04 mars 2006

La reine Catherine et son "Escadron Volant"...

J'ai découvert les Histoires d'amour de l'histoire de France de Guy Breton, très tôt. Vers onze ou douze ans, je crois. Et j'en recommande la lecture immédiate à toute personne qui trouverait cette matière rébarbative et sans intérêt.

Cette vision sensuelle de l'Histoire et la place réelle des femmes redonnée par l'auteur - dimension pourtant essentielle - on ne l'apprend malheureusement pas à l'école.

Car notre enseignement vide depuis toujours soigneusement l'histoire des hommes de toute substance “humaine“qu'elle occulte avant de la livrer en austère pâture aux jeunes, n'y retenant en fin de compte que les faits bruts. Et surtout l'ennui pour les pauvres élèves.

Pas une once d'amour, de "dimension passionnelle"... et encore moins de sexe, évidemment !

"Euh, franchement ça peut se comprendre !", me souffle une amie enseignante d'un lycée professionnel de garçons en banlieue, qui ne tient pas spécialement à évoquer une quelconque "dimension charnelle" dans ses cours déjà suffisamment agités par ailleurs. Et je la comprends... Mais parlons de culture personnelle, ensuite alors. Pour soi-même, plus tard. Et pour aimer l'Histoire avec un grand H...

L'ami Breton fut pour moi une révélation. Il faut le lire, croyez-moi. Car comment comprendre les motivations des rois ou des princes, les guerres, et d'ailleurs la plupart des grands événements sans intégrer au récit l'apport essentiel du sexe et donc... des femmes ?

Car pour ces femmes, qu'elles soient princesses, reines ou roturières voire parfois paysannes, les hommes ont déclaré des guerres, signé des traités de paix, construit des villes...

De tout temps, par passion, par luxure, pour le cul d'une brune ou d'une blonde, ils se sont surpassés afin d'arriver à leurs fins, avouables ou non...

Mais c'est pourtant d'une femme dont je veux vous parler: la reine Catherine de Médicis su utiliser à son avantage la faiblesse des hommes envers la gent féminine en créant son fameux Escadron Volant... Composé d'un aréopage des plus jolies filles de sa suite peu farouches et à la cuisse plutôt légère, cet escadron servait à Catherine de police secrète particulière, qu'elle envoyait dans le lit de tous les hommes influents dont elle doutait...

Choisissant personnellement chaque fille en fonction des goûts de ses adversaires, elle plaçait ainsi telle ou telle de ses jeunes séductrices sur le terrain. À elles de jouer ensuite...

Vantards et bavards à l'heure du déduit, toute méfiance naturelle envolée, et donc peu avares de confidences sur l'oreiller, les gaillards contaient innocemment à ces maîtresses occasionnelles bien des secrets de Cour que les demoiselles filaient ensuite narrer à leur reine, déjouant ainsi aisément complots ou autres trahisons par ceux-ci fomentées...

Un passage du chapitre consacré au Vert Galant (Henri IV) nous en donne un exemple “frappant“... Henri n'est encore que de Navarre et la reine s'en méfie comme de la peste... Elle lui balance donc une jolie fille de sa troupe dans les pattes, Mlle Dayelle, qu'elle charge de “surveiller“ ce maudit béarnais qui la préoccupe fort. Mais le futur roi est malin et ne s'en laisse pas conter... Il ne tombe pas dans le piège et après quelques nuits agitées donne soudain congé à la belle, après avoir largement profité de ses charmes... Mais lisez plutôt:

"La jeune fille (la fameuse mademoiselle Dayelle donc...) n'avait jamais imaginé que sa mission pût se terminer mal. Elle regarda le roi avec stupéfaction. “Et si vous veniez avec moi ?“ murmura-t-elle. Navarre sourit, l'embrassa et la reconduisit jusqu'à la porte sans rien dire. Cette fois, il était fixé.

Apprenant cet échec, Catherine de Médicis fut si fâchée qu'elle fit aussitôt venir la Dayelle dans sa chambre et lui administra une bonne fessée !



