19 avril 2010

D'un motel US jusqu'à Théroigne...

1632 - Et une de plus sur les genoux de l'ami Greg.

Cette fois, c'est une certaine Brianna Beauty, jeune femme rémunérée et consentante pour ce petit jeu qu'il exerce depuis des années sur le même canevas - et dont il m'envoie des images ainsi qu'un petit teaser pour que j'en fasse écho selon mes envies - qu'il est ici question...

Comme toujours, des starlettes, des stripteaseuses, des étudiantes même, sont passées par ses mains pour un petit "sketch filmé" avec une finalité toujours identique parfois réjouissante... Les photos qu'il prend sont en général bien cadrées et pas désagréables.

Il me semble qu'il propose environ 500 dollars par prestation.

Vous pouvez toujours relire ce qu'il m'expliquait de son business il y a quelques années...

Il en profite pour me demander si je connais Théroigne de Méricourt dont il vient de découvrir l'existence dans un livre. Oui, la fessée pendant la Révolution Française...

Tu parles si je connais. Depuis Guy Breton, quand j'avais treize ans...

"I've been reading about a number of public m/f and f/f disciplinary spankings that occurred during your country's revolution some 200 plus years ago. I would imagine that you're already quite familiar with the notorious Palais Royal and Anne Josephe Theroigne de Mericourt episodes, I certainly was.

I've just recently read an interesting account of the 1793 storming of the "Paris Jacobin club", of which I was not familiar however. It would seem that in the course of this affair, a number of Jacobin women were dragged from the gallery and publicly spanked on their bare bottoms.

More humane than the guillotine, to be sure, and a lot more fun methinks

The sordid details are all in a book by Francois Gendron entitled "The Gilded Youth of Thermidor"..."

En 1793, le peuple prend l'habitude de déculotter les femmes politiques suspectes à ses yeux pour leur administrer une fessée déculottée en place publique. Coutume curieuse qui n'a plus court de nos jours...

Qui a dit "dommage..." ?

Cet épisode qui fut même repris dans un téléfilm de la série "les jupons de la Révolution - Théroigne de Méricourt, l'amazone rouge" avec Olivia Brunaux dans le rôle-titre.

L'actrice reçut donc la fessée pour le compte à la toute fin du film devant l'objectif de la caméra du metteur en scène Miguel Courtois exactement comme c'est narré dans les pamphlets de l'époque.

Y compris l'intervention de Marat qui la tira de griffes des femmes Jacobines dans un sale état, troussée, jupons déchirés, joues confites de larmes et les fesses rouges, marquées à grands coups de battoir à linge...

La vraie Théroigne qui était quand même une sacrée salope et une authentique hystérique déjà bien atteinte dans ces années-là fut internée pour démence à la suite de cet avatar.

Dommage que son entourage ne s'en soit pas rendu compte plus tôt...

Photo "Brianna" © BBF

22 commentaires:

correact a dit…

Dans "Histoire des Françaises" La Révolte d'Alain Decaux à la page 225.
-Le 15 mai 1793,vêtue comme à l'accoutumée d'une amazone écarlate et d'un panache noir, Théroigne se présente dans l'enceinte de la Convention. Les tricoteuses qui veillent aux portes lui barrent la route. Plus altière, plus "grande dame" que jamais, Théroigne leur tient tête. Pour ces femmes-là, elle n'a que mépris, et elle le dit sans barguiner. Tout à coup, quelques commères se jettent sut la "brissotine". Riant aux éclats, elles l'immobilisent, lui soulèvent les jupes et lui administrent une mémorable fessée. Une petite foule fait cercle en criant de plaisir. De cette humiliation publique, Théroigne ne se remettra point.

Stan/E. a dit…

@ correact: il y a plusieurs versions je préfère de loin les écrits moins "comme il faut" de Breton qui raconte ça avec plus de verdeur.

Ceci posé, c'est assez abject, cette humiliation. Ce sont des époques lointaines, certes, où la vie n'avait pas la même importance...

Mon ami Greg dit que la fessée c'est mieux que la guillotine, le souci est que souvent, comme pour Olympe de Gouges, c'étaient les deux...

Le Proprio de N. a dit…

500$ pour fesser ma femme !?
Je ferais bien d'arrêter de travailler et d'envoyer ma femme se faire corriger par un autre plutôt que de le faire moi-même !

