13 mars 2010

Rencontre avortée avec un fesseur distingué !

1565 - "Mémoires d'un jeune homme dérangé"...

Désolé par avance pour l'anecdote piteuse que vous allez trouver très banale d'une non-rencontre effective.

Car c'est à peu près à l'époque de la parution de ce livre, vers 1990, que j'ai croisé pour la seule et unique fois de ma vie le sémillant Frédéric Beigbeder...

Invité tout comme moi au Salon du Livre de Bordeaux et sorti dans les derniers du TGV spécial qui nous amenait de Paris, il est venu s'asseoir dans le bus des Auteurs, à la seule place assise qui restait...

... Pile à côté de moi.

Il s'est écroulé "dignement" sur la banquette avec l'air harassé du type qui vient de faire un très long voyage.

Fred ne m'a pas dit bonjour en m'écrasant le pied, a posé son sac Vuitton pratiquement sur mes genoux et a regardé tout autour de lui s'il repérait des têtes connues parmi les Auteurs assis. À l'affût tout au long du quart d'heure qu'a duré le trajet vers les hôtels et les quais, mon nouvel ami s'est ensuite éclipsé sans un regard pour la pauvre larve non identifiée best sellers qui était assise à sa droite, sitôt le bus arrêté. Malgré ma présence assidue au buffet, côté petits-fours, Je ne l'ai plus jamais revu.

Pourtant, si j'avais sû qu'il fessait, même avec un Goncourt, j'aurais peut-être esquissé une saillie sur le sujet.

Mais nous en sommes restés là...

"Nul n'est irremplaçable: j'ai su par un des ricanements pantalonnés que Jean-Georges sortait avec Victoire. Le soir même, c'est souvent comme ça, je les ai rencontrés chez le ministre d'État B.

Jean-Georges faisait semblant de rien. Victoire était ravie de me narguer.

J'aurais dû m'énerver mais j'étais trop lâche ou trop mégalomane.


Alors je me suis vengé sur Anne cette nuit-là en lui administrant une fessée redoutable. Bien que ce genre d'échauffement ne lui déplût guère, il fallut qu'elle protestât pour la forme.

Je dois reconnaître que je n'y allai pas de main morte, frappant ses hanches avec le journal de Stephen Spender (Éditions Actes Sud, 518 pages, 160 francs).


À ce propos, j'aimerais m'autoriser une petite incidente sur les mérites comparés des différents écrivains pour ce type d'activités. Il est clair que les "Grognards" et affiliés seront trop légers, trop rapides ou trop souples, à l'exception, peut-être, de Denis Tillinac, idéal pour une franche correction terrienne, ou de Michel Déon, pour une note de discipline à l'irlandaise.


Il conviendra également d'éviter les pavés: Sulitzer ou Francoise Chandernagor risqueraient de causer des ecchymoses disgracieuses. Sans tomber dans l'excès inverse, les Éditions de Minuit par exemple, trop coupantes ou trop sèches, l'idéal se trouve à mi-chemin entre la saga quantitative et la jeune littérature pressée.


D'où le mérite incontestable des Éditions Actes Sud, dont le format étroit facilite la prise en main et le fessage à plat, spectaculaire sans être trop cruel. Les livres avant-gardistes, en voici la la confirmation, constituent une excellente punition."

"Mémoires d'un jeune homme dérangé" © Frédéric Beigbeder - La Table Ronde - 1990

1 commentaire:

So a dit…

Savoir qu'il fesse aussi ces dames ne me le rendra pas sympathique pour autant. "La pauvre larve", c'est à lui que l'expression irait comme un gant ! A quoi ressemble la vie qu'il affiche ? A son âge (qui est aussi le mien, euhh j'ai du mal là) !!
J'avais malgré tout trouvé 99 francs bien tourné. J'aurais dû m'abstenir de lire la suite, Au secours pardon. Et dire que les ados sont fans de ses oeuvres ! Consternation est le seul mot qui me vient...