La fessée avec un bouquet, j'avoue que je n'y avais pas songé... Pourtant, j'aime bien offrir des fleurs. On dirait que un room-service qui tourne mal et dont madame subit les conséquences... Il rigole, Kojak.
Je n'ose imaginer l'état du cul s'il a laissé les épines...
Il y a dans "l'image" de Jean de Berg (alias Catherine Robbe-Grillet) une jolie scène avec une rose. C'est un bouquin dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises depuis l'ouverture du blog, mais si vous ne le connaissez pas encore, trouvez-le, vous ne le regretterez pas.
Intelligent, troublant, sensible... Féminin, quoi.
Aussitôt interdit par la censure lors de sa parution aux Éditions de Minuit en 1956, le livre sulfureux - dont vous avez la couverture originale ci-contre - est précédé d'une préface... d’Alain Robbe-Grillet le mari lui-même, qui signa en guise de clin d'oeil très private joke des initiales P. R. pour Pauline Réage, l'auteur (là encore un pseudo) de la célébrissime Histoire d'O...
C'est une scène intense, un moment où le narrateur, Jean, voit lors d'une promenade dans une roseraie ensoleillée son amie la belle Claire installer sous la robe de la petite Anne (jeune fille qui est son "souffre-douleur" mais surtout son amante obéissante...) une fleur qu'elle vient de cueillir et dont elle n'a gardé qu'une épine "de maintien" pour la faire tenir dans la chair tendre de la fille.
Invisible sous la robe entre la peau et le porte-jarretelles... J'aime cet érotisme-là, je ne peux que vous engager à le lire. Je crois - parce qu'une amie a tenté récemment de le trouver - que le "J'ai lu" est épuisé, par contre. Restent les bouquinistes ?
C'est "pour lecteurs avertis". Mais vous l'êtes forcément déjà un peu...
Question: - "Évoquons si vous le voulez bien le rapport qu'entretient l'Image avec Histoire d'O: la préface du livre a d'abord été attribuée à Pauline Réage, puis aux initiales P.R.
En réalité, c'est votre mari qui a préfacé le livre.
Qu'a représenté pour vous l'Histoire d'O ? Est-ce que ce livre vous a également autorisé à écrire comme Emmanuelle Arsan ?"
En réalité, c'est votre mari qui a préfacé le livre.
Qu'a représenté pour vous l'Histoire d'O ? Est-ce que ce livre vous a également autorisé à écrire comme Emmanuelle Arsan ?"
Catherine Robbe-Grillet: - "Oui, bien sûr, c'est un texte fondateur. Évidemment, pour Emmanuelle Arsan et pour un grand nombre d'auteurs.
Mais il y a une différence essentielle entre Histoire d'O que j'admire, et l'Image, que j'ai écrit: ce sont des fictions mais Histoire d'O n'est en aucune façon réaliste tandis que l'Image se veut réaliste.
Cette fiction peut se vivre. À l'époque, c'était une fiction et postérieurement, j'ai eu à cœur de la vivre.
Le livre de Réage reste dans l'imaginaire. Réaliser de l'imaginaire, c'est au contraire le mettre en danger, c'est se mettre en danger..."
Mais il y a une différence essentielle entre Histoire d'O que j'admire, et l'Image, que j'ai écrit: ce sont des fictions mais Histoire d'O n'est en aucune façon réaliste tandis que l'Image se veut réaliste.
Cette fiction peut se vivre. À l'époque, c'était une fiction et postérieurement, j'ai eu à cœur de la vivre.
Le livre de Réage reste dans l'imaginaire. Réaliser de l'imaginaire, c'est au contraire le mettre en danger, c'est se mettre en danger..."
Question: - "L'Image peut-il être considéré comme un scénario suivi de son application ?"
Image © ?
3 commentaires:
Vous en parlez si bien, soulevant notre curiosité, que vais devoir commander l’édition brochée.
Intrigant de savoir que l’écrivaine a souhaité produire un récit que, probablement, elle aurait envie de vivre. Dont la « réalité » était une composante.
En général on écrit plutôt sur des pratiques, sur des circonstances vécues et qu’on souhaite les partager ; là c’est clairement autre chose. Comme si écrire pouvait rendre possible. Intéressante démarche ; encore plus lorsqu’elle évoque sa réalisation. La certitude de l’acte.
Ne l’ayant pas lu je peux difficilement évoquer mon ressenti face au texte mais, le récit de la rose, attachée avec une épine, m’émeut particulièrement. C’est sensible et d’une perversité absolue.
@ Nush: comme je vous connais un peu, je gage par avance que ce livre vous plaira. C'est vrai que l'extrait d'interview donne un jour nouveau à la lecture auquel je n'avais pas prêté attention, jusqu'à ce que je le découvre. Je sais de la vie de C.R-Grillet ce qu'elle en a raconté, mais c'est un détail que j'ignorais. Ne pas perdre de vue que quand elle a écrit ce bouquin, elle avait... 24 ans !
"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas...", etc...
Je recommande ce livre. Voilà un moment que j'ai demandé à deux personnes qui me sont chères de lire les résonances qu'il contient... J'attends leurs réactions amusées ou troublées de se voir ainsi décrites...
C'est ça, parfois, un texte vous parle plus que de raison. C'est le cas ici où pour la première fois dans ma vie, l'Image est en train de réellement se dessiner sous mes yeux enthousiastes.
Et Jean, Claire et la petite Anne existent bel et bien...
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