Stan/E. a dit…

@ PdeN: oui mais c'est juste une fois...

Stan/E. a dit…

Bon, en même temps, $ 500, c'est jamais que 372 €... Pas de quoi aller bien loin dans la vie avec si peu, surtout une seule fois.

N. a dit…

Ouf, Il aurait été capable de m'y envoyer tous les jours.

petite française a dit…

Malheureusement, je dois vous avouer que là, je suis consternée.

Théroigne était une des premières féministes, femme d'esprit fréquentant le Palais Royal avec d'autres intellectuels, lieu de débauche tout autant que creuset intellectuel de la révolution. C'est pourquoi les femmes 'du peuple', qui sont beaucoup plus conservatrices qu'on ne le croit (et pas toujours intelligentes, après tout, les femmes sont des hommes comme les autres) n'ont pas accepté cette femme qui tenait tête avec brio aux hommes (à "leurs" hommes) assez couards et timorés au demeurant.

Alors oui, elles lui firent subir la fessée et, tout autant choquée qu'humiliée publiquement, Théroigne en devint folle (ou en veut nous le faire croire). Et fut internée pendant de très longues années. Et quand on sait les conditions d'internement à cette époque, on imagine l'enfer qu'elle a dû subir.

Son histoire est bien plus à rapprocher de celle de Camille Claudel que d'une nympho malade. Elle dérangeait, aussi bien hommes que femmes (surtout celles qui n'avait ni son intelligence, ni sa beauté).

Je ne crois pas du tout que Théroigne fut une authentique hystérique et j'aimerais bien que vous citiez la source en attestant.

D'ailleurs, c'est un peu facile de dire qu'une femme en colère est une hystérique. Alors qu'un homme en colère a du caractère !

Je crois qu'il faut bien séparer la fessée érotique de l'agression, voire de la mise au pilori ou de la torture.

Certains hommes humiliés ne sont pas d'ailleurs épargnés par la folie. Regardez/lisez à nouveau Laurence d'Arabie, vous verrez la folie sanguinaire qui s'empare de Laurence après avoir subi l'horreur de la torture et du viol. Seulement, comme c'est un mec, il peut lever une armée pour se venger.

L'évocation de ces humiliations publiques dont vous parlez travestit un fait sociologique. Mettre à mort une femme n'est pas si aîsément accepté, même en temps de révolution. Voilà poourquoi les hommes répugnaient à trancher les têtes des femmes et préféraient un châtiment humiliant certes, mais moins cruel. On "tue" bien plus volontier son père que sa mère, sauf à être un grand désaxé...
En d'autres temps, on a trouvé d'autres formes d'humiliation, par exemple en tondant les cheveux. Alors que les hommes étaient fusillés sans beaucoup d'état d'âme.

Sincèrement, je ne crois pas que vous auriez apprécié l'un ou l'autre des spectacles.

Savez-vous ce qui m'énerve le plus ? que des hommes érudits passent du temps sur un sujet aussi futile que la fessée au temps de la révolution, mais beaucoup moins à effectuer des recherches et à mettre en valeur l'apport des femmes dans les grandes mutations historiques et sociales, pour en remplir nos livres d'école.

B
(pff... le mot test est "felati", trop drôle)

Stan/E. a dit…

Oui, chère PF, je crois qu'il va me falloir revenir dessus, si je puis dire. j'ai rédigé ce billet en laissant sans doute quelques sous-entendus qui n'ont pas lieu d'être... Il se trouve que je connais plutôt la période de la Révolution et que j'aurais bien des choses à écrire sur la dame en question. Pour le reste, la lâcheté et la cruauté, nous sommes évidemment d'accord en grande partie sur le fond.

Mais faire de la Terwagne une femme d'esprit ou une de ces grandes héroïnes d'exception est une façon de transcrire son histoire que je ne partage pas, sources à l'appui...

On en recausera le temps que je m'y replonge...

Par ailleurs, le second degré reste présent dans ma façon d'en causer y compris dans mon cynisme. Je n'approuve pas ces façons de faire, mais nous parlons-là d'une égérie de la Terreur, pas d'une des religieuses qui furent elles-aussi fouettées en grand nombre sans que j'en éprouve - je vous rassure - la moindre excitation érotique ni autre chose que du dégoût et de la compassion...

