11 juin 2009

"Plaisirs de femmes"...

1045 - J'aime bien ce livre, certes inégal mais avec de jolies perles. Des récits érotiques, voire plus, écrits par des femmes. Qui savent de quoi elles parlent.

Relu récemment ce bouquin qui est dans ma bibliothèque depuis des années. Il se trouve que la première nouvelle proposée par Marie Boman s'intitule "la fessée"...

Ça ne vous étonnera pas, je m'y suis intéressé.
De très près. Extrait:

"La communion était parfaite, pas de fausses notes ce soir !

Le spectacle que nous offrions aux yeux fascinés d'Antoine devait être réjouissant, vaguement obsolète. La guêpière noire très échancrée dans les reins, les fesses dévoilées, offertes, le ruban des jarretelles, les bas résilles, les chaussures à brides...

Une femme à plat ventre sur les genoux d'un homme. Son bras levé, pour une dernière claque...

Je me souvenais d'une image presque identique si ce n'est les pantalons blancs de coton et dentelle. Vieille réminiscence d'une carte postale entrevue chez ma grand-mère. Mais la fessée m'était donnée par mon amant sous le regard de mon mari...

Cocasse, décalé, troublant !

Cette vision produisit tout au fond de mon ventre une convulsion aiguë qui m'inonda d'un plaisir inconnu. Je plaquais alors mes deux mains sur mes fesses, mettant un frein à ton exaltation. Pantelante, je soufflais un peu et goûtais l'incendie liquide au cœur de mon sexe. Tu me caressais doucement, pour effacer la rigueur des claques. Ta main plus fraîche semblait un baume apaisant. Tu avais entrepris un massage plus large. Je frissonnais d'aise sous tes doigts si tendres, qui dispensaient de légères caresses fugitives, vaporeuses sur ma chair veloutée, tendue d'un rose ardent.

Oui, j'avais maintenant envie de douceur, d'amour tendre, évanescent.

Tu m'as retournée, effleurée de ton sexe bandé quelques minutes encore, puis une lente reptation aimantée t'a amené au bord de ma palpitation, tu m'as pénétrée. Tu t'imposais des saccades lentes, profondes pendant que nous nous embrassions et que nos langues se caressaient. Antoine nous avait rejoints, il murmurait des douceurs à mon oreille attentive.

- "Mon géranium préféré, mon hibiscus, ma rose ardente."

- "Ton cul est rouge comme une savoureuse fraise des bois."

- "Tout à l'heure, j'écarterai tes tomates juteuses et te ferai jouir comme jamais. Est-ce que Thierry te baise bien ? Suce-moi en même temps !"


Plaisir rare que de faire jouir deux hommes à la fois, un dans mon sexe, l'autre dans ma bouche. (…) Je sentais battre contre mon sexe les billes dures de tes testicules. Mes fesses brûlaient et tes mains accrochées aux lobes me rappelaient leur outrage. Un violent orgasme secoua Antoine et un goût onctueux envahit mes papilles…"

On y trouve aussi un texte ultra-violent mais très malin et bien foutu, courte nouvelle, six pages d'une écriture nerveuse et précise, sans la moindre concession...

"L'amitié féminine"
de Marie-Jeanne Marti me fait un peu penser à du Virginie Despentes. Pas sûr que la comparaison plaise à l'Auteure...

Extrait: "La fessée" © Marie Boman - Éditions Blanche

3 commentaires:

janebella a dit…

Merci de cette recension que je viens de découvrir en passant par là...
je ne renie pas Virginie Despentes, je suis juste moins désespérée qu'elle en dépit des apparences.
Plus charnelle et hédoniste aussi, vous qui me connaissez un peu. Cependant c'est vrai que "L'amitié féminine" est assez trash...Voyez aussi "L'apprenti" dans le recueil 2007 "Extases de femmes" carrément truculent.
Au plaisir de continuer à vous lire (la nouvelle lyonnaise du 14 juin est très belle).

Erik A. a dit…

Merci JaneBella. Effectivement c'est bien parce que je vous connais un peu que je me suis permis ce clin d'oeil private joke en redécouvrant avec surprise que vous étiez partie prenante de ce livre, depuis des années dans les rayons de ma bibliothèque... Six pages seulement, mais quelles pages !

J'ai aimé la verve, l'écriture sauvage et trash, les dialogues et la verdeur. je le prends pour une fable moderne et je vais lire "l'apprenti" de ce pas...

Merci du compliment, venant de vous dont je sais l'exigence en tout, je suis touché. J'essaye juste de faire passer les émotions ressenties. Parfois ça marche parfois non. Ce blog est avant tout un exutoire personnel, je vous l'avais dit.

(et pas un "papier attrape-mouches",hein. sourire. Quoi que...)

Erik A. a dit…

Ah, en fait "l'apprentie" le mot est au féminin, sorry.