24 septembre 2008

Lien distendu...

711 - "Le lien"... Ce livre de Vanessa Duriès est désormais considéré comme un "classique" de la littérature érotique sado-masochiste... Est-ce dû à son destin tragique entraînant son cortège de mythes et légendes qui en fait une icône du SM, ou plus prosaïquement à ses qualités d'écriture ? On ne le saura jamais.

"O" moderne, ("histoire d'O" date de 1956...) Vanessa Duriès est l'auteur de ce livre-culte encensé par la critique et traduit dans une dizaine de pays... Récit troublant de la passion et de la douleur, Le Lien nous raconte l'amour paradoxal que Vanessa voue à Pierre, son premier amant et son initiateur en domination.

Plongée dès sa première expérience sexuelle dans un univers érotique extrême, elle analyse parfaitement le lien ténu qui unit, dans la souffrance et l'humiliation, la soumise à son maître. Ce qui peut paraître choquant dans ces séances de domination devient, pour Vanessa, une preuve naturelle et indiscutable de sa passion amoureuse.

L'Étudiante est le texte qu'elle écrivait lorsque la mort l'a fauchée.

Vanessa
avait confié les premiers chapitres d'un roman où elle voulait mettre en parallèle sa sexualité hors-normes et sa vie d'étudiante bordelaise.

Dans ce récit inachevé, on retrouve la franchise de la jeune fille lorsqu'elle raconte ses "séances", mais aussi son éveil aux émois plus sages des étudiants de son âge, émois qui l'amusent et la troublent en même temps, lui faisant analyser avec lucidité le milieu SM.

Rappelons que la jeune femme écrivain est morte il y a presque quinze ans dans un accident de voiture dans le Midi de la France.

Elle n'avait que 21 ans...

"Une cravache noire me cingla brusquement avec une telle violence que je poussai un véritable rugissement.

Il est connu que l'alternance de la douceur et de la violence contribue à dresser les esclaves réticentes, mais moi, pauvre débutante désireuse de bien faire pour le bonheur de mon Maître, je ne savais rien de tout cela et crus être punie pour une faute commise à mon insu.


Aurais-je déplu par ma position ?

Mon regard, malgré moi, se serait-il montré insolent ? Ma bouche, sans que je le veuille, aurait-elle laissé imaginer que je puisse contester les épreuves ? Avais-je le droit d'implorer pitié ? Ne pouvais-je présenter mes excuses à mon Maître et à ses hôtes ?


La rigidité de la cravache enflammait mes reins et mon dos. Les coups lacéraient ma chair, me procurant de lancinantes sensations de brûlure. J'avais perdu l'habitude du fouet, dont j'avais été privée depuis un bon mois.

Pierre me promettait quelquefois de me fouetter, comme s'il s'agissait d'une récompense. Je me mis donc à attendre la cravache comme un témoignage de satisfaction : qu'importe alors qu'il s'agisse de la satisfaction du maître ou de l'esclave.

Insensiblement, la douleur parût s'atténuer pour laisser place à une sensation de plaisir diffus, qu'il m'est difficile d'expliquer: sans doute peut-on la comparer au sentiment que l'on éprouve lorsque l'on retire une écharde du doigt, et qu'au travers de la douleur intolérable on entrevoit le soulagement.

Les coups devenaient plus légers, plus dirigés, je compris soudain que j'allais jouir.

Lorsque la tige de la cravache m'atteignit exactement entre les cuisses, sur le renflement du pubis, j'éprouvai la grande et délicieuse honte de me laisser aller à gémir, en fléchissant légèrement les jambes pour serrer mes cuisses, et je connus un orgasme qui enchanta mon Maître et ses hôtes..." Le lien- © Vanessa Duriès

Le parallèle avec "Histoire d'O" est assez saisissant...

"Andromède enchantée" (ou est-ce "enchainée" ?) © Tamara de Lempicka - 1929

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je n’ai pas lu ce livre, non plus. Mais je connaissais l’histoire tragique de l’écrivain.
Et les extraits que j’ai pu parcourir me semblent être de la prose de bonne facture.
Il faudra vraiment que j’établisse une liste de nécessaires lectures érotiques.
Cet été et par le plus grand des hasards j’ai lu ‘La proie et l’ombre’ de Edogawa Ranpo (la bibliothèque de la ville avait mis à l’honneur la littérature japonaise). Mélange de deux types de littérature ; le genre policier et le genre érotique. Mais l’érotisme est dans ce cas très effleuré, évoqué plutôt que décrit. Ce livre a été adapté dernièrement par Barbet Schroeder sous le nom de ‘Inju, la bête dans l’ombre’.
Par ailleurs, "Andromède enchantée" est aussi ‘enchaînée’.