Emma a dit…

je ne suis pas vraiment sûre de ça , mais il me semble que l'histoire citée par PF est plutôt celle d'Olympe de Gouges, non?

Stan/E. a dit…

@ Emma: absolument, c'est très possible. les deux se connaissaient mais c'est rien de dire qu'il y avait entre elles des différences notables, pour le moins.

petite française a dit…

Non, l'histoire d'Olympe de Gouge bien qu'il y ait des similitudes, est sensiblement différente. Olympe est morte guillotinée !!

Théroigne a échappé à la guillotine parce que son frère l'a faite interner.

Je ne crois pas qu'Olympe ait subi l'opprobe de ces consoeurs, même si elle a souffert de la misogynie, en particulier celle de ses amis révolutionnaires pourtant heraults de la liberté !

Olympe de Gouge était peut-être davantage dans la réflexion et la politique, alors que Théroigne était dans l'action.

L'une utilisait sa plume alors que l'autre galvanisait les foules, souhaitant même créer des bataillons de femmes ! Bref deux personnalités bien singulières au destins étrangement parallèles.

L'histoire de Théroigne de Méricourt est relatée par E Roudinesco dont le livre vient d'être réédité.

Voyez vous, ce qui m'a le plus contrariée dans votre évocation ce sont les termes de "sacrée salope et authentique hystérique déjà bien atteinte". Une femme qui revendique sa liberté sexuelle (entre autres choses), en particulier en pleine révolution, est dont irrémédiablement une salope hystérique, une malade dévoyée ?

Si vous, au XXIè siècle, pensez cela, j'imagine ce que cela a pu être à cette époque !
Et, si vous me permettez bien que je ne crois pas que vous soyez aussi machiste que cela, j'y lis aussi le reproche machiste trop souvent fait aux féministes plus contemporaines.

une femme est une salope si elle affirme une sexualité libre, alors qu'un homme est un héros... pas très subtil.

Bon, remarquez, j'aime bien (beaucoup ?) être traitée de salope. mais ça dépend des circonstances.

B

Stan/E. a dit…

Chère PF, la phrase qui vous chagrine ne concerne QUE Théroigne. Oui, je connais l'œuvre de réhabilitation et les thèses que certains historiens font de cette femme. J'ai lu bien d'autres choses depuis près de 40 ans, tout en faisant - n'en doutez pas - la différence avec le portrait pamphlétaire créé par les Royalistes de l'époque qui voulaient en faire une sorte de gorgone démoniaque.

Vous citez Roudinesco, (une femme, tiens) j'en ai lu d'autres, innombrables qui vont dans un sens opposé et c'est la majorité.

Des gens sérieux.

Des Decaux, Castelot et autres ont aussi parlé de cette figure de la Révolution. Mais c'est aussi une façon de faire parler de soi que de sortir des livres à l'opposé de ce qui a été dit pour faire parler...

Pour autant, sa présence a été avérée lors de massacres, et elle fait partie de ces opportunistes qu'on trouve dans tout mouvement de foule, cette "bête fauve" qui se permet tout, portée par une légitimité du nombre.

Je ne veux pas réécrire l'histoire, je n'en ai pas les capacités, à ce titre on peut noircir ou innocenter tous les sanguinaires, faire de Pol Pot, Hitler ou Staline des libérateurs de Peuple ou de réelles ordures selon sa façon d'axer le sujet. Ce sont évidemment des exemples extrêmes.

Théroigne est femme dans une époque troublée, mais ça ne suffit pas pour en faire une "féministe trahie par les hommes" ou une humaniste broyée par le machisme. Encore moins un symbole de la Révolutionnaire"...

D'autant que ce sont des femmes qui l'ont le plus humiliée en ce jour funeste.

Il y a eu tant et tant d'excès, de meurtres et de règlements de comptes comme dans toutes les périodes troubles qu'il faut prendre la distance nécessaire sur l'Histoire.

Je reconnais bien volontiers qu'on a probablement en son temps monté des dossiers à charge sur cette femme, mais elle a aussi du sang sur les mains et ne peut être blanchie comme si d'un coup on effaçait tout ce qu'elle a pu apporter de négatif...

