13 avril 2010

" ... Que les draps s'en souviennent..."

1625 - "J'ai encore rêvé..." Et la voix de Joëlle.

Depuis quelques mois, ses plaisirs solitaires sont liés à un étrange imaginaire SM qui ne veut pas dire son nom. SM soft mais très présent et qui lui devient - à sa grande crainte - de plus en plus indispensable. Hélas ?

Désormais, Madame rêve de fessées toutes les nuits, de corrections exemplaires données par cet inconnu qui - avec son accord tacite - se joue d'elle à distance par écran interposé. Des punitions qu'elle appelle de ses vœux, de véritables raclées qui la font frémir et lui laisseraient des marques, l'empêchant de s'asseoir sans y penser à chaque instant...

Ça reste possible "en vrai" mais pour le moment, elle se satisfait de cette "distance" entre eux, qui permet de vivre des émois sans être perturbée au-delà de ses envies. Elle n'est pas débordée par ses désirs. Et maîtrise sagement son égocentrisme érotique. Lui aussi.

Pourtant, elle se surprend de penser de plus en plus à cette sauvagerie et frénésie sensuelle quotidienne qui s'exprime ainsi chez elle, si sage en apparence. En apparence seulement. À l'intérieur, elle bout littéralement de désir. Un volcan. De la lave en fusion. Elle a même un peu peur que ça ne lui devienne indispensable, d'y prendre trop goût pour revenir en arrière et pouvoir quand elle le souhaitera redevenir sage, un jour...

Demain, ou dans longtemps...

Un point de non-retour ? Motivée par un catalyseur masculin qui a su comprendre ses fantasmes, les partage et l'entraîne, elle se laisse glisser.

Loin...

Ils aiment peut-être cette virtualité pour ce qu'elle apporte de rêve, tout en leur permettant ensuite de redevenir plus terre-à-terre, "raisonnables" dans une vie de tous les jours. Ils s'offrent impunément et à bon compte un moment d'évasion, de trouble calculé insoupçonnable par l'entourage, une parenthèse pour calmer leur libido.

Et puis ils ferment l'ordinateur pour passer à autre chose. La porte du jardin secret s'est refermée jusqu'à la prochaine fois.

Et c'est très bien ainsi.

Vous, moi... Au fond, combien sommes-nous à pratiquer de la sorte, régulièrement ou occasionnellement ? Je l'ignore. L'irruption insidieuse du net dans les foyers a bouleversé durablement et en profondeur nos habitudes sexuelles et les pratiques usuelles traditionnelles. Il y a eu les années "réseau", le boom du Minitel, des 3615 et des numéros de téléphones surtaxés, mais c'était la préhistoire...

Aujourd'hui, SMS, messageries, forums et blogs permettent de nouvelles façons de s'aimer, de se désirer, d'exalter ses désirs les plus enfouis, en toute impunité, facilement, presque...

On appelle ça le progrès...

16 commentaires:

K a dit…

Love the art!

Stan/E. a dit…

Thanks, Kat. I always try to find pics, that one is a photo reviewed by me with some Photoshop filters.

Amoureuse a dit…

Vous auriez pu mettre le lien de la chanson de "j'ai encore rêvé d'Elle".

Alors, oui je vis une histoire de ce genre. Elle m'apporte et m'enrichit. Je ne m'en cache pas ni ne le met pas en avant. Elle existe parce que je me suis laissée porter sans réfléchir. Parce que je suis assez raisonnable dans la vie et que j'avais ce besoin d'ouvrir une bulle secrète, une petite vie parallèle qui n'enlève rien à ma réalité mais qui m'apporte un équilibre.

Quand je dis que cela ne m'enlève rien, c'est vrai. J'ai cru à un moment que de donner un peu de moi à un autre que mon compagnon c'était lui enlever cette partie là qui lui revenait légitimement Mais non. Cette partie là est délaissée. Il ne semble pas en vouloir. Devrais le quitter pour autant? Je tiens à lui et à cette vie que nous partageons.

Alors cet Amant virtuel qui sait si bien me réveiller, révéler? je joue avec lui, le temps que ça durera je ne sais pas, je ne projette rien et je ne tiens pas à projeter.

