275 - Il la lui avait promise au téléphone, histoire de commencer avant l’heure à faire monter la pression, autant pour elle que pour lui, d’ailleurs. De l’autre côté du combiné, un silence et puis la voix de sa belle amoureuse qui reprend sur tout à fait autre chose, avec un ton un peu trop enjoué. À peine un imperceptible temps d’arrêt pour encaisser l’image, intégrer le trouble et commencer à frémir… Oui, aucun doute, Marie-B. est frémissante quand elle raccroche.
Une bonne fessée ?
Donnée comme ça, sans préambule ni entrée en matière, sans câlins malgré les semaines d’absence sans se voir ? Pour le plaisir, sans aucun motif ? Le plus surprenant est qu’elle en mouille déjà sans se contrôler. Ça l’agace de se sentir glisser… Elle regarde le téléphone à présent muet sur lequel elle vient de reposer un combiné encore tiède (elle pense avec un sourire: "brûlant") de l’heure passée à se parler.
Une fessée ! À elle, si fière, qui n’aurait jamais imaginé pouvoir poser un temps ses valises de "pasionaria féministe" pour se retrouver déculottée à un peu plus de 30 ans en travers des genoux de cet homme guère plus âgé qu'elle, dans une posture d’abandon et de honte, qui la fait plonger à chaque fois en piquant un fard dans les délices de ses enfers, la rendant un temps si profondément soumise dans son âme et son corps, l’écarlate aux joues…
Marie-B. adore ça. De lui. Et de personne d'autre !
Une bonne fessée ?
Il reste trois jours. Trois jours à ne penser qu’à ça, avant de le retrouver à l’arrivée du TGV dans cette gare lyonnaise qui constitue leur point de rencontre, avant de poursuivre ensemble, et dans sa petite voiture, leur voyage vers le Midi…
Ce n'est pas leur première fois, un an et demi déjà qu'ils se voient ainsi par parenthèses denses, de loin en loin...
Marie-B. a envie de ses doigts, de sa bouche, de sa queue tendue, mais aussi de son regard, de ses yeux tendres et de ce sourire moqueur qui accompagne les mots crus qu’il aime tant à lui susurrer au coin de l’oreille, pour la faire frémir et serrer ses fesses... Avant de la contraindre tendrement, mais fermement à les lui offrir comme un fruit, les mains de chaque côté des globes dans la posture la plus inconvenante qui soit !
Une forme d’acceptation supplémentaire que de le laisser se vider dans ses reins, "honorant" littéralement sa croupe flamboyante de sa semence de mâle, comme elle le réclame elle-même dans une incandescente impudeur qui augmente d’intensité à chacune de leurs trop rares retrouvailles. Elle qui ne supportait même pas l’idée ne serait-ce que d’un doigt "là" !
Marie-B. totalement réfractaire au thermomètre toute son enfance, luttant pied à pied avec ses parents, tentant pour les apitoyer de longs plaidoyers anti-anal pour éviter qu’on lui prenne la température dans son cul, même en cas de fièvre évidente, malgré un front aussi brûlant que le sont désormais ses fesses avec lui et par le truchement de ses mains lorsqu’ils se redécouvrent…
Une bonne fessée ?
Il reste deux jours. Elle sait déjà comment elle sera habillée. Dessus, dessous. Mais elle prend garde à ne pas trop imaginer les choses à venir, pour garder intact le plaisir hoquetant de leur premier corps à corps de cette semaine qu’ils vont passer ensemble dans cet appartement au bord de la mer, loin de tous, des autres, de leurs vies respectives. Sauf qu’elle est libre, elle. Trop…
D’un revers de main, Marie-B. écarte les pensées qui la traversent une seconde… Pas question de rater quoi que ce soit. Pas de malentendu entre elle et son amant, elle prend bien garde depuis le début de leur relation à ne pas se laisser aller à des curiosités sur ce qu'il fait de "sa vie sans elle", interrogations légitimes qui pourtant la rongent, mais qu’elle refoule, ne voulant jouir que de ce qu’il lui offre quand il est avec elle. Ce serait trop bête, trop injuste de tout gâcher.
Son autre vie, elle met un point d’honneur à ne pas l’évoquer, à lui faire comprendre que ça ne la concerne pas, sachant qu’il n’est vraiment qu’à elle quand ils sont ensemble, ce qui pour le moment est l’essentiel. Elle vit au jour le jour, sachant depuis le premier instant que chaque seconde, chaque heure volée est un bonus qu’elle n’espérait pas.
Une bonne fessée ?
Il reste un jour. Elle a fait sa valise. Fouille dedans une énième fois pour vérifier qu’elle n’a rien oublié. Dans une heure, elle descendra la mettre dans le coffre, que tout soit prêt. Marie-B. se sent belle et son cœur palpite. Trois mois qu’ils ne se sont vus. Leur dernière escapade en Alsace durant quatre jours reste encore gravée dans sa mémoire. Leurs jeux érotiques, leurs troubles respectifs...
Ses fesses, qu’il avait prises et reprises, fouaillées et rendues cramoisies en palpitent de désir, comme si elle était faite de ces métaux à mémoire qui gardent la forme qu’on leur donne, en souvenir. Agaçant réflexe, faiblesse à ses yeux, attitude impossible à maîtriser de chien de Pavlov…
"De chienne, même !" sourit-elle. Un mot qu’elle déteste hors du contexte. Mais qu’elle se surprend à apprécier lorsqu’il faut hurler à la lune, le sexe brûlant de son homme fiché dans son ventre, dans cette posture animale qu’elle affectionne tant…
Une bonne fessée ?
Reste moins d'une heure. Son train a quitté Paris il y a déjà 67 minutes, d'après ses calculs. Marie-B. regarde l'aiguille de sa montre se déplacer lentement, trop, et décompte chaque minute... Si le TGV ne déraille pas, si l'horaire est respecté, l'homme qu'elle attend sera à elle pour une semaine. Dans moins d'une heure... Une semaine...
Une bonne fessée ?
Lui dans le train a le coeur battant à l'idée de la revoir. Cette fille, c'est sa fugue occasionnelle, sa zone interdite, sa liberté, son amante secrète, son hypocrisie d'homme aussi... Une part de lui.
Et en bon mâle à deux vies qu'il est devenu par la force des choses - lui si entier et qui déteste ça chez les autres - il est à présent tout à la joie de retrouver sa femelle, sa moitié, et déjà projeté dans les plaisirs à venir.
Il sait par avance qu'il va profiter de chaque seconde passée avec elle sans une once de culpabilité... Après tout, elle est d'accord, Marie-B....
(à suivre)
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