29 novembre 2008

Il aurait fallu, sans doute... (2)

812 - On ne peut pas dire qu'elle lui donne des signes d'encouragements.

Dans la voiture, elle choisit d'autorité la musique et met l'autoradio à fond, histoire d'éviter de causer. Il a vainement tenté d'entamer une conversation, mais devant ses réponses en monosyllabes, a laissé tomber.

En bon amoureux transi, il met ça sur le compte du stress d'une semaine éprouvante et conduit pendant les 250 bornes de leur périple avec de temps en temps un sourire énamouré dans la direction de sa voisine... Laquelle lui rend un sourire-réflexe de commande plutôt crispé et se replonge aussitôt dans l'observation attentive du paysage qui défile le long de l'A 13.

En lui tournant le dos, ostensiblement.

Elle est arrivée au lieu de rendez-vous, une petite gare des Yvelines, en blouson et jean avec un sac de voyage bien rempli et des lunettes de soleil qui lui mangent la moitié du visage, cachant son regard. On dirait une grosse mouche, du coup.

Elle n'ouvre pas la bouche, fume cigarette sur cigarette. Lui qui déteste ça !

Dans cette ambiance confinée et avec les vitres fermées, les yeux le picotent et ses lentilles n'apprécient guère, mais il ne dit rien, stoïque. Ne pas la contrarier, surtout...

Ça va pas être simple, mais il préfère penser que c'est juste une "épreuve" qu'elle lui impose, des codes à suivre pour la conquérir selon des règles d'une Carte du Tendre typiquement féminine. Elle doit avoir besoin de décompresser, se détendre, elle a accepté, pas question d'en rajouter et de lui mettre la pression...

Elle a à peine jeté un regard sur le bouquet de roses rouges (31 roses, son âge à elle, une fortune) qu'il lui a tendu avec un sourire bien niais sitôt son arrivée. Un merci jeté du bout des lèvres et elle a balancé les fleurs sur la lunette arrière en rangeant son sac dans le coffre de la petite voiture de sport noire.

Ils arrivent. L'air de la mer, l'iode, tout ça...

Ouf, elle trouve l'endroit joli, semble emballée par le charme de la minuscule ville coincée entre ses deux falaises blanches et se détend en découvrant l'appartement. Le benêt prend ça pour un compliment qui lui serait destiné et remercie bêtement, tandis qu'elle dispose ses crèmes et ses produits de beauté dans la salle de bain.

Il reste à peine de la place pour sa brosse à dents, une fois qu'elle a tout déballé. Il part faire quelques courses, seul puisqu'elle dit être crevée par la route. Elle s'empare du téléphone d'autorité, sans demander...

- "Euh, t'appelles pas l'étranger, quand même ?" dit-il sur le départ, depuis le pas de la porte, faisant mine de plaisanter, mais plutôt inquiet. La ligne, c'est ses parents qui payent et il se méfie un peu, la sachant bavarde. Et avec une partie de sa famille vivant en Italie...

-"Dis, joue pas les radins, tu veux ? J'ai horreur de ça ! J'appelle mon fils, tu vas pas me faire une scène ! Oh, et puis c'est bon, je te payerai, hein... Tu me diras ce que je te dois ! File, les magasins vont fermer !"

Prenant l'air excédé et sans plus le regarder, elle se dirige vers la chambre avec le gros téléphone orange à cadran, tirant sur la rallonge à enrouleur et l'envoie sur les roses (au fait, elles traînent toujours sur la lunette arrière...) avec un geste vaguement méprisant.

Mine agacée, elle rompt le dialogue, s'allonge à plat-ventre sur le lit et compose un numéro en lui tournant le dos, avant d'entamer une conversation animée en italien sans plus se soucier de ce qui se passe derrière elle. À la dérobée, il lui mate le cul, histoire de se donner une contenance. Rond, ferme, attirant, palpitant sous le jean, mais parti comme c'est, pas sûr qu'il le voie de près...

Il sait déjà qu'il n'osera pas demander et ne verra jamais la couleur de ses sous, mais espérant toujours découvrir celle de sa petite culotte plus tard dans le week-end, il ne moufte pas et file chez le traiteur.

Ah, oui, en plus, elle l'a prévenu: elle déteste faire la cuisine.. (à suivre)

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle peste cette fille... Comment peut-on s'enticher d'un truc pareil ?

Anonyme a dit…

Une garce d'un côté, une carpette de l'autre!

Erik A. a dit…

Carpette non... Un peu "con", oui...

Mais quelqu'un qui pense être amoureux et qui accepte beaucoup en pensant arriver à ses fins et révéler des trucs à la dame qu'il excuse surtout parce qu'elle lui a dit avoir été blessée par la vie, et donc avoir besoin de temps...

Anonyme a dit…

Curieux, je ne pensais pas que tu étais attiré par les garces Stan....

Anonyme a dit…

Elle est très froide, trop pour être une véritable peste, je crois ! A un moment ou un autre la carapace va se briser, lui permettant à Lui d'arriver à ses fins ou bien réussira t-elle à rester aussi insensible jusqu'à la fin du week end ?

Erik A. a dit…

@ Panaché: les garces ne m'attirent pas du tout. Probablement en partie depuis cette histoire, d'ailleurs...

Fallait un déclic salutaire.

Anonyme a dit…

On apprend de ces situations là. Il fût un temps j'ai été cette garce là. Il fût un temps j'ai été la conne qui acceptait que l'autre se conduise irrespectueusement. Mais la vie nous envoit de sacrées claques pour comprendre ce qu'on refuse de comprendre...autrement.

Maintenant...quand j'ai quelqu'un en face de moi...je m'efforce de ne pas oublier qu'il peut être aussi sensible que moi. Ce qui n'empêche pas les "affrontements" parfois. Mais si je suis allée trop loin...je m'excuse. Mais là, tu vois, cette jolie garce de ton histoire, j'ai bien envie que tu la secoue un peu.

J'ai honte de lire noir sur blanc ce que j'ai pu être parfois. Même si c'est un lointain passé.