qu'Il espérait différente, plaisante, stupidement gâchée par une attitude un peu blessante et très sotte à force de lazzis devant leurs voisins de table amusés pour témoins privilégiés.
Faut dire que dans ces restaurants, on est les uns sur les autres, aussi...
"Excuse-moi... Tu fais la gueule ?"...
Il ne sait pas encore très bien pourquoi, mais cette question un peu moqueuse agit sur lui comme un déclencheur. La colère l'emporte, et Il lui lance un regard noir. Contrite, Elle se confond en excuses, mais sent bien que c'est trop tard, qu'Il est fâché... La tension est palpable lorsque tous deux remontent dans la voiture.
Là, les portes fermées, sans encore mettre le contact, leur petite auto toujours stationnée autour de la place des Ternes, Il la regarde à nouveau s'excuser, s'empêtrer dans des explications qui n'en finissent pas. C'est alors que sans se contrôler, Il lui lance:
"Ah ça oui, c'est vrai que tu as été odieuse. Désagréable... Cassante et pénible ! Tu t'es conduite comme une sale petite conne et ça, crois-moi, tu vas me le payer !"
Puis reprenant, volontairement vulgaire: "... Avec tes fesses !"
Qu'est-ce qui lui prend à lui, d'ordinaire si amoureux et prévenant ?
Voilà qu'Il ose parler durement à sa fiancée et l'insulte...
C'est quand même sa future femme, une fille qu'Il adore et avec qui ce "jeu" n'a habituellement pas de raison d'être, depuis près de six mois qu'ils se connaissent. Mais là, c'est plus fort que lui, c'est venu tout seul...
Pourtant si Elle le dévisageait surprise en lui répliquant sèchement un: "Non mais ça ne va pas ? Tu es devenu fou ? Je t'interdis de me parler comme ça !", Il sait bien qu'Il perdrait pied, instantanément remis en place et qu'ils en rigoleraient tous deux, passant très vite "l'incident" en perte et profit...
Pour un peu, Il s'excuserait presque à son tour, quand d'une petite voix sans le regarder, Elle murmure, lâchant dans un souffle:
"Oui, je sais... Pardon..."
Sûrement ce qui a tout déclenché...
PS: Photo de couple Lizabeth... (à suivre, évidemment !)
10 commentaires:
j'adore quand j'ai du mal à me concentrer sur mon travail ... pour raison de trouble dans l'entrecuisse ... la journée se commence bien et je vous en remercie, E !
"Troubles dans l'entrecuisse"...
On dirait un titre de film X des années 70. Va savoir d'ailleurs si ça n'a pas existé, au passage.
Waldo, la mémoire de l'érotisme franco-belge qui connut pas mal le métier et ses actrices (Bourdon, Lahaie et consort, dans un film de Burd Tranbaree avec les inénarrables moustachus à rouflaquettes entourant Alban et Richard) pourra peut-être nous en dire plus sur les titres de ces films, affichés à l'époque au fronton des cinémas de quartier...
Pour le reste... Bonne journée Clarinette. Have fun.
oh, je te taquinais, Chris...
les liens, les corrections, tout ça... Juste du plaisir et du trouble, comme toujours.
Mais merci...
Encore un joli début d'histoire que tu nous fais goûter, ou l'art de nous laisser sur notre faim.....
A chercher les limites, les trouvera-t-elle ? et si bien au contraire elle ne les trouvait pas....
Hum, retour en fanfare dites moi, chère Q...
Ou alors l'envie de provoquer avant le D Day? Moi aussi je trouve l'expression désuete, mais peu importe la manière dont les choses sont dites si elles sont ressenties... Vous auriez dit quoi?
"Je mouille"? "je coule comme une fontaine"... Vous voyez, les ellipses, ça a du bon...
Poésie quand tu nous tient...
Désuet, finalement me va bien au teint...
Oh ! les vieilles lectrices !! ou simplement une étrangère qui aime bien montrer sa maitrise de la langue française ... :-)))
Trop fière!!....pour ce genre de phrase finale. Lever le nez, plisser les yeux légèrement et après regarder au loin, loin devant soi. Loin devant c'est toujours plus trouble.
Mon cher E
On dirait que tu attires une « clientèle » internationale pour ton blog. Parfois, comme sur ce post, ça bouge bien, la vielle Europe.
isa
"Mémoire de l'érotisme Franco-Belge", tu pousses un peu le bouchon, amigo !... Au demeurant, je ne crois pas que la Belgique ait produit de pornos à la grande époque. Ce que j'ai connu de ce milieu venait du fait que j'avais quitté mon exil et vivais de nouveau à Paris. Alban, Willy Braque et quelques autres ont été parfois des bons copains. Malgré une utilisation intensive de leur mandrin, ce n'étaient pas tous des primates... Les filles non plus. Ah, les soeurs Castel, Cathy et Pony, deux jumelles hallucinantes de ressemblance et qui en profitaient pour se refiler leurs amants!... Des natures... Je dois avoir encore des photos que j'avais faites pour ces deux bougresses.
Quant à Burd Tranbaree, il avait réalisé des films "normaux", pas mal de temps avant, sous son vrai nom, Claude-Bernard Aubert, dont un qui m'avait bien plu qui s'intitulait "Les tripes au soleil". Pas une bluette, certes, mais pas un porno.
Que pourrais-je dire à propos des titres du X ? Je pense que la mode a démarré avec les films de J.M. Pallardy, des films érotiques mais où les coïts n'étaient pas encore cliniquement filmés. Il y eut : "Règlement de comptes à O.Q Coral", et "L'arrière-train sifflera trois fois"... Avec le X, les titres se sont voulus plus racoleurs, et surtout moins marrants, sauf peut-être : "Couche toi dans le sable et fais jaillir ton pétrole"... Mais plus volontiers "Je suis une salope et j'aime ça", "Prenez-moi par tous les trous", ou encore : "Enfilez-moi vite vite je mouille"... Ce dernier réalisé par un vieux pote à moi, et dans lequel je fais une voix off... ( Non, pas plus ).
D'une façon générale, ces titres consternants de bêtise et de vulgarité étaient trouvés par l'équipe de la production, et le réalisateur n'avait rien à voir là-dedans. Des titres nuls, représentant d'ailleurs des films nuls. Cohérent, en fin de compte...
W.
Faire remonter les histoires vraies... Et donner envie aux filles de les vivre à leur tour...
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