19 janvier 2009

"Madame reçoit !"

885 - Elle ne craint pas grand-chose, ne perd pas pied souvent, va au bout de ses envies et de ses désirs les plus osés avec le courage et l'obstination touchante d'un bon petit soldat.

Mais Elle déteste l'idée que des témoins "auditifs" non désirés ne captent le son de ce qui se passe quand Il la fesse et ne devinent la scène entendue en transposant, mettant sur Elle des images "sales" qui n'appartiennent décidément qu'à Eux.

Qu'on ne s'y trompe pas: Elle n'a pas honte de ce qu'Elle fait, loin s'en faut, et assume pleinement ses envies, mais Elle n'aime pas les voyeurs, tient à ce domaine réservé et à ce cloisonnement strict de sa vie privée. Ce postulat accepté, Elle est toute à Lui.

Ce n'est pas un jeu trouble, ni un de ces "moteurs érotiques" nécessaires aux exhibitionnistes qui réclament la fessée publique et se pâment d'être surpris en pleine action.

Elle n'est juste pas le moins du monde excitée à l'idée de témoins éventuels.

Et "oculaires" encore moins...

De toute façon, Elle sait qu'Il n'aime pas ça non plus et que cela ne fait pas partie de ses fantasmes. Ouf !

Non, en fait Elle a peur de sourires à peine contenus sur son passage lorsqu'ils déambuleront dans l'hôtel et l'éventuel "mépris" des autres sur ses petits jeux de mains et de fesses, alors qu'Elle aimerait tant les foudroyer d'un de ces regards meurtriers dont Elle est parfaitement capable...

Mais en d'autres lieux et surtout d'autres circonstances...

Échos de claques sonores qui ne laissent pas de place à l'équivoque et gémissements de moins en moins contenus qui enfoncent le clou en cas de doute, c'est une punition subie quelques instants avant qu'ils ne sortent de la chambre... Et ne croisent à son grand désarroi un quelconque quidam souriant. Elle se mord les lèvres et regarde aussitôt ailleurs.

À ses côtés, Elle passe en baissant les yeux, évitant de croiser le regard de l'autre et interroge aussitôt du regard son compagnon, montrant des signes de panique et de fébrilité à peine simulés.

Lui, jouant de la chose, se veut rassurant sur le moment, prétendant que cette personne qui était dans le couloir (ou à la réception à quelques mètres) n'a rien entendu du tout. Qu'au pire, si les cloisons sont fines, il croit probablement qu'il s'agissait du son de la télé...

Elle a horreur de ça... Et redemande à plusieurs reprises, presque suppliante:

"Tu es sûr ? Il (ou elle) n'a pas entendu, hein ?"

Il acquiesce. Elle semble souffler, ravie de sa réponse, rassurée un temps.

Mais quelques minutes plus tard, Il pourra re-raconter l'histoire à son oreille ou même à table et à haute voix, lui disant cette fois être certain que l'attitude ou le regard de ce fameux témoin inattendu montre qu'au contraire, il a très bien compris qu'Elle recevait la fessée, qu'Il l'a lu dans son sourire en le croisant.

Là, Elle rentre sous terre et baisse les yeux en rougissant follement...

Panique à peine feinte ou jubilation, c'est un gimmick jouissif entre Eux, mélange étonnant de sentiments divers où le cœur bat plus fort, la honte prime sur l'excitation et où tout se bouscule étonnamment dans sa tête à Elle.

"Mais, euh... T'es sûr qu'on ne nous a pas entendu, hein ?"

...

"... Tu promets ?"


Il promet. Jusqu'à la prochaine fois.
Image: "Madame reçoit" © Rémy Cogghe
Photo: "le trou de serrure" - © inconnu

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Une telle habilitée à décrire ces troubles rêves, comme ces troubles vécus, procure un véritable plaisir. Des mots versés avec justesse, des histoires où l'on se devine aisément... Chaque scène se transforme en image dans ma tête...

Cher E., je ne me lasserai décidément jamais de te lire.

See you later...

Erik A. a dit…

@ Greg: J'en suis ravi. C'est probablement parce qu'on peut se projeter aisément dans ces troubles-là, je suppose. Rien d'impossible techniquement ou de fantasmatique délirant dans ce que j'écris là, qui est un ressenti "réel".

Car tout ceci peut arriver... et arrive, d'ailleurs.

Later, cher G. ?

Anonyme a dit…

See you later ? Nice to meet you ?

En fait, je voulais dire : au plaisir de te rencontrer (est en partie sous-entendu : de te relire).

Mais évidemment, l'anglais n'est pas mon fort ! Va peut-être falloir que je remédie à cela.

Par contre, je sais dire "spanking", et utiliser ce terme comme il faut !

Anonyme a dit…

Un texte si personnel, si ‘complètement’ ressenti. Magnifique.
Toujours cette « vague d’étonnement » qui suit le constat suivant : comment un homme peut savoir si bien décrire les états d’âme d’une femme ?
Et, le ‘bruit’. Chez moi ce n’est que légèrement déstabilisant, inconfortable, aux prémices du jeu.
Prise par le plaisir, la douleur, la honte, qui me noient totalement, cela devient le « dernier de mes soucis.... ».

Erik A. a dit…

@ Nush: merci pour ce "constat" flatteur et qui me touche...

Le ressenti est pour moi essentiel. C'est pour ça que je ne suis pas fan des récit fantasmatiques et convenus autour de la fessée comme on en trouvait un temps sur un certain forum. Je n'aime que les choses "possibles" et qui font vibrer...

Le reste m'indiffère totalement.