17 mars 2008

"Non... C'est de moi que j'ai peur !"

534 - Revu récemment le DVD du déclin de l’Empire Américain...

J’avais gardé en mémoire une scène du film de Denys Arcand (1986) dans laquelle la brune Louise Portal qui joue le personnage de Diane raconte une relation amoureuse sexuellement compliquée qu’elle entretient avec un homme bien différent de ses critères amoureux usuels d’universitaire coincée et d’intellectuelle avouée...

Dans le vestiaire de la piscine où elle évolue en petite tenue, une de ses copines remarque des traces rouges équivoques très visibles striant son dos et ses fesses…

Gênée, Diane commence par dire qu’elle s’est fait ça "au judo", avant de choisir de raconter par le menu toute l’histoire à son amie, laquelle n'a pas fini d'ouvrir de grands yeux au fil des minutes…

- "C’est quoi çà ?"

- "Quoi ?"

- "T’as des marques dans le dos…"


- "Ah ! Euh... c’est rien, ça, je... j’ai pratiqué au judo !"


- "Au judo ?" Sourire pas dupe de la copine. Un temps d'arrêt. Diane hésite puis reprend après un soupir, se lançant à l'eau...

- "Ben, c’est ça que je disais à ma fille. L'est jalouse pire qu’un homme !"

Pendant tout le reste de la séquence, en continuant leur entraînement sportif, la belle jeune femme raconte tout ce que lui fait ce type rencontré dans un bar et dont elle "n’aime autant pas savoir ce qu’il fait dans la vie".

Un gars qui lui a dit d’entrée "qu’il était temps qu’elle tombe sur un homme comme lui, un vrai…"

Un monologue jamais interrompu, pendant lequel Diane parle enfin de son histoire à quelqu'un. Comme une évidence.

- "Il a jamais l’amour avec moi normalement. Il m’a toujours prise par en arrière, comme un homme. Avant lui, c’est quelque chose que… que je ne pouvais absolument pas supporter !"

- "Les premières fois, il me tirait les cheveux par en arrière, comme un cheval… Et puis, il a commencé à me donner des claques sur… sur les cuisses, sur les fesses !"

- "… À un moment donné, hé bin il a pris sa ceinture de cuir ! Et un beau jour, il m’a attachée après le calorifère avec les cordons des rideaux dans des positions de plus en plus… humiliantes !

Un temps d'arrêt, l'oeil dans le vague avant ce constat:


- "Ben, j’ai jamais joui comme ça dans ma vie ! Mais là, il faut que j’arrête parce que… c’est devenu trop dangereux !"

- "As-tu peur de lui ?"
demande alors la copine, dépassée et qui cherche des repères pour comprendre.

- "Non ! C’est… c’est de moi que j’ai peur !" dit Diane, les yeux dans le vague, cherchant ses mots pour être certaine de bien restituer les choses…

- "Tu vois, c’est moi qui veux toujours aller de plus en plus loin. C’est moi qui contrôle ! J’ai jamais eu autant de pouvoir, là… Le pouvoir de la victime, tu peux pas savoir ce que c’est, c’est effrayant ! Et puis tu sais, il a absolument besoin de moi. Ça n’a rien à voir avec les femmes battues, des histoires comme ça, non pas du tout, c’est... c’est comme un jeu avec des règlements précis... mais sans limites !"

- "Des fois j’ai l’impression qu’on pourrait aller jusqu’à se tuer ! Et puis le plus fou, c’est que c’est quelqu’un que j’aime pas du tout ! Mais on dirait qu’il sait exactement comment venir me chercher, comment m’avoir…"


Cut, fin de la séquence.

Sans une image équivoque et par le dialogue entre ses deux protagonistes, un tas d’images pas très morales viennent nous envahir.

Car au final, pense-t-on que Diane est folle à lier, inconsciente... Ou alors, est-ce qu’on envie cette femme d'avoir trouvé une forme de plaisir - certes équivoque - qui la fait jouir...

... Comme jamais auparavant ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme tu t'en doutes sûrement, c'est un film qui a fait couler beaucoup d'encre au Québec. Aussi parce que des connaissances m'ont raconté que c'était une satyre à peine déguisée du milieu universitaire québécois en général et de l'UQAM (Université du Québec à Montréal) en particulier...

Erik A. a dit…

Cher ami du Canada, je le sais. Mais au fait, si ça a fait couler beaucoup d'encre et que tu as quelques souvenirs, y compris sur cette scène précise, quelques mots de ta part, peut-être sur ce film ? Le ressenti des Québécois sur la fessée ? Ou autre ?

Stan/E. a dit…

Je viens de revoir le film, et évidemment, la scène en question....