12 décembre 2012

Hors du temps quelques heures...

    2893 - "Assouvir une envie commune...et repartir !"

Sur le forum Discipline Domestique qu'il m'arrive de feuilleter, je retrouve un texte parmi d'autres. Celui-là, datant de 2008, est de Nush, une des "plumes" du site. J'ai la chance de la connaître, un peu. Souvenir d'un déjeuner et d'une après-midi sage ensemble au soleil de Nîmes. Et pas de malentendu, je ne suis pas le Paul du récit ci-dessous...

Au-delà de l'écriture d'une nouvelle que je sais vécue, une ambiance, une nostalgie...

Avez-vous vous aussi eu des instants comme ça, un peu "hors du temps" ? Dites-nous, après avoir lu cette jolie rencontre dans le Gard au cœur de l'été qui incite à la rêverie et à la nostalgie...

"C’était l’été et elle se sentait radieuse.

Elle connaissait cette envie curieuse qui la tenaillait à nouveau et devenait trop présente. 

Envie qu’un homme se penche sur elle. À nouveau.

Ils échangeaient quelques courriers électroniques sans grande tension. Justes, équilibrés. Et puis, Paul lui a proposé une rencontre. Il venait exclusivement pour elle. Parce qu’il en avait très envie. 

Elle en fut flattée. Accepter ou non ? Accepter et mettre un terme à ses infinies hésitations continuelles. Voilà. 

Alors, oui. Un "oui" dans l’été. Un "oui" parce que le "non" serait admettre toutes formes de certitudes. Elle aime avoir l’illusion du vacillement de sa vie, que tout ne soit pas si régulier. Parfois devenir "inconvenable". 

Elle est allée chercher Paul dans sa petite voiture, l’a pris au bord du chemin comme on prend un autostoppeur ou un aventurier. Homme charmant, souriant, visiblement moins intimidé que ce qu’elle aurait cru. 

Filer rapidement à cet hôtel qu’il avait réservé, ni luxueux, ni miteux. Un hôtel de petite ville. De campagne serait plus juste. Moment d’attente. Elle se sent incongrue, posée là. Elle qui la plupart du temps est dans l’action se sent inutile: que faire de ses mains, de son regard ? Elle préfère ne pas scruter les pièces, ça lui donnerait envie de fuir. Ni l’un ni l’autre ne savent s’ils sont là pour juste discuter... ou bien pour une fessée, juste.... 

Dans cette chambre minuscule, ils se jaugent. Savent qu’ils sont là pour quelques heures et qu'ils doivent les occuper. Aucun des deux ne sait vraiment ce qui va se passer, aucun d’eux ne sait déterminer exactement le temps qu’il faudra rendre à la fessée !

Ils discutent, un peu, leurs parcours, leurs vies. S’habituer à la voix, au regard de l’autre. Prendre un temps nécessaire. Paul a un regard doux, bienveillant. Elle s'est étendue sur le lit, à plat-ventre. Comment passer du bavardage lent à ce moment particulier et sensuel du déculottage ? 

Il déplie quelques feuilles et lui demande de lire ces pages imprimées. Les fautes de diction, les hésitations seront punissables. Pas de pré-lecture. Elle peut lire couchée mais c’est plus difficile. 

Elle choisit la difficulté. Et lit. 

Elle lit ces phrases qui alignent les mots étonnants, fleuris, longs et alambiqués. Elle oublie ce pourquoi elle lit, toute au plaisir délicieux de la lecture à voix haute, au ton, à la scansion. Elle finit la lecture, heureuse. 

Silence. Embarras soudain. Elle se tourne légèrement vers lui. Paul la regarde, étonné. Il ignorait d’elle ce don particulier de la lecture, du jeu oral. D'ailleurs il ne sait pas grand-chose d’elle. Sourires et rires partagés. 

Il sait trouver autre chose, dans une certaine chaleur qui est la leur, maintenant. Peu importe le pourquoi. Une fessée au rythme lent du silence alentour. La claque appuyée et soudaine. La chaleur. Celle de la chambre. Celle de sa peau. Le bruit qui se fait plus présent, insistant. 

Se laisser aller au rythme, à la douleur. Oublier ce qu’elle "est" et devenir chair brûlante. 

Embarras. Que faire de corps à demi-dévêtus ? Se rhabiller, se dénuder ? Choisir d’accomplir un rite de complicité et de tendresse, sentir la peau de l’autre et son odeur ? Se raconter un peu, encore ?

Les heures sont passées, elle doit partir et lui aussi. Elle court vers la petite voiture. Elle l’attend. Il entre et s’assoit; elle lui sourit. Apaisée. 

Paul lui explique qu’il doit rentrer, inévitablement. Elle comprend. Et conduit l’aventurier sur le bord du chemin où elle l’a récupéré trois heures plus tôt. 

Ils se sourient sachant l’un et l’autre qu’ils ne se reverront plus."
Texte:  "Rendez-vous manqué" © Nush - 2008

3 commentaires:

Amandine a dit…

Tu me fais sourire, tu me fais rire
Pour une heure, pour un jour, pour la vie
Nous sommes ensemble et peu importe
Tes yeux pétillent, tes lèvres frémissent
Tes histoires m’amusent et me surprennent
Tu m’assois sur tes genoux, tes yeux m’interrogent
Le veux-tu ici, le veux-tu maintenant ?
Bien sûr que je le veux, avec toi je le veux
Tu me penches, tu m’allonges sur tes genoux
Le veux-tu encore, en es-tu sûre ?
Bien sûr que je le veux, tu le sais bien
Elle sera forte et longue, tu me préviens
Je frissonne, je tremble, je la veux
Commence, je te supplie, commence
Tu me caresses, tu prends ton temps
Mes jambes se meuvent et tu me grondes
Commence, je t’en supplie, commence
Tu souris et tu me grondes, je n’en peux plus
Ta main se lève, enfin elle me frappe
Je me sens bien, je me sens mieux
Mais tu me réprimandes, tu me grondes
Je frissonne, je te déteste, je t’aime
Ne m’en veux plus, je t’en supplie, je t’aime
Tu me prends dans tes bras, enfin, je t’aime
Tu caresses mon visage, tu me souris, tu m’aimes
Tu m’enlaces, tu m’embrasses, tu m’aimes
Pour un jour, pour une semaine, pour la vie
Peu importe, nous nous aimons, peu importe…

Stan/E. a dit…

Un fort joli texte. Merci de nous l'offrir ici, dans mes pages...

Lancelot a dit…

Le texte de discipline domestique comme celui d'amandine sont de ceux qui me font rêver. Oui, Tout simplement.