575 - Assise sur une grosse pierre plate au bord de ce petit lac de montagne, Elle parle sans s"arrêter, volubile et enthousiaste...
À ses côtés, Lui l'écoute et la regarde tendrement. Elle est belle. Il se sent beau à ses côtés. Il l'aime... Elle l'aime aussi. C'est leur dernier jour ensemble. Ils le savent mais n'en parlent pas, le lendemain, ils se séparent à nouveau, pour rejoindre leurs vies respectives.
Pour de bon...
Reste une nuit... Lui ne le sait pas.
Ils sont montés jusqu'au lac en cette après-midi ensoleillée, espérant trouver un peu de romantisme et l'endroit désert, mais le brouhaha des conversations des nombreux promeneurs du dimanche qui ont eu la même idée qu'eux l'emporte tristement sur le chant des oiseaux... Des beaufs, partout, qui s'interpellent mais ils ne les voient pas.
Elle et Lui sont ensemble depuis déjà deux jours pour cette nouvelle fugue et comme à chacune de leurs rencontres, l'osmose est totale.
Alternance de tendresse, de fou-rires, de complicité, d'amour, de jeux et de plaisirs troubles qui ont trouvés leur paroxysme lors de la première nuit, dans cet hôtel qu'Elle a choisi pour lui faire une belle surprise. Une terrasse au dernier étage (qui leur servira en pleine nuit à faire l'amour au vu et au su de tout le monde, sans que nul ne les aperçoive), un puits de lumière et un grand lit...
Après leur tendre balade en amoureux dans la vieille ville, ils sont rentrés à pied à l'hôtel...
Et c'est là, dans cette chambre au dernier étage, pour exorciser une grosse bêtise de la vie dont les éventuelles retombées la rongent et la détruisent à petit feu, qu'Elle lui a demandé à brûle pourpoint au beau milieu de la nuit de la punir "pour de vrai", sans ménagement. Les yeux baissés, oppressée et le cœur battant.
Sait-Elle que le sien à Lui bat si fort aussi ? Il en est sûr...
On est bien au-delà du jeu, cette fois.
Bien réveillé, Il la regarde, tête obstinément baissée et les cheveux cachant partiellement son visage aux yeux clos. Rouge, Elle est envahie par une honte tenace qui ne s'évaporera en partie que s'Il se décide...
Il a hésité quelques secondes. Mais Il sent qu'Elle a vraiment besoin de cette fessée "au-delà du magistral". Il l'a pourtant déjà corrigée quelques heures plus tôt, à plusieurs reprises. Dont une fois bien plus forte que lors de leurs rencontres précédentes...
Seulement, Elle sait qu'Elle n'arrivera plus à s'endormir s'Il ne s'exécute pas, maintenant... Elle est fébrile, veut quasiment "expier". Avoir mal. C'est Elle qui décide, qui demande. Il est deux heures du matin... On se fout des voisins, du bruit des claques...
Alors, parce qu'il sait qu'Elle ne reculera pas, Il l'attrape par une oreille et la traîne toute nue jusqu'à une chaise sur laquelle Il s'assied, posément...
... Et Il la fesse !
Elle n'a pas hurlé comme Il l'aurait souhaité, a serré les dents sans laisser échapper d'autres sons qu'un gémissement de temps à autre quand la douleur est trop forte.
Elle ne s'est pas dérobée aux claques terribles qu'Il lui a appliquées sans la ménager (ce qu'Elle ne voudrait pas, de toute manière...) durant de longues minutes...
Mais Elle a éclaté en sanglot sitôt la punition terminée. Sur ses genoux, assise et secouée de larmes réelles, les bras autour du cou de son Homme, la voilà qui pleure, toute honte bue...
Ce n'est qu'ensuite, enfin, qu'Elle dormira dans ses bras, sereine et apaisée. Sans fantômes. Pardonnée.
"Chuis contente... C'est rigolo, hein ?"
4 commentaires:
Je dois vous dire que c’est un de vos plus beaux textes ; il y a l’empreinte d’une nostalgie qui me terrasse.
Car vos mots, infailliblement, rejoignent les miens, parfois même mes pensées ; tant de fois je me suis sentie ‘bien plus belle’ dans ses yeux et inversement ; ‘bien plus amoureuse’ parce que infiniment aimée. C’est le privilège « d’exquises » rencontres.
Bien plus qu’une histoire....
Chère Nush, qui me connaissez bien, l'empreinte que vous décelez entre les mots est forcément réelle et "vécue". "Nostalgie" ? ou tristesse du temps qui passe irrémédiablement ? Sans doute...
Elle et Lui existent forcément dans le vécu de chacun d'un tant soi peu capable d'aimer. D'où les résonances inévitables et les assimilations personnelles..
Parce que parfois, on ne peut se résoudre à apposer le mot "fin" sur une histoire d'amour ou de passion véritable, celle qui vous est tombée dessus alors que vous ne cherchiez (sans chercher) qu'un jeu érotique inavouable, une complicité partielle, des plaisirs interdites mais partagés. Et vous voilà sans crier gare, pantelant, amoureux, heureux...
... Mais aussi fébrile et profitant de chaque instant, de chaque seconde, de chacun de ses souffles... Veiller sur son sommeil après le plaisir avant de retrouver son sourire. Et de lui offrir le vôtre.
Parce qu'on enrage que la vie vous entraîne dans une direction que vous ne voulez plus suivre, parce que, parce que... Vous savez que c'est avec CET homme, CETTE femme que doit se poursuivre votre route.
Le retour à la "réalité", au "raisonnable" qu'on ne veut plus vivre parce qu'on sent bien qu'une page s'est tournée et que l'avenir est ailleurs, avec Elle, en laissant faire le temps... Si Elle le veut.
"Bien plus qu'une histoire", dites-vous ? Vous avez raison.
J'ai été "infiniment aimé"... Et vous savez quoi ?
... Je veux l'être encore !
Ah l'Amour.... ! mais hélas !on est jamais aussi mal protégé contre la souffrance que lorsque nous aimons passionnément , personne n'y échappe ! les histoires d'amour ne devrait jamais avoir de fin
E , très beau récit .
Aqua .
bien sûr qu'elle le veut... elle est patiente.
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