10 décembre 2010

Promesse et attente - version Emma (8)...

2071 - Cette fois, c'est Emma qui a envoyé un texte pour mon petit défi. Elle n'a presque rien inventé, tout est vrai, sauf le "file dans ta chambre" et la gamberge sur la ceinture. (effectivement achetée trop petite...)

"File dans la chambre !"

Mais qu'est ce qu'il lui a pris de me dire ça ?

Et qu'est ce qui m'a pris d'obéir ?

Me voilà toute seule dans cette chambre à attendre qu'il monte à son tour... J'ai même pas eu droit au dessert ! Et pourtant... Un "cortège de desserts" ça fait pas rêver ça ?

Toute cette journée a mal commencé de tout façon: d'abord Melissa qui téléphone pour dire qu'elle peut pas venir faire la baby-sitter parce qu'elle elle malade et puis Lui qui décide que notre fils est assez grand pour remplir ce rôle. Grand, d'accord. Mature, c'est une autre histoire. Ça ne fait rien, tous les voisins sont au courant et sa sœur viendra passer la nuit chez nous...

Oui, mais quand même. De toute façon, j'avais pas envie de venir à son gala. C'est mortel, ce genre de truc: rien que des gens qui parlent boutique. En plus la plupart sont mariés entre eux, ça limite considérablement la conversation, vous pouvez me croire !

Mon problème c'est que je sais pas dire "non"...

Nous voilà donc partis pour la journée... et une nuit. Ben oui, parce qu'en plus, c'est pas la porte à côté et donc on dort sur place. À la dernière minute, il m'a demandé de passer "Au Lézard" lui acheter une ceinture... Dingue cette manie de faire me acheter ses vêtements ! Est-ce que je lui fais acheter mes culottes, moi ?

Et puis comme l'après midi est consacrée à une série de conférences (ne me demandez pas les thèmes, vous ne voudrez pas savoir !) me voilà toute seule, larguée dans la ville. 

"T'as qu'à faire les magasins" qu'il m'a dit. C'est vrai que j'aime pas ça moi, magasiner, mais là je suis tombée sur une super librairie, cinq fois comme Campo et j'ai pas vu le temps passer... J'suis arrivée en retard, il était furax. Déjà tout prêt et beau dans son costume bleu (c'est pas souvent qu'il met des costumes) mais furax. Pour le retard ("j'espère que t'as prévu une robe, au moins!") et puis parce que la ceinture est trop petite... Jamais content. 

Il manque juste un cran, en retenant sa respiration ça pourrait le faire mais il veut pas. Franchement, elle m'a paru super longue cette ceinture, à moi. Comment estimer une circonférence sur une longueur ? Difficile. L'avait qu'à l'acheter lui-même !

Et puis ce repas qui traîne, traîne... Une heure du matin et on en est juste au fromage. C'est pas que j'ai faim, les conversations autour de moi me couperaient plutôt l'appétit. Mais il paraît qu'ils ont un "cortège de dessert"…

Je m'ennuie. Tiens, je suis même prête à y renoncer, au dessert !

Il m'avait promis qu'on se coucherait tôt pour rentrer chez nous de bonne heure demain... Et il reste sourd et aveugle à mes incitations à lever le camp. Je m'ennuie...

On est assis en vis-à-vis mais comme la dame à côté de lui est partie, il se décale d'une place pour discuter plus commodément avec son voisin, le légiste. M'en fous, j'en ai marre d'entendre parler d'autopsie de toute façon... Il est remplacé par un grand ponte d'un labo qui se lance aussitôt dans une discussion avec la voisine. M'ennuie !

Alors j'enlève ma chaussure, j'étends la jambe et du bout des orteils je caresse la cheville de mon mari, histoire de lui faire comprendre qu'on "pourrait peut-être passer à autre chose". Il ne réagit pas, le malotru ! Je remonte plus haut, le mollet, le genou et je m'aperçois que sa cuisse ne part pas du bon côté ! Je jette un coup d'œil atterré au grand type en face de moi et lui aussi me regarde, plutôt sévèrement. Oh la la ! J'ai très, très chaud. Je dois être écarlate !

 D'un coup, je repense à l'anecdote de Khorynn - vous vous souvenez - quand elle raconte la méprise d'une fille dans le métro et je me dis "Dieu merci, je n'ai bisouté ni léchouillé personne !", j'ai une envie de rire terrible qui monte, monte....

Et mon mari qui s'intéresse enfin à moi ! Juste quand il ne faut pas ! Le grand type lui a laissé sa place et je lui raconte ma méprise à voix basse en hoquetant de rire. Il rigole pas du tout, lui. Et c'est là qu'il me dit "file dans la chambre !"

Ça calme.

Je suis là toute seule dans la chambre en attendant qu'il me rejoigne... Ah, ça ne lui ressemble pas de me faire un coup pareil. La ceinture trop petite est toujours là et je la fais glisser entre mes doigts... Fine et plutôt raide encore... Frisson.

Non, il ne ferait jamais ça. Je me demande même comment je peux y penser, tiens ! Vous voulez que je vous dise un truc ? Tout ça c'est la faute de Stan ! Parfaitement ! À force de lire plein de choses décadentes sur son blog, il me vient de ces idées... invraisemblables.

Je ne l'ai pas entendu marcher dans le couloir, ni ouvrir la porte...

Les murs sont drôlement épais ici..."
Texte © Emma - 2010

4 commentaires:

Manioc a dit…

Excellent, le texte!... et odieux, le mari ! Je n'en voudrais pas un semblable.

Joy a dit…

J'ai adoré, franchement. Même si moi j'aurai fait exprès de prendre une ceinture trop petite pour lui apprendre à acheter ses vêtements lui-même.

Emma a dit…

Ah ! mais non , Manioc , il est pas odieux mon nounours! Juste un peu homme des cavernes , parfois, quand il est stressé, quand ça va pas comme il veut...mais , t'inquiètes, je me laisse pas faire!:D
L'histoire , je lui ai racontée dans l'ascenseur , en fait, et il a rigolé...un peu;D

Nush a dit…

Sauf qu’ils sont très minces. Partout dans ces hôtels vous aurez difficilement un affaiblissement acoustique correct. Minceur est la règle pour des raisons bassement matérielles.
Et je ne saurais expliquer pourquoi. Je dirais que la plupart des propriétaires d’hôtels doivent penser qu’on n’y fait rien d’autre que dormir. Et si possible sans ronfler...:-)
Belle histoire de minceur cinglante.