08 août 2009

"La fille qui n'aimait pas ses seins..."

1142 - ... Mais aimait apparemment la cravache !

"Les bons comptes"... Un récit flamboyant. Nouvelle extraite de "la fille qui n'aimait pas ses seins" d'Aline Tilleul.

J'adore ce titre...

Comme quoi on peut porter un nom de tisane et écrire des choses très pimentées...

Édité à "compte d'Auteur", sur le Net. Excellente formule pour permettre à l'écrivain qui sommeille en vous de réellement trouver un public assez vaste.

Dans un temps pas si lointain, des maisons d'éditions (!) peu scrupuleuses faisaient leur beurre de l'envie d'écrire de tout-un-chacun. Ces gens auraient édité l'annuaire, pour peu que ça leur rapporte, sans se soucier du contenu. Des vendeurs de vinasse au porte-à-porte, avec les mêmes méthodes intrusives et insistantes, une fois la proie ferrée...

Avec 30 000 francs (4500 €), votre manuscrit refusé partout devenait aussitôt comme par miracle publiable et on vous assurait d'une promotion presse et médias qui n'existait que dans l'imaginaire des "directeurs de collections". Lesquels vous relançaient par courrier et au téléphone en cas d'hésitation. Il y a des gens qui se sont ainsi endettés pour pouvoir tenir un livre signé d'eux dans leurs mains...

Seulement pas facile d'ensuite écouler les centaines de bouquins entassés prenant la poussière dans le garage, une fois famille et proches en possession de leur exemplaire dédicacé. Une belle arnaque, bien rodée, inattaquable...

Le net, c'est différent, on peut vraiment être lu de tout un tas de gens dans le monde entier... Et pourquoi pas être "découvert" ensuite, comme l'ont été certains chanteurs ?

Alors ? Que penser de la nouvelle érotique sulfureuse de madame Tilleul ?

"Le premier coup fut comme une poignée de sel sur son plaisir naissant. Comme un coup d’éperon sur le chemin de la jouissance. Tout irait bien.

Le second coup la cingla peut-être plus fort. Douleur ou plaisir ? Elle choisit "plaisir" mais dut faire un effort.

Au troisième coup, elle eut mal. Elle remonta un genou le long du tronc pour mieux sentir sa dureté sur le bas de son ventre et l’excitation de son clitoris transfigura la brûlure du fouet. Le plaisir revenait, un cran plus haut.

Le quatrième coup lui fit vraiment peur. Elle perdit pied et laissa échapper un gémissement de douleur. Il marqua une pause, comme pour jouir de sa plainte, et elle profita de ces secondes de répit.

Frottant son buste contre le tronc, elle libéra le plein de sa poitrine des bonnets du soutien-gorge. Sous le lin du chemisier, elle sentait maintenant le tronc qui coulissait, dur, entre ses seins qu’elle apprenait à aimer, comme le jour où il avait vidé son sperme dans le creux de sa gorge.

Cette bulle de souvenir colora de nouveau de jouissance la brûlure qui lui mangeait la chair. Elle appela de toutes ses forces le cinquième coup.

Il vint et brisa son espoir. Elle ne tiendrait jamais vingt coups !

Dans la course entre le plaisir et la douleur, le plaisir lâchait prise et toute la force de son imaginaire n’y pourrait rien. Il lui manquait quelque chose, le si terrible, si bon, si profond réel: sa queue !

Sa queue ! Sa queue ! Sa queue ! Elle capitula.

"Enculez-moi !" supplia-t-elle. "Enculez-moi ! Je vous en prie, enculez-moi !"

Cela ne faisait pas son affaire, à lui. Il s’imagina un instant, le pantalon baissé sur les chevilles, ahanant contre sa proie attachée à un arbre: une tout autre référence cinéphilique que "Belle de jour" et pour tout dire une image assez déplaisante.

"Ce n’est pas du tout ce que nous avions convenu !"

Et le sixième coup s’abattit. Cette fois elle sanglota:

"Encule-moi ! Oh, je t’en supplie, encule-moi, j’ai trop mal ! Encule-moi !"
Les bons comptes © Thebookedition.com - Aline Tilleul

16 commentaires:

janebella a dit…

excellent ! les éditeurs ne foutent rien comme d'habitude..à laisser filer un truc pareil. Bon souhaitons bonne chance à cette demoiselle.

Erik A. a dit…

@ chère Janebella, vous connaissez la muique et savez aussi bien que moi à quel point les éditeurs laissent filer beaucoup de choses... Mais au moins cet extrait est bien visible et lu sur le net, si les petits cochons ne mangent pas madame Tilleul, gageons qu'on la reverra...

Euh, relira.

Nush a dit…

Une petite merveille.
La description de cette "envie qui monte et qui brûle, qui vous rend outrancière et déraisonnable" est parfaite dans son ressenti et dans son écriture.
J'exige qu'elle soit éditée!!!