Bien sûr que dans l'absolu je voudrais avoir tout en un seul homme. Mais ce n'est pas le cas, je l'aime trop pour le quitter et je m'aime assez pour penser à moi.

La virtualité est pour l'intant ma solution.

Stan/E. a dit…

Joëlle et le groupe "il était une fois"... Pour moi, "les draps qui s'en souviennent" doivent avoir été lavés vers 74, autant que je m'en souvienne. Osé, pour l'époque avec des paroles évoquant ouvertement la masturbation.

Et les cartes de France.

Et les litres de sperme que les ados en mal d'amour dont je faisais partie devaient déverser chaque nuit.

Que de frais de blanchisserie ! De lessive, Ala aux enzymes "gloutons" (voraces petites bêtes, reines du marketing)... C'était le bon temps.

Stan/E. a dit…

@ Am: pour le lien, c'est fait.

petite française a dit…

C'était le bon temp ??? ça alors, je ne vous aurais pas cru nostaligue.

Je crois que la masturbation n'a pas grand chose à voir avec le manque d'amour, surtout lorsque l'on est ado. C'est plutot la difficulté de concilier sentiment amoureux (idéal) et acte sexuel (trivial) qui incite à la masturbation.

Mais cela me permet de rebondir sur le "virtuel" objet de votre billet. Virtuel bien réel dans les émotions et les sensations. Même si elles sont masturbatoire.

Les échanges électroniques, tous les nouveaux outils, sont des moyens de communiquer. De porter attention à l'autre mais aussi de se livrer à un exercice narcissique (en particulier le blog).

Le danger est d'apporter plus d'importance au virtuel qu'à son entourage. Une forme de fuite. Le même genre de fuite que celle que l'on retrouve dans certaines manies, voire des addictions.

La liaison 'virtuelle' lorsqu'elle reste ainsi, est idéale, elle ne se confronte pas au trivial de l'échange charnel. Elle ne s'incarne pas au sens littéral du mot.

Je ne sais pas dans quelle mesure elle n'est pas une forme de masochisme, de frustration mutuelle. Elle n'épargne pas du sentiment de culpabilité, de trahison.

Elle n'en est pas moins sans valeur.

Après tout, des tas de correspondances ont existé entre des gens plus ou moins célèbres, qui sont de véritables oeuvres littéraires mais aussi des expériences humaines.

Il y aurait en fait beaucoup à dire sur ces liaisons... dangereuses.

B

Sam a dit…

Correspondre ... on peut se perdre dans le virtuel ... on peut aussi se révéler ... avancer ... l'important est de ne pas rester dans l'impasse ... ça peut secouer ... on peut y toucher une part d'essentiel de nous-mêmes ... apprendre ...

@Am : "Je ne projette rien et je ne tiens pas à projeter". Oh combien je suis d'accord avec cette philosophie, même si j'ai (parfois) du mal à l'appliquer. Mais je me soigne.

PS : ça ne s'invente pas : le mot clé Google pour valider ce com' est : saddisms ! Rire ! Stan, tu as des actions chez Google ? ;-)

Manioc a dit…

Et moi c'est "surgel"! NON, je ne suis pas surgelée.
Post très intéressant, Stan; les commentaires aussi.
N'aviez-vous pas promis un dessin de vous par semaine?

Stan/E. a dit…

Intéressant débat sur la virtualité quand elle se confronte au réel de chacune et chacun d'entre-nous...

@ Am: Une "bulle secrète". Pour moi qui suis proche de la BD, voilà qui me cause plus que de raison et que je m'amuse à imaginer sur une planche à l'encre sympathique. J'aime bien aussi cette "vraie vie" pas "parfaite", mais aimante et sincère, malgré une autre en parallèle que vous évoquez là. Tout en sachant que ce n'est pas la façon de faire la plus simple et la plus en accord avec ce qu'au fond j'aime le plus dans mes échanges amoureux: pas si facile de concilier amour (s) et envie(s)...

Conjuguer "je t'aime" au passé, au présent... et au futur.

@ Petite Française: Nostalgique et sans regrets. Mais j'aime bien relire mon passé, mon vécu. Et les "liaisons dangereuses". "Vénéneuses mais pas venimeuses", je l'ai déjà évoqué. Faire battre son cœur, et le mien. Aussi.

