"J'ai les chocottes, tu sais..."

603 - C’était écrit. Une quatrième rencontre entre eux…

Oh bien sûr, avant, Elle avait un temps essayé de fuir cette emprise amoureuse dérangeante et inattendue qui leur était tombée dessus sans les prévenir.

Libre et prête pour une belle histoire, Elle s’était aperçue que la double vie de son amant allait probablement la faire souffrir plus que de raison s’ils continuaient à vivre leurs parenthèses privilégiées.

D'ailleurs, Il lui avait dit dès le début que si Elle devait pâtir de leur relation, il serait préférable qu'Elle n'hésite pas à tout arrêter.

L'idiot ! L'imbécile... Du coup, obéissante quand ça l'arrangeait, Elle la rebelle l'avait cette fois suivi au pied de la lettre !

C’est au retour de la troisième rencontre qu’à peine sorti du train et rentré chez lui, il avait trouvé un long mail dans sa boîte.

Triste et résignée, Elle lui avouait l’aimer et avoir éprouvé des sensations inédites inoubliables. Elle disait aussi sentir intensément son cœur battre à chaque seconde passée avec Lui, comme jamais auparavant. Mais...

... En dépit de tout, Elle ajoutait vouloir arrêter là, souffrant trop de le savoir ailleurs, reparti dans une autre vie qu’Elle ne partageait pas…

Voilà, c'était écrit noir sur blanc, il n’y aurait pas de suite à leurs escapades.

Ça l'avait assommé. Ils ne s’étaient croisés la première fois que pour vivre des émotions interdites, troubles jeux réservés aux adultes, des choses qui font battre le cœur, fantasmes réalisés qu’on sait ne pouvoir vivre qu’avec quelques initiés… Des expériences fessophiles partagées en toute confiance entre personnes de “bonne compagnie“…

Et puis... Ils s'étaient pris au jeu.

L’amour n’était pas au programme, mais parfois les choses nous échappent sans qu’on n'y puisse rien faire.

Leurs autres rencontres n’avaient fait qu’accentuer le plaisir immense qu’ils ressentaient à passer du temps ensemble.

Jusqu’au jour où…

Il ouvrit les yeux, mettant quelques secondes à réaliser où Il se trouvait. Inquiet, Il tendit le bras dans l’obscurité…

Sentant la chaleur d’un corps endormi et apaisé, au souffle régulier, juste à quelques centimètres de lui, Il esquissa un grognement de satisfaction. Repu…

Elle était là. Reconquise.

Ils étaient restés en contact un mois durant après la “séparation“, ne pouvant se résoudre à arrêter tout complètement. Il lui avait laissé toutes les portes ouvertes sans arrière-pensées, et peu à peu le besoin, l’envie et les désirs avaient été plus fort que la “raison“ par Elle évoquée pour justifier sa fuite. On ne peut rien contre l'amour.

Retrouvailles un peu timides dans les toutes premières secondes…

Sorti du train et la retrouvant à l'extérieur de la gare, Il l’avait aussitôt prise dans ses bras, l'embrassant avec chaleur en la voyant un peu gauche debout à quelques mètres de sa voiture.

Souriante mais embarrassée, ne sachant trop quelle attitude adopter, ni que faire de ses mains, Elle lui rendit un baiser chaste, avant de l’enlacer à son tour, un peu timidement et sans excès…

Dans la voiture, Elle conduisit sans le regarder, en commentant le trafic dense de ce vendredi après-midi, tout en parlant vite, craignant sans doute de le voir prendre la main trop rapidement, évitant du coup sujets ou allusions trop brûlantes… Tournant autour du pot.

Amusé, Il s'en rendit compte et eut soudain l'impression curieuse d'être le Grand Méchant Loup, venu croquer le petit Chaperon Rouge.

Elle avait "les chocottes" ?... Sa phrase favorite, comme un gimmick entre eux par SMS interposés...

Se pourléchant les babines d'avance, Il décida d'en jouer.

Ils avaient décidé de passer deux jours ensemble dans un endroit neutre et sans programme particulier...

... Avec la galette et le petit pot de beurre.

(à suivre)