26 juillet 2009

Un coup de raquette bien placé !

1129 - Paru dans le courrier des lecteurs du Chicago Sun-Times, en juillet 1960. Il y a près de 50 ans. Dans "Ask Ann Landers".

Une raquette de ping pong et la femme file droit…

"Chère Ann Landers, qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans la tête d'un mari qui pourrait bien justifier qu'il fesse son épouse au moins deux fois par mois ?

Il garde même une raquette de ping-pong en permanence dans la table de nuit de leur chambre à coucher, spécialement pour ça !


Il se trouve que l'épouse en question... est ma sœur !


Elle m'a confié que ça a commencé au moment de leur lune de miel en mai dernier. Je n'avais jamais entendu parler de ces pratiques et croyez-moi, je suis choquée.

Est-ce que cet homme ne serait pas un malade mental ?


Le plus incroyable est que ma sœur le défend, prétend que c'est un gars bien, admettant même qu'au fond, elle mérite les fessées qu'il lui donne !


Je suis perplexe, avez-vous des explications sur ce sujet… "Simplement choquée"


Et la réponse d'Ann Landers, responsable du courrier des lecteurs:

"Chère "Simplement choquée", évidemment qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec ce bonhomme…

Mais avant que vous ne filiez lui réserver une cellule capitonnée à Sainte Anne, laissez-moi vous suggérer d'en retenir deux ! Parce que votre frangine est elle aussi joliment zinzin !


Les hommes qui aiment ainsi infliger de la douleur aux femmes sont des sadiques et la limite entre donner la fessée et violences conjugales est extrêmement mince.


Les femmes névrosées qui ressentent le besoin d'être ainsi punies semblent attirer ce type de cinglés.

Vous dites que ça a commencé dès leur lune de miel ?

... À vous lire, je parie qu'il lui cinglait déjà les fesses avec sa ceinture bien avant leur arrivée à l'église !"


Ann Landers est une signature commune regroupant plusieurs femmes du journal, un nom de plume très connu outre-Atlantique.

C'est une institution américaine depuis plus de 65 ans...

Celle qui sous le pseudo fait cette réponse directe - que je pense qu'on pourrait lire de nos jours dans les mêmes termes sans l'ombre d'une hésitation - est Esther "Eppie" Lederer photographiée ici en 1961.

5 commentaires:

Kean a dit…

Superbe travail,

j'avais l'intention de publer sur Ann Landers (une mine...), mais je vais différer... et prendre cet article en référence.

Apsara a dit…

Elle a raison Ann Landers, nous sommes des névrosés...
Simplement, il reste plus aisé de percevoir les névroses des autres que les siennes, plus rassurant aussi de les mettre en lumière pour se croire soi même dans une normalité..
L'hypocrisie à l'état pur car d'une façon ou d'une autre, nous sommes tous des névrosés..et c'est pas moi qui l'ai inventé !

Stan/E. a dit…

Non, c'est vrai. Mais on se souviendra quand même q"Ann Landers" (en fait Miss Lederer) écrivait ça il y a 50 ans dans un journal bien pensant de l'Amérique profonde, au temps de Kennedy... Elle ne pouvait pas justifier la fessée donnée et encore moins que celle la recevant ne s'en plaigne finalement pas tant que ça, induisant une dimension "plaisir et érotique" diffuse...

... mais bien présente.

Apsara a dit…

Ok, je tiens compte de ce contexte, simplement tout à chacun reste victime, ce jour encore, des moeurs bien pensantes de la culture, la société en somme, avec laquelle il doit communier. Je parle d'une hypocrisie qui est parfaitement d'actualité, qui se décline au fil des âges (au grès du temps, cher hôte)....

Erik A. a dit…

"... Neurotic women who feel the need to be punished..." dit très précisément Lander. J'ai traduit pas "névrosées", mais est-bien la nuance ? J'ai l'habitude d'adapter plus que de traduire au mot près, les textes anglais. En gardant le sens évidemment, mais plus "écrit" que du mot à mot... Ou pire, une traduction "mécanique" Altavista ou Google...

Je partage par ailleurs, chère Apsara, votre avis sur la question. Mettre en exergue les névroses des "autres" est une façon de se placer dans la normalité...

Et à ce titre, je suis névrosé à mort !