Quand à "salope" et "hystérique", ce sont des mots à prendre là encore avec le recul que vous me connaissez par ailleurs. Je ne doute pas que me lisant comme vous semblez le faire, vous soyez à même de déceler l'ironie et le cynisme que je professe parfois, tout en appelant un chat un chat. Ou une chatte.

La prétendue "hystérie" des femmes a fait l'objet d'ouvrages médicaux très sérieux (qu'on relis avec horreur ou délice) au 19eme siècle, et c'est en le replaçant dans le contexte qu'il faut le lire.

Même si pendant les mouvements de foule on accomplit des choses parfois terribles, porté par l'excitation. Et rien d'érotique dans ce terme ni dans la fessée que lui donnèrent les femmes parisiennes.

Enfin, il faut voir qui était derrière tout ça...

Et je suis tout, sauf macho... Excepté quand je fesse.

Anonyme a dit…

Interessants comentaires. Et instructifs. Mais je doute quand même, à moins de remonter dans le temps, qu'on sache un jour la vérité...

Stan/E. a dit…

Cher(e) anonyme, Pas de commentaires anonyme, de grâce. Sinon, oui, vous avez raison. Malheureusement pas de machine à remonter le temps pour "savoir" avec certitude. Restent les livres...

Anonyme a dit…

Je crois mais j'en suis pas sûre que dans blogger, tu as la possibilité de refuser les commentaires anonymes...

Stan/E. a dit…

@ Céline, c'est possible, mais je ne me suis pas penché sur le cas. En fait je souhaite des commentaires signés avant tout parce qu'ainsi le dialogue peut se poursuivre avec des gens "identifiés", fût-ce par un pseudo.

J'ai retiré la validation décalée (sans d'ailleurs avoir de souci pour le moment), permettant aux lecteurs de poster mais il arrive que certaines (Cérès, Emma pour ne citer qu'elles) écrivent sans mettre de pseudos, pas intentionnellement mais par oubli, appuyant sur "envoyer" trop vite.

Il arrive aussi qu'un commentaire anonyme soit intéressant, je le laisse alors, même s'il est dommage de ne pas mettre un nom que l'interlocuteur/trice qui a pris la peine de le poster...

Emma a dit…

Eh, oh!! je proteste: je n'ai plus fait de commentaires anonymes depuis... je me rappelles même plus!
c'est pas beau de médire comme ça. Vraiment , ça me déçoit beaucoup!

Anonyme a dit…

T'as raison de protester Emma, en plus je trouve que Stan dénonce facilement :D

Stan/E. a dit…

@ EmmaLine ou CeliMa: ne soyez pas déçues, je ne dénonce pas, j'explique... Mais Emma a raison, depuis un moment, elle prend le temps de relire avant d'appuyer sur le bouton envoi.

Notre amie Cérès envoie en anonyme aussi mais signe à la fin ce qui me permet de faire un copié-collé et de les repasser avec son pseudo cette fois, pour plus de lisibilité.

Mais j'ai bien conscience que c'est de la cuisine interne.

Emma a dit…

Roohh!!! je vous ai expliqué plein de fois que "quelque chose " clochait dans votre système! quelle mauvaise foie!
Y a des fessées qui se perdent là, je vous le dis tout net!
Elle est où Aquarelle quand on a besoin d'elle?

Stan/E. a dit…

non, Emma, mon foie va bien. Et puis je ne bois pas. Ma foi, par contre est assez altérée.
Par ailleurs, ce n'est pas MON système et je ne suis pas responsable de ces petits échecs d'enregistrements qui ne nous empêchent de toute manière pas de nous parler.

De plus, je ne veux pas "d'anonyme" surtout pour éviter les fâcheux et ce n'est pas le cas ici, pas plus que je n'ai de robots spammeurs.

Même le fait d'avoir retiré la protection des commentaires "décalés" passés après validation n'a rien changé. Du coup ça publie et c'est la surprise ensuite...

Nush a dit…

Un article sur eux ce weekend dans le Figaro (ou Le Monde).
Vous êtes aussi intéressant -sinon plus!- que la lecture de cet hebdomadaire. :-)
La cul-ture il n'y a que ça qui m' intéresse.