J'avais demandé aux filles de faire leur version. Le côté "vu par". Ici, c'est le texte de Nush...
"Assise en face de lui, elle écoutait vaguement le bruit de la conversation. Parfois un éclat de rire se distinguait. Partager le dîner de vieux collègues qui se retrouvent lui avait semblé une bonne idée. Mais ce n’était pas son univers à elle et son regard se détournait vers le décor romantique et désuet de la salle de restaurant. Le brouhaha la rendait morose.
Son voisin l’interpellait parfois, mais même cette attention particulière, l’ennuyait. Elle voulait son attention à lui et non pas d’un presque inconnu s’essayant à la séduction.
Parfois leurs regards se croisaient et son œil brillant lui faisait sentir combien il goûtait parfaitement de la faire attendre. Non pas qu’elle soit impatiente, plutôt dans l’expectative sereine d’un châtiment "trop" attendu.
Il a approché son visage du sien par-dessus un bouquet de fleurs fatiguées et a chuchoté: "File m’attendre dans la chambre !" d’un ton piquant.
Ordre si attendu, tant souhaité.
Elle avait - enfin - la certitude que la punition dont il l’avait menacée depuis quelques jours allait s’accomplir. Pleinement consciente qu’elle allait subir la douleur de sa main ou de sa ceinture. Enfin !
Elle se lève lentement sans même saluer les convives, bien trop allègres pour remarquer son départ, et marche vers son destin de femme obéissante.
Elle traverse le salon d’un pas calme, va se poster devant l’antique ascenseur menant aux étages.
Elle sait son regard mouillé sur elle. Elle sait son envie de punition qui va le tarauder pendant le court instant du café. Il va savourer cette attente qu’il s’impose comme un "précipité d’envies"...
Elle est chavirée par son désir à lui. Sans doute trop intense.
Elle est chavirée par ce qui la relie à lui. Sans doute trop excessif. Cette densité, soudain, la fait souffrir. Presque insupportable. Elle doit s’apaiser.
Ses pas la mènent à la porte principale qu’elle traverse d’un pas nonchalant. Elle est happée par la douceur de la nuit.
Elle sait son regard inquiet sur elle.
Elle sait son trouble.
Se dérober pour mieux revenir. Plus tard..."
Texte © Nush - 2010
11 commentaires:
"Elle sait son regard mouillé sur elle. Elle sait son envie de punition qui va le tarauder pendant le court instant du café. Il va savourer cette attente qu’il s’impose comme un "précipité d’envies"... "
Des "savoirs" joliment tournée et surtout que l'on sent très réel malgré l'histoire imaginée. Cette attente presque douloureuse comme tu dis, si dense, tu sais y mettre des mots justes et forts. J'ai toujours aimé ton écriture et tes pensées ma chère Divine.
Une conclusion qui n'est pas une fuite, évidemment. Mais juste l'envie que les choses se fassent dans l'intimité, seuls à seuls, et sans un environnement envahissant. En fait c'est une façon de s'approprier l'instant et de le vivre "égoïstement" sans éléments perturbateurs de quelque ordre que ce soit....
C'est incroyable comme ces petits textes révèlent votre personnalité , à toutes. J'ai adoré les lire , merci:)
Nush , j'aime cette façon que tu as de feindre la soumission , pour "reprendre la main" aussitôt. C'est excellent!:)
Emma: c'était le but du jeu. Je n'ai pas vu le vôtre, d'ailleurs... En fait le plaisir vient de l'imaginaire et de ce qu'on en fait; en brodant autour d'une situation identique de départ. Ensuite, chacune se donne selon sa façon d'être, jouant le drame ou le rire... Et le trouble.
Je pourrais (je le fais parfois) vous narrer par le menu ce qui se passa "ensuite", imaginé ou vécu. Mais je crois que c'est bien plus palpitant de vous laisser vagabonder de temps en temps sur ces chemins qui sentent les branches de noisetier fraîchement coupées...
Et puis ça me permet de comprendre, d'entendre l'attente des femmes et une façon totalement féminine de vivre ces choses/
@ Am': ma chère, l'attente et le "précipité d'envies" font partie intégrante de moi. Si ce n'est qu'à un moment, le réel prend le pas sur l'imaginaire. Nous en avons maintes fois parlé, vous et moi et vous savez tout ça.
La "divine" Nush qui me connait aussi un peu sait exactement comment me surprendre dans l'écriture, à celà près qu'il ne faut pas prendre sa conclusion pour une fuite ou une dérobade du train arrière.
Le jour dit, à l'heure dite et à l'endroit choisi, je suis certain que la dame assumerait pleinement ses désirs, ceux de l'homme et serait très jusqu'au -boutiste dans ses plaisirs culiers.
Sur l'envie, si bien exprimée...
Notre envie, on la connais, la reconnais, mais la sienne... ?
Merci, Nush.
La sienne... Elle est exprimée dans le récit "garçon", quelque part. Non ?
Je parlais de l'envie d'être punie que je connais heuuu plutôt bien et puis de l'envie de punir qui évidenent m'intrigue et me fascine et dont j'aime entendre parler encore et encore, avec pleins de détails, bien sur... s'il vous plait, Monsieur... :)
J'vais vous faire ça... J'crois que je vais construire un truc avec l'oreiller.
J'ai pas le temps du tout, en ce moment, Stan.Et puis , les filles ont tellement écrit de versions personnelles, sensuelles ,et talentueuses que je ne saurai en écrire une équivalente.
@ Emma: Personne ne te demande d'écrire une "version équivalente"... Fais simplement la tienne, comme tu le sens, en t'amusant, évidemment. C'est le but. Rien d'autre.
Sinon, une autre fois, visiblement, ça a plu. On renouvelera.
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