Stan/E. a dit…

Je pense qu'elle le sera... Comme le sous-entend JaneBella, Mlle Tilleul a du talent et ça devrait se "voir"...

Greg a dit…

La dame a l'air de bien se débrouiller pour faire monter l'érotisme, en effet. Dommage que les éditeurs laissent passer ça (pas assez lucratif à leur yeux ?).

Pour les éditions à compte d'auteur, c'est vrai que la plus grande majorité ne se souci guère du texte écrit, du moment que l'auteur crache son argent. Je me souviens m'y être frotté, et on m'avait promis monts et merveilles... si je déboursais 7200 euros !!

Les deux premières minutes je me suis dit : "pourquoi pas, si ça vaut le coup".

Dès la troisième, j'ai repris mes esprits : "Si ça valait le coup, on me demanderait pas d'argent".

Souhaitons à Aline Tilleul qu'on s'intéresse à elle de plus près !

Erik A. a dit…

Bon, j'aime bien, mais j'ai quand même le sens critique et le sentiment d'avoir déjà lu des choses approchantes, il en faudrait plus, ce n'est là qu'un extrait disons: "prometteur".

Mais le net nous permet en tout cas d'en débattre, ce qui ne serait pas le cas dans le cadre de "compte d'auteur" d'antan. Personne ne verrait rien.

7200 euros ? mince, j'en étais resté à 30 000 francs. Pour ce prix là, tu vas chez un imprimeur et tu t'auto-édite très facilement toi-même, sans intermédiaire.

Reste qu'il faut ensuite vendre tes livres et que c'est la distribution qui reste le principal problème. Il existe des structures très bien faites qui diffusent et qui marchent sans passer par les fourches caudines d'une grosse entreprise comme Hachette par exemple.

Il faut raison garder. J'ai un copain qui fait ça pour sa production, il a choisi un imprimeur, est devenu son propre éditeur et il est ravi, même s'il en vend peu, la marge est substantielle. Mais il faut aller sur le terrain tous les WE pour toucher le public...

Greg a dit…

J'ai même eu droit à une proposition "avantageuse" de 15 800 euros, écrit noir sur blanc sur un contrat qu'on m'avait envoyé en même temps que leur fameuse lettre disant qu'ils étaient "enthousiastes envers ce récit".

A ce prix, j'aurais voulu un succès immédiat, une rémunération à 20% du prix de vente, et le droit de fesser leur secrétaire si elle est jolie.

L'auto-édition peut être une solution, mais comme tu dis E., les démarches, l'énergie et le temps passé à vendre ces ouvrages sont trop important...

... et j'ai une petite femme à m'occuper moi, ça prend du temps aussi !

Apsara a dit…

La description de la confusion entre plaisir et douleur me semble interessante. Pourtant, ce texte ne m'emeut pas, il manque l'ambiance necessaire à mon imaginaire pour générer le trouble.
L'art de l'écriture dans ce contexte reste d'insinuer suffisament pour suciter une émotion sans la montrer explicitement. Hors, ceux qui fantasment déjà de ces images y trouvent leur compte mais ces lignes ne peuvent toucher que ce public très ciblé. Il manque le fluide qui permettrait à des esprits ouverts d'éveiller leur curiosité ou de faire naître un trouble. Enfin, suis pas éditeur moi...
J'aime bien le titre et l'image ...

Erik A. a dit…

J'adoooOOOore le titre.

Mais l'image dérivée genre elfe ou "minimoys" me laisse totalement à côté du sujet. Il faut dire que le livre n'existe pas en soi et que ce n'est là qu'une couverture "net", d'ailleurs retouchée par mes soins (typo uniquement) parce que l'image sur le site était de mauvaise définition...

Bref, avec un tel titre, on aurait pu espérer moins "cucul"...

Stan/E. a dit…

Je reviens sur tes 15 800... Impressionnante arnaque quand tu connais les prix de revient d'un livre que tu réaliserais par tes soins, en allant juste trouver un imprimeur dans ta ville. Pour ce prix-là tu peux faire un top livre, crois-moi, avec un nombre d'exemplaires que ton garage aura peine à entreposer en entier...

D'autant que ce n'est techniquement que du texte et pas de quadri, avec une couverture souple la plupart du temps... En clair, ça ne coûte rien.

Un éditeur, c'est une structure qui "travaille" le livre en amont et en aval, en valorisant autant que faire se peut l'auteur avec qui il collabore, et pas juste un intermédiaire qui prend du blé.

Bertrand a dit…

Pour ma part, je ne lis pas ce genre de littérature, d'habitude, mais là j'ai flashé à cent pour cent.
J'ai donc acheté le livre ... et ... franchement, non je n'ai jamais rien lu de pareil ... rien d'approchant, nulle part.
C'est de l'érotisme très personnel, ou une réinvention de quelquechose.
J'ai aussi pensé que le thème n'était peut-être pas ce que l'on croit a priori.
Bref, ce qui reste du livre, c'est une impression de mystère.
Aline Tilleul nous fait entrevoir un autre monde, l'envers des décors, avec une sensibilité mystérieuse. Elle pousse le langage à ses limites, et elle n'a pas besoin du sexe pour ça, c'est un très grand écrivain.