Ce châtiment peut étonner. La reine-mère l'utilisait souvent à cause du plaisir qu'il lui procurait. Elle était en effet sadique et perverse. Brantôme (chroniqueur de l’époque) nous dit qu'elle aimait dépouiller ses demoiselles de compagnie et les battre du plat de la main sur les fesses “avec de grandes claquades et plamussades assez rudes !“

Alors, ajoute-t-il, “son contentement était de les voir remuer et faire les mouvements et torsions de leurs corps et fesses, lesquelles, selon les coups qu'elles recevaient, en montraient de bien étranges et plaisants…"

"Aucunes fois, sans les dépouiller, les faisait trousser en robe (car pour lors elles ne portaient point de caleçons) et les claquetait et fouettait sur les fesses selon le sujet qu'elles lui donnaient, ou pour les faire rire ou pour pleurer, et sur ces visions et contemplations y aiguisait si bien ses appétits qu'après elle les allait passer bien souvent à bon escient avec quelque galant homme bien fort et robuste...“




Ce soir-là, pourtant, la reine ne profita pas des heureuses dispositions où l'avait mise la fessée infligée à Mlle Dayelle, car elle fit ses malles pour quitter Nérac le lendemain, tête basse, en compagnie de l'ensemble de son Escadron Volant, aussi piteux qu'elle…
"

Damned ! Ainsi donc, une de nos reines était vicieuse et fessait ses suivantes ? Cette découverte troublante m'installa dans un état de perplexité déjà bien mis à mal par d'autres lectures... Mais là, c'est une autre... histoire.

Ces Histoires d'amour de l'histoire de France sont publiées dans la collection Omnibus, et le tome 2 (il en existait dix...) présenté en ouverture n'est plus guère disponible que chez les bouquinistes. Mais c'est précisément dans celui-ci que l'on trouve le passage aux images évocatrices qui me firent tant rêver en leur temps. (et évidemment repris dans la version en deux gros volumes, revue et corrigée...)

PS: illustrations issues d'Italian Spanking Art pages, le site précieux de Danilo et Paolo...


On trouve même en cherchant un peu des indications précieuses pour rougir les fesses des filles (virtuellement s'entend...) à l'aide de the School, un astucieux tutorial Photoshop dédié...

Bien entendu, je n'ignore pas que dans ces dessins un peu kitsch retouchés par les miracles de l'informatique et du logiciel phare d'Adobe conjointement réunis, il ne s'agit évidemment pas de la reine évoquée ci-dessus. (costumes, époque, etc)

Mais l'esprit y est, sans doute...



4 commentaires:

Anonyme a dit…

Avez-vous remarqué que c’est toujours les ‘petites histoires’ qui nous font aimer ‘l’histoire’ ? Un peu comme pour toutes matières, lorsque j’enseignais mes élèves étaient friands de détails ‘croustillants ou étranges’, et j’ai remarqué qu’ils mémorisaient bien mieux l’ensemble....lol !
En peinture aussi: L’Origine..

Erik A. a dit…

sacré Courbet... Merci Nush...

André Martinet a dit…

Précieuse et savoureuse indication historique sur Catherine de Médicis. Voilà coment on dresse un escadron volant au pas, au trot, au galop. Le tout aurait singulièrement pimenté les péripéties de « La reine Margot », soit le livre et le film. Jeux cruels ? À bien y penser, la souveraine aurait dû se confiner aux rigueurs de l'alcôve plutôt que de massacrer 30 000 parpaillots en vue de conférer à la France ce douteux statut : fille aînée de Notre Sainte Mère l'Église !

Comme quoi nos inclinaisons singulières ne le sont pas tant que ça, les rigueurs de l'amour étant de règle depuis la plus haute antiquité quand vient le moment de contraindre la chair à livrer ses secrets ! À tout prendre, ces sévérités sont moins rebutantes et plus délicieuses que les débordements guerriers et boucheries que retient l'histoire officielle.

D'où la question : pourquoi le récit de la Saint-Barthélémy n'est-il pas considéré obscène dans nos lycées... tandis que les déculottées royales qu'administrait la De Médicis à ses dames de compagnies sont passées sous silence ? Parce que nous sommes une société chrétienne ? Ne me faites pas rire.

Erik A. a dit…

André tu me retires les mots de la bouche.

Oui, Catherine était cruelle. Mais les temps l'étaient aussi. Il est d'autres souverain(e)s qui auraient sanctionné l'échec de la pauvre Dayelle de façon moins "plaisante"...

On en a pendu pour moins que ça en clair. Et à une période qui regorgeait de gibets, d'écorcheurs, de supplices en place de Grève et autres joyeusetés, on peut penser que la mignonne s'en est au fond pas mal tiré.

Pour la Saint Barthélémy et son cortège d'atrocités commises au nom de la religion... L'homme est un loup pour l'homme. Et parfois pire encore on le sait. C'est malheureusement intemporel.