"C'était le bon temps" ne veut pas dire que tout est fini et qu'il n'y a plus rien de bon désormais, hein...

Nush a dit…

Deux sujets qui se télescopent : la masturbation et la virtualité.
L’un qui découle (dans ce cas précis) de l’autre. Curieusement j’utilise fort peu mes contacts virtuels pour assouvir mes envies masturbatoires. Le support est rarement là, mais ailleurs ; dans des ‘bouts de ficelle’ de réel, des miettes d’imaginaire(s) qui me sont propres.
Je n’ai jamais compris ces hommes ou ces femmes qui se caressent en lisant des histoires érotiques ou en regardant un film pornographique. Mon cerveau n’est pas aussi ‘rapide’. J’ai besoin d’un temps d’adaptation. Après. Pas pendant. Mon imagination recueille des fragments et en fait des miscellanées singulières qui m’emportent dans une chimère jouissive.
Les relations virtuelles me rendent à mon insatisfaction. Pour ma part (et ma maigre expérience) elles n’ont pas la saveur et la force du concret.
Sans doute aussi, parce que, le peu de rencontres que j’ai vécu issues de ce nouveau médium ne m’ont pas convaincue de leur force, de leur devoir de persistance et même de leur intérêt.
Néanmoins je dois être honnête et dire que j’ai vécu une histoire de deux ans avec un homme rencontré dans un forum qui m’a enrichie, complètement, d’une manière extraordinaire. Embellit érotiquement parlant mais aussi, et surtout, intellectuellement.
Un hasard plutôt rare ; d’autant plus que c’était la première rencontre avec un parfait inconnu. Mais notre histoire n’a pas survécu aux contingences de vies ‘réelles’ séparées. C’était une ‘folie’ et j’en garde un souvenir enchanté.

Céline a dit…

Tout comme Amoureuse, j'ai vécu une relation virtuelle pendant un peu plus d'un an. J'avais besoin de me confronter à certains de mes fantasmes mais sans aller jusqu'au bout...

Cette relation secrète était excitante et culpabilisante. Je laissais à un homme inconnu des droits que je ne donnais pas à Chéri.

J'ai aimé les moments où cet homme me transportait dans une autre réalité. Ses rendez-vous cachés m'appartenaient et je m'apprenais sans Chéri.

Cette virtualité réelle m'a permise de mieux me connaitre et de savoir ce que je voulais vraiment au sein même de mon couple.

Erik A. a dit…

@ Manioc: si si, je dois dessiner des choses... Me faudrait un modèle.

Manioc a dit…

Quand je lis "les litres de sperme", je rigole car ça me rappelle un dessin où deux vaches coincent le fermier, lui baissent le jean et le slip et appellent les autres : "amenez la trayeuse!"

Stan/E. a dit…

@ manioc: Des litres, c'est probablement un peu excessif... Je connais le dessin, tiens.

Am' a dit…

Oui, enfin j'imagine que vous parliez d'un orgasme collectif, en parlant de litres !

So a dit…

Un billet qui m'évoque la chanson Pomme C de Calogero (vous qui êtes sur Mac, vous devez encore mieux comprendre cette chanson avec ses astuces qui ne me sont pas familières pas avec mon pc, ne serait-ce que le titre).

Aimer "à distance", c'est quelque chose que j'ai très sincèrement un mal fou à concevoir. J'aime sentir l'odeur de sa peau, le toucher fort, très fort même, pendant qu'on s'aime...
Sans doute un pis-aller ??? Sans chaleur la humaine, sans le contact. Quelque chose de l'ordre de l'auto-érotisme ?? L'autre étant virtuel et donc impalpable...quasi inexistant...

J'espère ne déranger personne par ma réaction qui est tout à fait personnelle. Pas rodée à ce genre d'entrée en contact, sans être en contact réel justement, je reste très sceptique quant à la valeur des liens qui peuvent se créer de façon virtuelle tant qu'on ne leur donne pas vie dans le réel, sans parler nécessairement amour ou sexe comme il est question dans votre texte, mais d'une façon plus générale, quelque soit le type de relation qui peut s'établir. A mon sens, une relation virtuelle entre 2 individus n'a d'intérêt que si elle sert de trait d'union jusqu'à leur prochaine rencontre.