Poète moi-même, dans les autres nouvelles, et surtout la dernière, "La Robe", j'ai été frappé par l'intrusion de la poésie dans l'érotisme, une poésie qui pousse le langage à ses limites. Pour moi, c'est ce qui m'a fasciné dans ce livre, même si je suis d'accord certaines scènes sont assez osées et crues.
Mais il faut aussi se souvenir de ce qu'a dit Georges Bataille de l'érotisme. Aline Tilleul se situe dans cette zone.

Je crois que notre bloggeuse a découvert un "chef d'oeuvre" -
C'est un peu dommage de n'avoir pas fait un article de fond.

Stan/E. a dit…

@ Bertrand: point n'est besoin d'avoir un "article de fond". Certaines découvertes ont juste besoin d'être "signalées, et le simple fait que ce petit post vous permette de lire le livre semble suffisant, d'autant que vous avez eu la gentillesse de donner vos impressions à chaud.

Les commentaires sont ouverts pour ça, je n'ai pas d'autre prétention avec ce blog que "d'élargir le cercle" et de faire rebondir mes lecteurs/lectrices sur des trucs que je déniche ça et là pour eux et partage après les avoir découverts pour mon plaisir, dans un premier temps.

Bertrand a dit…

Tout à fait !
Et on ne peut que vous féliciter pour votre intuition -

Pauvre poète, pour ma part, j'ai dédié cet humble poème à la dame (à supposer que ce soit une dame, vous l'avez dit vous-même ce pseudo est un peu ... étrange):


Mes mains enrobent un collier de perles à ton cou, Une larme fiance ma bouche à tes seins,
Et cette oasis est encore plus présente,
A l'heure où le besoin d'aimer redore ses soupirs,
A l'heure où les tempêtes de sable vagabondent sous mes paupières.

je ne suis qu'un homme,
Bombant le torse avec un pourpoint de volupté.
Je suis cette respiration qui frôle tes mamelons à contre-jour,
Je suis cette langue qui navigue et que les caressses blottissent contre ta peau,
Je suis cette langue qui navigue et qui trace un sillon, entre ton nombril et tes deux seins,
Ce langage indécis qui rumine en silence,
Mon front ruisselant où le divin offre des diamants à mon regard,
Les reflets de ma lampe irriguent les baisers que mes lèvres posent sur ton corps.

Je ne suis qu'un paysan, un marin breton qui siffle dans le vent pour retrouver son langage,
Assis sur une pierre de granite rose, je me prends à rêver.
Je ne suis qu'un étranger dans le volcan de mon propre corps,
Je ne suis qu'un enfant et tes seins sont mes oreillers de jouvence,
Je me prends à rêver aux constellations des jouissances,
Hourrah ! Oui, oui, tes seins qui se rapprochent,
Et mon intimité qui s'épanouit... Hourrah !

O ma délicieuse, ma délicate,
Hourrah ! oui, oui, tes seins qui m'offrent une demeure,
O ma délicieuse, ma délicate,
Tu susurres les palpitements de ton coeur à mon oreille,
O ma délicieuse ma délicate,
Un ruban blanc navigue entre tes lèvres enflammées,
Nous respirons ensemble.

Stan/E. a dit…

Bah, je me contente en lisant de penser que ce qui me plaît pourra peut-être "parler" à d'autres et ça me donne l'envie d'en ressortir quelques lignes avec les liens.

C'est vrai que j'ai surtout parlé du coup des "livres à compte d'auteur", qui est un sujet qui m'a toujours irrité. Au delà des qualités d'écritures réelles de la dame, Aline Tilleul et son éditeur sur le net m'ont donné un prétexte pour vous en parler.

Aline Tilleul a dit…

Bonjour !

Découvrant ce fil à mon propos un peu tard, je ne peux pas répondre de manière circonstanciée à chacun.

Simplement : merci à Stan d'avoir lancé ce débat.
Et surtout un tout grand merci à ceux qui croient en moi.
Si vous voulez rejoindre mon groupe sur Facebook c'est par ici :
http://www.facebook.com/home.php#/group.php?gid=125749142478&ref=mf
Il vient d'être créé ...

Sinon, j'ai écrit ce matin sur mon blog un premier post sur les rapports entre littérature et édition qui semblent passionner Stan et qui donnent aussi quelques éclaircissements (superflus).

http://alinetilleul.over-blog.com/article-35569990.html


J'espère en faire un autre prochainement, mais plus difficile, car c'est un débat difficile : "The cyberspace is our last fighting ground" -


Bien @micalement,
et belle journée à tous !

Stan/E. a dit…

Ravi de votre passage, Aline. Les portes vous sont ouvertes, et vous aurez lu que vous suscitez un débat passionné. Donc que vous avez déjà un embryon de public parmi les gens qui me font le plaisir de me lire ici...