17 septembre 2007

À faire: Dreyfus...

347 - Vu hier soir sur NT1, "Éducation anglaise", archi-diffusé nanar érotique datant de 1983, un pur produit destiné aux célèbres soirées M6 du dimanche soir.

Je dis ça, mais le porno du dimanche a disparu de la grille des programmes de cette chaîne depuis un moment déjà et le principe du film de cul concluant la semaine a été repris par d'autres diffuseurs TNT.

Des films formatés pour l'occasion, plus softs et sans voir les sexes, hein... Une suite d'images vaselinées à la Hamilton, éclairages calculés, et autres artifices, mais bon, du cul quand même...

Ils disent que "c'est de l'érotisme pas du porno", vaste hypocrisie qui permet de montrer des filles à poil, et fait que maintenant les réalisateurs de ces petites bluettes tournent deux versions du même film en même temps, une soft pour RTL, W9, TMC et consort, façon "série rose", et une autre hard pour vendre en crypté.

D'une pierre deux coups, si j'ose dire... Résumé:

Dans les années 30, la jeune Sylvie est confrontée à un drame: son père, trahi par sa femme, l'abat ainsi que son amant, puis se suicide. Sylvie est alors confiée à la garde de son oncle, un libertin entouré de deux femmes. L'orpheline échoue dans un collège à l'éducation très stricte où les responsables n'hésitent pas à avoir recours aux sévices corporels pour punir les étudiantes. Pour compenser ces mauvais traitements, les jeunes pensionnaires ont des relations lesbiennes. Sylvie d'abord effrayée, se laisse rapidement initier...

Voilà, c'est posé. Le film d'un certain Jean-Claude Roy dont je parle ici est scénarisé et l'histoire, conventionnelle dans le style des romans des années 30, se tient. Elle contient quelques scènes d'anthologie, l'affaire se passant dans un pensionnat de jeunes filles, forcément maltraitées et souvent toutes nues pour des brimades de toutes sortes, dont quelques (molles) fessées justifiant le titre...

Qui dit "pensionnat" dit "élèves", certes, mais aussi "professeurs", évidemment d'épouvantables pervers parmi lesquels on trouve l'étonnant Jean-Claude Dreyfus, l'odieux boucher de "Delicatessen", déguisé en femme (une grosse, forcément) une bonne partie du film... Une banalité pour cet ancien transformiste de la Grande Eugène...

À le voir aujourd'hui aimable et tout en rondeurs, difficile d'imaginer cette période de sa vie où il jouait au music-hall et au cinéma les échassiers en faux cils et talons aiguilles, après avoir rodé quelques tours de magie dans des cabarets, des prisons et des sanatoriums. Pourtant, à 25 ans, Jean-Claude Dreyfus incarna Erna von Scratch, créature improbable moulée dans les robes de Marlène Dietrich et Sarah Bernhardt, icône de "La Grande Eugène", célèbre revue transformiste des années 70.

"J'étais danseuse, je levais la jambe et montais sur les tables. C'était très arrogant, dangereux et téméraire. Il y avait une espèce de frayeur chez les spectateurs."


Spectacle couru, opéra doux dingue plébiscité par les intellos et étudié à la loupe à l'automne 1973 par la très sérieuse revue Travail Théâtral...

Bref, revenons au film, où l'on croise aussi en plus de Brigitte Lahaie plusieurs silhouettes à la tête connue, (mais dont on ne connait jamais le nom...) des gens venus faire un cachet comme l'inégalable Bernard Musson, second rôle dans d'innombrables films... (dont "la vache et le prisonnier", "le pion" et des dizaines d'autres depuis les années 50)

Allons, l'ensemble se laisse regarder en dépit du rythme lent (ça date d'il y a 25 ans déjà), comme une curiosité sans prétention, et au second degré, c'est fort réjouissant au final...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"Éducation anglaise", je pense que j'en avais déjà parlé il y a 2 ans chez Monsieur No. Le film est en effet tout ce que tu dit, mais bizarrement il m'a aussi stimulé l'imagination. Il y a un climat, une ambiance, et puis ces corps nus dans la salle de douche...
Bon, ça manque un peu de fessées mais on ne peut pas tout avoir !

Erik A. a dit…

Sans doute en avais-tu parlé "ailleurs", mais d'une part j'en parle parce que je viens de le voir et d'autre part parce que les gens qui viennent ici ne connaissent pas nécessairement l'oeuvre de NO et ses recherches en la matiére par ailleurs plutôt bien faites...

Pour le reste, tu as sans doute raison puisque je l'ai regardé en entier alors que je pensais n'en voir que quelques minutes...